Le concept d'engagement scolaire a été présenté dans la littérature scientifique comme un facteur pouvant améliorer les résultats scolaires des élèves (Guthrie & Wigfield, 2000). Ce concept a été défini par Fredericks, Blumenfeld et Paris (2004) comme un construit multidimensionnel comportant trois composantes : l'engagement comportemental, l'engagement émotionnel et l'engagement cognitif. L'engagement comportemental, qui renvoie à la participation des élèves en classe, a été étudié par l'intermédiaire de leurs attitudes actives en cours, des comportements déviants ou encore de l'abandon des études (Finn & Rock, 1997). L'engagement émotionnel, qui correspond aux réactions positives ou négatives des élèves vis-à-vis de l'Ecole, des enseignants et des leçons, a été appréhendé au travers de l'intérêt des élèves et des valeurs qu'ils attribuent au système scolaire et aux situations d'apprentissage (Eccles, Midgley, Wigfield & al., 1993). Et l'engagement cognitif, renvoyant à l'investissement des élèves en termes d'effort et de compréhension, a été analysé en relation avec les apprentissages autorégulés et les stratégies d'apprentissage (Boekarts, Pintrich & Zeidner, 2000). La problématique de l'engagement des élèves est particulièrement importante dans le cadre scolaire étant donné que la plupart des tâches scolaires peuvent ne pas être vécues comme intrinsèquement intéressantes. Des études montrent, à ce propos, que les élèves n'éprouvent pas spontanément de plaisir dans le travail scolaire (Ryan & Deci, 2000 ; Reeve, 2002)

La centration sur le cas de l'Education Physique (EP), dans le cadre de ce symposium, se justifie dans la mesure où cette discipline occupe une place particulière à l'Ecole de par trois points principaux. En premier lieu, sa centration sur l'engagement du corps des élèves comme moyens d'interaction dans les leçons d'EP. Ensuite, sa forte implication dans le domaine de la santé (avec par exemples la lutte contre la sédentarité, la gestion du stress...) et les attentes sociales qui y sont liées. Enfin, la volonté d'inscrire le plaisir des élèves comme moteur de leur engagement dans les cours d'EP. « Discipline à part entière et entièrement à part » selon Hébrard (1986), l'EP est parmi les disciplines scolaires l'unique garante pour les élèves d'un engagement corporel, ce qui signifie que cette discipline représente le seul moment d'activité physique pour les élèves, et qu'au sein de l'ensemble des disciplines d'enseignement, l'EP occupe une place originale où le corps, la motricité, l'action et l'engagement de soi sont au cœur des apprentissages. Cette spécificité de l'EP a des répercussions sur l'engagement des élèves ainsi que sur leur perception de cette discipline. Une enquête menée dans le contexte scolaire français en 2005-2006 apporte des résultats très intéressants de ce point de vue (Benhaim-Groose, 2007). Les élèves, garçons comme filles, ont une représentation très positive des cours d'EP : lorsqu'on leur demande ce qu'ils leur apportent, les items qu'ils citent en premier se situent dans le champ du plaisir et de l'épanouissement. Ils prennent du plaisir à pratiquer des activités physiques et sportives (68 %), et déclarent que les cours d'EP leur permettent de rester en bonne santé (68 %), de se défouler (64 %), de s'épanouir ou de se sentir bien dans leur corps (54 %). Ces résultats tranchent avec les propos de Ryan et Deci (2000) et Reeve (2002) à propos de la perception des tâches scolaires. Alors que les élèves n'éprouvent pas spontanément du plaisir dans les tâches proposées au sein des disciplines « académiques », ces mêmes élèves éprouveraient du plaisir dans les tâches enseignées en EP.

La problématique de l'engagement des élèves en EP sera traitée sous l'angle de l'intervention des enseignants sur les élèves. L'enjeu est d'analyser et d'évaluer les effets de ces interventions sur les différentes facettes de l'engagement des élèves (comportemental, émotionnel et/ou cognitif). Il est attendu également de ce symposium de montrer ce qui caractérise l'engagement des élèves en EP.

Les communications inscrites au symposium devront montrer :

- le ou les point(s) de vue adopté(s) pour éclairer l'engagement des élèves en EP (comportemental, émotionnel et/ou cognitif)

- le cadre théorique et méthodologique retenu en expliquant en quoi il permet d'aborder la question de l'engagement des élèves en EP.

- les résultats obtenus à partir d'une ou plusieurs études empiriques

- la discussion des résultats en se focalisant plus particulièrement sur l'apport de l'EP scolaire à la question de l'engagement des élèves et si possible au regard des autres disciplines scolaires ou domaines de vie des élèves.

Le lien commun concernant les communications de ce symposium est la question de l'engagement des élèves en éducation physique sous l'angle de l'intervention des enseignants. Les communications permettront d'éclairer les trois composantes de cet engagement (comportemental, émotionnel et cognitif) en utilisant divers cadres théoriques et méthodologiques. Les communications partageront toutes la volonté de partir de l'intervention en EP pour ensuite analyser ses effets sur l'engagement des élèves à l'échelle de cette discipline mais aussi au-delà de l'éducation physique.

Traitement de la question transversale :

La question transversale : « A quelles questions cherchons-nous réponse ? » sera traité à partir des deux thématiques suivantes : « Comprendre » et « Proposer ».

La thématique « Comprendre » abordera les trois questions suivantes : Quelle est l'influence du contexte social sur les questions de recherche ? Quelle est l'influence du contexte scientifique sur les questions de recherche ? Quel est le rôle joué par les contacts avec les acteurs de terrain sur les questions de recherche ?

La thématique « Proposer » abordera les questions suivantes : Comment contribuer à une interprétation d'un phénomène complexe sur la base de recherches menées sur des points précis ? Quel équilibre trouver entre la liberté de questionnement du chercheur et les demandes qui lui sont adressées par d'autres catégories d'acteurs et par la société ?

La question transversale fera l'objet d'un exposé introductif d'un des communicants.