4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Identité et nation : comment passer de l'identité ethnique meurtrière à la « communauté des citoyens » ?
Eric Mutabazi  1@  
1 : Université Catholique de l'Ouest à Angers  (UCO)  -  Site web
Université Catholique de l'Ouest

Depuis le 20ème siècle, le monde entier a connu des événements tragiques des massacres, de guerres, d'affrontements et des génocides. Nous pouvons prendre comme exemple la virulence de l'apartheid en Afrique du Sud, des génocides commis contre les juifs ou les Tutsi au Rwanda, les conflits interethniques au Burundi, en République Démocratique Congo, sans parler des récents massacres qui ont emporté plusieurs milliers des personnes en Côte d'Ivoire, au Soudan, au Mali et dans les pays Arabes (Egypte, Tunisie, Libye, Iran, Iraq, Syrie, etc.). Ces différents conflits meurtriers sont souvent qualifiés d'inter-religions ou d'interethniques parce qu'ils opposent deux ou plusieurs identités antagonistes qui composent pourtant une même nation ou une même région.

Dans cette contribution, nous montrerons « Pourquoi les identités deviennent meurtrières ? ». Dans un premier temps, nous verrons les différentes conceptions de l'identité. Ensuite, en partant des travaux de Maalouf (1998) sur les identités meurtrières, nous montrerons les thèses possibles expliquant des origines des conflits conduisant les identités à poser des actes inhumains, horribles, impensables, qualifiés par l'auteur de « folie meurtrière ». Après l'exposé des thèses de Maalouf, nous analyserons le contenu des ouvrages et des manuels scolaires de l'histoire du Rwanda. Les résultats de l'analyse de ces contenus permettront de souligner en quoi ces derniers auraient favorisé le divisionnisme ethnique dans la société rwandaise en général et dans les écoles en particulier.

Notre hypothèse est que le contenu des ouvrages de l'histoire rwandaise et des manuels scolaires utilisés dans l'enseignement de cette discipline avant 1994 véhiculé des messages pouvant amener les groupes ethniques à poser « des actes libérateurs et de vengeance » rendant les identités ethniques meurtrières, comme le montre ailleurs Maalouf (1998). Dans cette contribution, nous tenterons donc de dégager des ressemblances entre les thèses développées par l'auteur et le contenu de l'histoire savante et histoire enseignée dans les écoles au Rwanda. Cette analyse comparative nous permettrons de bien comprendre la genèse et sources des conflits interethniques dans ce pays.

Nous verrons, enfin, comment on peut passer de l'identité ethnique meurtrière à la « communauté des citoyens ». En d'autres termes, nous présenterons quelques résultats de nos travaux qui consistent à montrer que l'éducation à la citoyenneté pourrait atténuer les conflits identitaires dans les nations multiethniques et contribuer au vivre ensemble.

  • Breton, R. (1981). Les ethnies. Paris, P.U.F.
  • Maalouf, A. (1999). Les identités meurtrières. Paris, Grasset.
  • Mutabazi Eric (2013). « Echec du vivre-ensemble au Rwanda : Quelle est la responsabilité des manuels scolaires d'histoire ? » In Nancy BOUCHARD et Ronald W. MORRIS (dir.). Eduquer au vivre ensemble. Fondements, pratiques et politiques d'une éducation en quête d'éthique. McGill Journal of education. Revue des sciences de l'éducation de McGill, Québec, Canada, n°48, (1), juillet, pp.131-154.
  • Mutabazi Eric (2013). « A quelles conditions peut-on éviter les traumatismes dans l'enseignement de l'histoire du Rwanda après le génocide ? ». In Vincent MARIE et Nicole LUCAS, Traumatismes et histoires, des enjeux aux pratiques. Paris : Le Manuscrit, collection Enseigner Autrement, pp.111-129.
  • SCHNAPPER D. (1994). La communauté des citoyens, sur l'idée moderne de la nation, Paris, Gallimard.
  • Xypas, C. (2006). « La fonction politique de l'école au défi des jeunes issus de l'immigration ». In Y. Lenoir, C. Xypas et C. Jamet, Ecole et citoyenneté : un défi multiculturel. Paris


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