4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Violence et famille : place des parents dans le repérage ou la prévention des actions cyber violentes
Seraphin Alava  1, *@  
1 : UMR EFTS, Université Toulouse Jean-Jaurès
Université Toulouse Jean Jaurès
* : Auteur correspondant

 

Les jeunes développent des usages numériques autonomes dans le cadre de leurs loisirs. La maison est alors un des lieux où ces usages se déploient aussi bien comme une pratique personnelle intime et culturelle que comme une pratique scolaire ayant un impact positif ou négatif sur l'activité scolaire. Au sein de la famille, la place et l'autonomie vis à vis de ces pratiques sont des enjeux familiaux sous-jacents mais peu exprimés. Au cours d'une recherche portant sur 645 jeunes de collèges et de lycées et 124 parents, nous avons examiné les modes d'accompagnement et de médiation qui se nouaient dans la famille autour du développement des usages numériques des jeunes. Nous avons alors plus particulièrement travaillé deux pratiques contrastées : les usages cyber violents et les processus de radicalisation numériques des jeunes. Le développement d'usages numériques autonomes des jeunes a une dimension sociale non négligeable. Les pratiques numériques ont une dimension affective et émotionnelle très forte mais aussi éducative. Dans cette étude, nous avons volontairement focalisé notre regard sur les pratiques violentes que cela soit par l'utilisation du net pour des pratiques de cyber agression ou l'utilisation des réseaux dans une démarche active de focalisation des recherches d'informations et de dialogue dans le domaine de la radicalisation. L'espace de la chambre, l'espace intime des relations téléphoniques deviennent alors un espace de déploiement d'une éducation négative où le jeune apprend ou s'apprend les « mauvaises choses ».

Nos travaux prennent en compte l'approche de l'apprentissage social de Ronald L. Akers (1973) appliqué au comportement criminel et non-criminel et permettant de replacer le comportement agressif dans une dynamique éducative et sociale ou les actes délictueux sont des signes d'une dynamique personnelle et interpersonnelle à analyser. Nous abordons la construction des actes cyber violents comme les résultantes d'un apprentissage sombre (dark learning) qui est construit dans « l'interaction réciproque entre les déterminants cognitifs, comportementaux et environnementaux » (Bandura, 1977) des espaces sociaux familiaux et numériques. Dans la construction des savoirs violents ou délictueux (qui correspondent à des actes socialement identifiés comme des délits), le jeune s'isole de la famille et s'identifie à des pairs, porteurs pour lui des signifiants de l'autorité éducative. Le média devient alors un espace d'apprentissage concurrent des autres espaces d'éducation (Anderson, Gentile et Buckley, 2007). À travers une approche quantitative (questionnaire) et une approche qualitative par entretien et suivi de 12 cas spécifiques, nous avons voulu caractériser les variables actives dans l'émergence des actes de cyber agressions chez les jeunes et décrire les processus sombres et souvent cachés de formation de ces jeunes. Nous avons ensuite utilisé la méthodologie statistique (SPSS) en analysant les corrélations et les régression logistique pour mesure les Odds ratio (Rapport de chance) existant entre les variables. Ce travail sur les usages numériques interroge une question essentielle "Comment les jeunes apprennent-ils les "mauvaises choses" et/ou développent des usages numériques dangereux ? Il aborde donc un élément très peu abordé dans l'espace de la recherche francophone en éducation, qui relève tout spécialement de la sociologie de la violence et de la criminologie. Les comportements dangereux, agressifs ou extrêmes résultent de processus éducatif non formels et informels que la recherche n'explore que très peu.

  • Akers, R.L. & A.L. Silverman. (2004). Toward a Social Learning Model of Violence and Terrorism. In M. Zahn, H. Brownstein and Shelly Jackson (Eds.), Violence: From Theory to Research (pp. 19−35). Cincinnati: LexisNexis and Andersen Publishing.

  • Arriaga, X. B. & Foshee, V.A. (2004). Adolescent dating violence: Do adolescents follow in their friends', or their parents', footsteps? Journal of Interpersonal Violence,19(2), 162−184.
  • Daigle, L.E., Cullen, F.T. & Wright, J. (2007). Gender differences in the predictors of juvenile delinquency: Assessing the generality-specificity debate. Youth Violence and Juvenile Justice, 5(3), 254−286.

 

 



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