Dans un paysage éducatif très scolaro centré, les dispositifs hors classe émergent et viennent investir le temps libéré de la forme scolaire. Ces dispositifs sont souvent étudiés en opposition aux dispositifs de classe. De nombreuses recherches traitent séparément le domaine formel et les domaines non-formels et informels et, alors que Marcel (2014) conteste « la pertinence d'une disjonction entre l'éducation et l'instruction », la hiérarchie entre la fonction d'instruction et la fonction d'éducation est toujours présente. Pourtant, la vie de l'élève se découpe en plusieurs moments et se vit dans différents espaces avec plusieurs types d'acteurs éducatifs. À côté des temps de classe s'organisent des temps de vie scolaire.

Problématique :

Or, la mobilisation des dispositifs hors classe apporte un éclairage différent sur l'organisation générale des établissements et apporte une réponse complémentaire à certaines formes d'apprentissages. Ils peuvent, en fonction des stratégies souhaitées par les concepteurs et les postures adoptées par les animateurs de ces dispositifs, proposer un « espace potentiel » (Belin, 2001) d'apprentissages formels avec des dispositifs proches de la forme scolaire, mais aussi des apprentissages non formels avec d'autres formes de dispositifs.

À la suite de nos travaux de recherche, cette contribution s'attache à dépasser la dichotomie entre la classe et le hors classe, entre l'éducation formelle et l'éducation non-formelle pour envisager l'établissement de façon globale. Aussi, en l'envisageant de la sorte, est-il possible de considérer l'établissement comme un macro-dispositif d'éducation et d'instruction ? Ou doit-on considérer l'établissement comme un territoire éducatif (Marcel & Aït-Ali, 2016) non partagé par les différents acteurs éducatifs et envisager deux macro-dispositifs : un macro-dispositif de vie scolaire et un macro dispositif de vie de classe ?

Contexte de la recherche :

Cette contribution s'adosse donc à notre travail de thèse qui a pour contexte les lycées agricoles. En raison de leur organisation, ces établissements proposent des passerelles entre les dispositifs de classe et les dispositifs hors classe notamment au travers des professeurs documentalistes et des professeurs d'éducation socioculturelle qui nous a permis de mettre à jour des stratégies scolaires dans les dispositifs hors classe. 

Cadre théorique et Méthodologie :

En nous référant aux travaux de Foucault (1977) , Albero (2010) et Barrère (2013) nous envisagerons les dispositifs comme un cadre en tension entre deux stratégies, celle du concepteur et celle du destinataire et en nous appuyant sur les éléments empiriques récoltés privilégiant des méthodes à la fois quantitatives (questionnaires), mais aussi qualitatives (entretiens avec les acteurs éducatifs, observation de terrain) nous proposerons à la fois une catégorisation des dispositifs hors classe et nous analyserons la distance que ces dispositifs entretiennent avec les dispositifs de classe.

Mais cette contribution s'intéressera aussi aux interactions entre les différents dispositifs, en convoquant notamment le concept d'intermédialité et le modèle de rhizome pour comprendre les connexions et comprendre comme la somme des dispositifs peuvent constituer un dispositif d'éducation globale, un macro-dispositif d'éducation. 

Bibliographie :

Albero, B. (2010). La formation en tant que dispositif du terme au concept. Technologie de l'éducation, 2, 47–49.

Barrère, A. (2013). La montée des dispositifs : un nouvel âge de l'organisation scolaire. Carrefours de l'éducation, (2), 95–116.

Belin, E. (2001). Une sociologie des espaces potentiels : logique dispositive et expérience ordinaire. Bruxelles : De Boeck Supérieur.

Foucault, M. (1977). Le jeu de michel foucault. Dits et écrits, 3, 298.


Marcel, J.-F. (2014). Une mission éducative distribuée au sein des établissements de l'enseignement agricole. Administration et Education, (142).


Marcel, J.F & Aït-Ali, C. (2016) La journée de l'enfant en France : un territoire éducatif partagé entre enseignants et animateurs. Presse universitaire de Laval. (à paraître).