4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Le choix du lieu dans la relation d'accompagnement : Quel bénéfice, quelle valeur dans le processus d'évaluation chez l'accompagnateur ?
Jean Yves Beroud  1@  , Christine Poplimont  1, *@  
1 : Apprentissage, Didactique, Evaluation, Formation  (UMR ADEF)  -  Site web
INRP, Université de Provence - Aix-Marseille I
CASE 49 3, Place Victor Hugo 13 331 Marseille Cedex 03 -  France
* : Auteur correspondant

Cette contribution propose d'interroger le choix du lieu dans le cadre du dispositif d'accompagnement de type coaching comme un élément signifiant d'une posture d'évaluateur.

Si l'accompagnateur/coach est un praticien de l'évaluation (Vial, Mencacci, 2007) et qu'il est « agi » par son système de références alors nous émettons l'hypothèse que le choix du lieu est un élément signifiant de sa posture. C'est-à-dire que recueillir du discours représentationnel sur le lieu nous permet de caractériser des postures de coach en tant qu'évaluateur. En effet, se revendiquer de la pratique de coaching ou d'accompagnement individuel ne dit rien de la posture d'évaluateur déployé en situation.

L'accompagnement professionnel est une pratique d'étayage au sein de la relation éducative (Vial, 2007). L'accompagnateur participe à l'orientation de l'autre en lui laissant des choix. C'est un partenariat où chacun tend vers ses buts. La problématisation est un processus caractéristique de l'accompagnement professionnel (Giust-Desprairies, 2003, p.29) et de l'évaluation située (Vial,2012). Dans la relation d'accompagnement, l'accompagnateur et l'accompagné problématisent, c'est-à-dire lisent (Ricoeur, 1986) et regardent le vécu et la pratique professionnelle sous différents angles dans la perspective de changer.

Le lieu «pratiqué» (De Certeau,1990,p.173) fait partie du contrat d'accompagnement : il « se déroule dans un espace-temps prédéfini, contractualisé » (Lenhardt, 2006, p.122). La question du lieu au sein de la relation éducative en coaching est un sujet pas ou peu traité proportionnellement à la littérature existante. Ainsi au sujet de l'accompagnement professionnel, la littérature scientifique nous précise que le lieu fait partie du dispositif de formalisation de la commande (Vial & Capparos-Mencacci, 2007) sans pour autant argumenter l'intérêt de la prise en compte du lieu et du choix du lieu dans le dispositif d'accompagnement.

Vial (2007), modélise l'accompagnement professionnel de type coaching au sein de la relation éducative entre guidage et accompagnement de sorte que l'accompagnement soit une pratique d'étayage et un processus, le but appartient à l'accompagné. L'accompagnateur permet de faire problématiser par le questionnement, s'ajuste et parie sur les possibles de l'accompagné. Le professionnel accompagne le changement potentiellement disponible présent chez le sujet. Cette conception du changement est mise en perspective avec « l'évaluation située » (Vial, 2012). Contrairement à Paul (2004), Vial théorise l'accompagnement à partir de l'évaluation. Il s'agit ici d'évaluer des processus et des dynamiques au sein d'un dispositif d'évaluation pour la problématisation des pratiques pensées dans l'herméneutique ou la dialectique. La posture de l'évaluateur est d'accompagner : « la problématisation est un processus caractéristique de l'accompagnement professionnel qui le différencie du guidage » (Vial, 2012, p.362).

Notre recherche s'intéresse à la caractérisation du choix du lieu et de son agencement par le professionnel de l'accompagnement comme un élément signifiant de la posture d'évaluateur. Dans cette perspective, il nous semble pertinent de modéliser des figures identitaires d'évaluateurs chez les coachs pour comprendre quels types de coach agissent en situation entre logique de contrôle en posture de conseillé et logique d'accompagnement en posture d'accompagnateur professionnel tel que le définissent Vial et Menccaci (2007). Autrement dit, comment le choix du lieu par l'évaluateur-coach est l'expression d'une posture d'évaluation ? La méthode choisie pour la recherche est expérimentale, plus particulièrement, celle des représentations sociales (Abric, 2011) avec utilisation des chaines associatives. Celles-ci « permettent de recueillir les éléments constitutifs du contenu de la représentation » (Abric, 2011, p.66), l'association libre à partir du mot inducteur « coaching » permet les éléments de significations d'un même corpus et par voie de conséquence l'identification de figures identitaires de coach. Notre terrain d'enquête est celui de l'accompagnement professionnel ou coaching au sens le plus large. Notre population cible est celle des accompagnateurs. Nous nous sommes tournés vers un échantillon de cinquante accompagnateurs/coachs. Nous avons traité les données par analyse de contenu (Bardin, 2014, p.47).

La modélisation des résultats s'appuie sur les registres de pensée de l'évaluateur (Vial, 2009). Nous les traitons comme des héritages culturels liés au processus de référenciation des sujets. Ils « donnent des moyens pour aborder l'agir» (Vial, 2009, p.39) sachant que nous intégrons le choix du lieu parmi ces moyens. Notre recherche montre que le choix du lieu est un élément du dispositif significatif dans le processus d'évaluation de l'accompagnateur pour servir les buts de l'accompagné.

 

Regard réflexif sur la question de recherche à partir du thème du congrès

Interrogation évoquée : comprendre à quelles questions cherchons-nous réponse

S'intéresser à l'accompagnement de type coaching n'est pas un allant de soi en sciences de l'éducation et formation, la grande majorité des recherches sur le sujet sont en sciences de la gestion. Le contexte sociétal encourage le chercheur en sciences de l'éducation et formation à prendre en compte dans ses recherches le besoin d'étayage exprimé par la demande de coaching. Comment une équipe de chercheurs s'intéresse à une question qui n'est pas à priori sont cœur de cible ?

 

Références

 

Abric, J.-C. (2011). Pratiques sociales et représentations. Paris : PUF.

 

Bardin, L. (2011). L'analyse de contenu. Paris : PUF.

 

De Certeau,M.(1990). L'invention du quotidien 1 - Arts de faire. Paris : Gallimard.

 

Fabre, M. (1999), Situations-problèmes et savoirs scolaires. Paris : PUF.

 

Giust-Desprairies, F. (2003).L'imaginaire collectif. Paris : ERES.

Goloubieff, B. (2013). Identifier les entraves à l'activité de problématisation en formation. Quelle auto-évaluation pour se professionnaliser ? Thèse de doctorat. Aix-Marseille Université.

 

Guillemot, V. (2014). Le référentiel, organisateur dudit «coaching»? Etude socio clinique de ses usages . Thèse de doctorat. Aix-Marseille Université.

 

Lécuyer,R.(1976). Psychosociologie de l'espace. Rapports spatiaux interpersonnels et la notion d' « espace personnel In: L'année psychologique. 1976 vol. 76, n°2.

 

Paul, M. (2004). L'accompagnement : une posture professionnelle spécifique. Paris : l'Harmattan.

 

Ricœur, P. (1986). Du texte à l'action, Essais d'herméneutique, II. Paris : Seuil.

 

Vial, Capparos-Mencacci, (2007). L'accompagnement professionnel ? Méthode à l'usage des praticiens exerçant une fonction éducative. Bruxelles : de Boeck.

 

Vial, M. (2009). Se former pour évaluer, se donner une problématique et élaborer des

concepts. Bruxelles : De Boeck.

 

Vial, M. (2012). Se repérer dans les modèles de l'évaluation : histoire, modèles, outils. Bruxelles : De Boeck.


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