Le contexte français est particulièrement ambigu en ce qui concerne la prise en compte de la diversité culturelle des élèves. D'un côté les prescriptions ont introduit des chapitres qui peuvent se justifier par cette diversité, soit officiellement soit du point de vue des enseignants ; de l'autre les finalités de formation d'un citoyen universaliste et la tradition d'indifférence aux différences vont plutôt dans le sens d'une séparation entre les identités et mémoires familiales des élèves et l'enseignement de l'histoire. Partant d'un chapitre des programmes de 2008 sur l'histoire de l'immigration en France et des justifications données par certains à l'étude de civilisations non européennes, la communication s'attachera à montrer que les contenus proposés par les manuels n'ouvrent guère sur la pluralité des sociétés actuelles ou passées, et que les rôles des immigrés, des africains réduits en esclavage et la présentation faite de l'islam et de l'Islam dans ces manuels sont profondément ethno-centrées.

Ceci peut s'expliquer par le fonctionnement de la discipline scolaire : les modèles interprétatifs construits par Audigier dès les années 1990 et Tutiaux-Guillon dans les années 2000 en rendent assez bien compte. Le choix d'un texte du savoir consensuel, le souci de limiter la complexité au profit d'un plain-pied au monde, le refroidissement consécutif des questions socialement vives, pèsent sur les savoirs scolaires que l'on peut inférer des manuels. L'absence d'une demande consistante, de la part du ministère et des enseignants, autour de ce qu'il conviendrait de travailler avec les élèves pour favoriser à partir de l'histoire scolaire une réelle éducation à la diversité ne permet pas une véritable évolution. Pourtant les recherches en didactique de l'histoire, depuis plus de dix ans, ont montré que cette discipline pouvait contribuer à une découverte de l'altérité et de la diversité des sociétés, et comme telle à la fois informer les élèves et les former à considérer cette diversité comme un fait social pérenne avec lequel il est nécessaire et fructueux de vivre.

Mots-clés : diversité ; enseignement de l'histoire ; altérité ; discipline scolaire

Références bibliographiques indicatives

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