Ce symposium porte sur le champ de la protection de l'enfance. Il vise à présenter des recherches conduites dans le cadre de doctorats, et portant sur le placement en institution. La spécificité de ce symposium réside dans la complémentarité et la diversité des travaux menés, chaque participante menant sa thèse dans des disciplines différentes: sociologie, sciences de l'éducation et géographie. Au travers de ce symposium, les participantes souhaitent démontrer qu'au-delà de leurs disciplines et de leurs cadres de références théoriques, il existe des similitudes dans leurs travaux. Sur le plan méthodologique, toutes revendiquent la nécessité de partir du discours des acteurs pour produire des connaissances. Sur le plan des finalités de leurs recherches, toutes s'accordent également sur les qualités plurielles des connaissances ainsi produites, celles-ci pouvant tout autant être scientifiques, qu'utiles pour l'action et mobilisables par les acteurs.

Pourtant, produire des connaissances avec le concours d'établissements et de services en protection de l'enfance n'est pas simple. Ces derniers « s'offrent » au chercheur, lui permettant ainsi d'avoir accès à un terrain et à des savoirs qui ne lui sont pas autrement accessibles. S'instaure par là-même une relation de don, du terrain vers le chercheur, qui se prolongera en contre–don, du chercheur vers le terrain. Au travers de ce contre-don se joue la légitimité de la posture du chercheur : pouvant être pris dans un conflit de loyauté, il ne doit pas trahir sa qualité scientifique. De plus, il est de sa responsabilité de s'interroger sur la restitution et sur la diffusion des résultats, en considérant notamment que pour le terrain qui lui a ouvert ses portes, elles représentent un enjeu de communication et d'image qu'il convient de mesurer et de prendre en compte. Ces connaissances, pour être diffusées et utiles, se doivent tout autant d'être validées par la communauté scientifique que d'être accessibles au terrain. Ainsi nous posons la question suivante: «comment peut-on concilier la production scientifique avec celle utile pour l'action? »

En cherchant à répondre à cette question, ne serait-il pas d'ailleurs possible de se questionner sur la nature du processus de recherche ? En effet, dans la mesure où il suscite des réflexions chez les acteurs qui y prennent part, il apparait comme étant déjà en lui-même producteur de savoirs. Puisqu'il occasionne parfois également des changements dans les pratiques des professionnels, il se révèle également pouvoir être créateur de savoirs faire. De ce point de vue, il constitue selon nous une première étape, distincte et préalable aux résultats scientifiques terminaux de la recherche, sur laquelle il se convient de se pencher. C'est pourquoi chaque intervenante au cours de sa présentation de 20 minutes, en exposant ses recherches et leurs résultats, questionnera également les effets du processus de recherche.

Sarra Chaïb, en prenant appui sur son travail doctoral qui s'intéresse à la construction des modes d'identifications des enfants placés à partir de leur dimension individuelle et institutionnelle, ouvrira la porte des réflexions en se demandant,quelles connaissances sont mobilisables pour l'action.

Ensuite, Stéphanie Maj, présentera son travail de thèse qui s'intéresse aux modalités de maintien des liens parents-enfants et à l'exercice et la pratique de la parentalité des parents d'enfants placés, notamment au regard du type de structure et des pratiques des professionnels. Son approche qualitative qu'elle nomme aussi participative l'amènera à se questionner sur la place donnée aux usagers dans le processus de recherche et ainsi à évoquer leur rôle dans la production de connaissances nouvelles.

Fleur Guy, dont la thèse porte sur les rôles des déplacements et de la mobilité des adolescents en contexte de placement, questionnera la manière dont les enquêtes peuvent mobiliser les connaissances produites, en insistant sur l'importance du positionnement du chercheur sur et avec ses terrains d'enquêtes.

Nous terminerons par Amélie Turlais qui soumettra une première réponse à la question qui anime ce symposium, en faisant la synthèse des différents enjeux qui auront été soulevés par avant. Elle sera aussi celle qui introduira le symposium et les différentes intervenantes.