Contextualisation
Le terme de confiance est introduit en 2013 dans le référentiel des compétences des enseignants (BO 25 juillet 2013) : il est prévu pour le professeur d'« installer avec les élèves une relation de confiance et de bienveillance ».
Objectif
Cette communication s'attache à étudier la relation de confiance entre élèves et enseignants, en donnant la parole aux élèves, dans le cadre de la didactique clinique, articulant didactique et clinique psychanalytique.
Théorie
Apprendre consiste à prendre le risque de ne pas se contenter de ce qui est su mais d'aller vers l'inconnu.
Quelle place a la confiance enseignant-élève dans cette prise de risque que constitue le fait d'apprendre, notamment pour des élèves en difficulté ? Quelle place pour le savoir dans la construction de la confiance entre enseignants et élèves ?
Traiter la relation de confiance dans le cadre de la didactique clinique permet de renouveler l'étude des relations entre élève-enseignant et savoir au cœur de l'interaction didactique.
L'épreuve de l'enseignement a été étudiée pour des enseignants. Étudier l'épreuve du point de vue des apprenants est une nouvelle piste pour explorer le sens de l'épreuve de l'apprentissage, les choix opérés par l'apprenant et la question du transfert entre élève et professeur.
Question de recherche
Que disent les élèves de cette relation de confiance avec les enseignants prescrite par les textes officiels ?
Méthodologie
Le lycée professionnel a été choisi dans la mesure où il accueille des publics en difficultés d'apprentissage.
Trois élèves ont participé à un entretien d'une durée de 45 minutes environ. Nathan et Théo sont des élèves de 1ère en filière industrielle. Nathan prépare un Bac Pro Étude et Définition de Produits Industriels, Théo prépare un Bac Pro Systèmes Électroniques Numériques et Barbara est en Terminale en filière Hôtellerie en Commercialisation et services en restauration.
Résultats
Dès la première question, les élèves témoignent de leur expérience d'une relation de confiance avec des enseignants.
Il est question de relations humaines sans limiter l'élève à sa dimension cognitive : « c'est plus humain » (Théo) ; « elle nous voit pas comme des élèves » (Barbara) ; « comme une personne vivante quoi on n'est pas des machines » (Nathan).
Dès le début de l'entretien, les élèves associent la confiance avec la question de la transmission. L'enseignante digne de confiance est pour Barbara celle qui par sa présence attentive facilite les apprentissages : « elle nous apprend plus de choses si on l'écoute elle va nous expliquer tout comme on doit faire si on comprend pas elle va nous expliquer jusqu'à qu'on comprend elle sera là pour nous ».
La didactique clinique me permet de travailler la question du savoir en jeu et de la subjectivité des protagonistes de la relation didactique au travers du concept de rapport à l'épreuve. Ma rencontre avec une équipe pluridisciplinaire (sciences de l'éducation, philosophie, psychologie) m'a amené à réorienter ma réflexion en incluant la notion de confiance dans le cadre des relations professeurs-élèves. Je chercherai à comprendre comment nous composons avec cette multiréférentialité.
Références bibliographiques
Périer, P. (2008). La réaffiliation scolaire d'élèves de lycée professionnel. Contributions à une analyse des pratiques enseignantes dans les classes difficiles. Carrefours de l'Éducation, 26 (2), p. 215-228.
DOI : 10.3917/cdle.026.0215
Rousseau, N., Deslandes, R., Fournier, H. (2009). La relation de confiance maître-élève : perception d'élèves ayant des difficultés scolaires. McGill Journal of Education / Revue des sciences de l'éducation de McGill, vol. 44, 193-211.
URI: http://id.erudit.org/iderudit/039032ar DOI: 10.7202/039032ar
Virat, M. (2014). Vers une conception de l'élève-sujet : la relation enseignant-élève en dispositif-relais. Éducation et socialisation, 36, le sujet dans les éducations à ... Disponible en ligne http://edso.revues.org/1010