Cadre théorique.
Les recherches développées à propos de la mixité en EPS (Terret & al, 2006) montrent que les enseignants accordent une attention variable à la question du masculin et féminin selon : le niveau de diplôme, l'ancienneté et l'âge. De multiples facteurs ont été envisagés comme source des inégalités entre les évaluations des filles et des garçons en EPS (Cogérino, 2005). Les attentes et les interventions de l'enseignant d'EPS favorisent des attitudes de domination des garçons vis-à-vis des filles qui sont en retrait, (Lentillon, 2007).
Cette forte connotation masculine de l'EPS est justifiée même par la nature des pratiques de référence issues majoritairement des activités physiques et sportives APS, où les comportements, activités, niveaux de réussite y sont souvent différenciés entre filles et garçons (Cleuziou, 2000 ; Vigneron, 2006).
En EPS, les enseignantes ont généralement une plus grande fréquence d'interaction avec les élèves, filles ou garçons, que les hommes (Trotinn & al, 2009). Dans une recherche sur les interactions en EPS, Nicaise & al, (2007) constatent que les résultats selon le genre de l'enseignant diffèrent selon l'activité physique considérée.
Partant d'un cadre théorique de didactique comparée (Leutenegger et Munch, 2002), qui s'intéresse principalement aux interactions didactiques, dans leur dimension non verbales et leurs effets en termes de genre ; nous allons déterminer l'influence de la formation en sciences et techniques des activités physiques sportives STAPS sur les interactions dans la régulation des apprentissages moteurs selon, la nature de l'APS enseignée, le genre de l'enseignant et le genre de l'élève.
Méthodologie.
Les observations ont eu lieu pendant les cours d'EPS (au lycée) de la région centre de l'Algérie ; les 08 enseignants observés, dont quatre femmes, sont des étudiants de la troisième année licence sciences et techniques des activités physiques sportives STAPS option éducation et motricité, en situation de stage pratique. Divisé en deux groupes de quatre avec chacun deux stagiaires des deux sexes ; un groupe qu'on va appeler GA qui à pratiqué une formation au préalable avec une classe d'élèves mixte avec des analyses de la régulation des apprentissages après chaque séance et l'autre qu'on va appeler GB qui à subit une formation avec une classe d'élèves non mixte : garçons seulement, sans analyse de la séance. La durée moyenne de l'observation est 1h30 minutes (c'est la durée de deux séances d'EPS groupées en une seule unité de temps de 45 minutes chacune pour deux APS différentes). Les deux séances sont filmées entièrement grâce à une caméra haute définition. Les 08 enseignants et enseignantes étaient observés durant 12 séances non consécutives : durant le premier semestre de l'année scolaire 2014/2015.
Dans un second lieu on s'est intéressé à l'analyse des interactions de l'enseignant en fonction de son genre, selon le genre de l'élève et la nature de l'APS, avec une catégorisation des interactions didactiques non verbales.
Résultats et discussions.
La régulation des apprentissages pour les deux groupes GA et GB été une régulation d'ordre technique, cette régulation peut être expliquée par certaines recherches qui montrent que les élèves réussissent mieux lorsqu'ils sont guidés techniquement (Andrieu & al, 2004; Grandaty & al, 2008). Cet arrangement se renforce par les résultats obtenus sur le contenu enseigné où les SC sont conçus comme des APS de régulation et les SI sont conçus comme des APS de certification. Des recherches ont montré que la majorité des filles se situe relativement à distance de ce modèle qui les met en difficulté (Cogérino, 2006 ; Moreno, 2006) ; Bergé & al. (2000) considèrent que pour réduire les difficultés des élèves filles en EPS, il faut réfléchir aux conditions d'enseignement, notamment dans le choix des programmes d'APS qui leur sont proposés. Pour les interactions, elles étaient plus dirigées vers les garçons que les filles pour le groupe GB que le groupe GA, cela confirme que l'EPS reste une discipline à forte connotation masculine, elle est justifiée même par la nature des pratiques de référence issues majoritairement APS, où les comportements, activités, niveaux de réussite y sont souvent différenciés entre filles et garçons (Cleuziou, 2000 ; Vigneron, 2006).
On guise de conclusion, on pourrait confirmer que la nature de l'APS choisis en enseignement de l'EPS selon sa démarche peut être considérée comme une source d'inégalité de sexe entre élèves ou le masculin est favorisé et qu'une formation coopérative mixte peut nous ramené à une égalité de sexe en matière d'interaction.
Bibliographie.
Andrieu, B., & Bourgeois, I. (2004). Les interactions langagières tuteur/élèves en travaux personnels encadrés. Aster, 38, 69-90.
Bergé F., Croiset P., Marion M., & Pézelier P. (2000). Les filles et les garçons, c'est différent ? (Construction d'outils didactiques en EPS visant à réduire l'écart de notation entre filles et garçons). , Paris. INRP, Programme National d'Innovation3.
Cleuziou, J-P. (2000). « L'analyse des menus et des notes ». In David B. (dir.), Éducation physique et sportive : la certification au baccalauréat. Paris : INRP, 77-124.
Cogérino, G. (2006). La mixité en EPS : de la gestion des groupes à une réflexion sur l'équité, in G. Cogérino (Ed.), La mixité en éducation physique et sportive. Paroles, réussites, différenciations (pp. 9-27), Paris : Éditions de la Revue EPS.
Grandaty, M., & Dupond, P. (2008). Médiation de l'enseignant et structure de l'interaction verbale dans le débat littéraire. Comment orienter l'espace subjectif et intersubjectif dans le cadre scolaire. In M.F Carnus ; C. Garcia-Banc & A. Terrisse, analyse des pratiques des enseignants débutants : approches didactiques (pp. 233-252). Grenoble : La Pensée sauvage.
Lentillon-Kaestner, V. (2007). Notes et perceptions de privation chez les élèves en Éducation Physique Sportive : variations selon leur sexe et leur orientation de genre, Les cahiers internationaux de psychologie sociale, 75-76 (3), 79-91.
Leutenegger, F. & Munch, A-M. (2002). Phénomènes d‘éducation et d‘instruction: étude comparative menée au travers de deux institutions contrastées, In A. Mercier, M-L. Schubauer-Leoni et G. sensevy (Ed.) Vers une didactique comparée, Revue Française de Pédagogie, 141.
Moreno, C. (2006). Formes de mixité en EPS et inégalités de réussite entre filles et garçons, in G. Cogérino (Ed.), La mixité en éducation physique et sportive. Paroles, réussites, différenciations (pp. 40-54), Paris : Éditions de la Revue EPS.
Nicaise, V., Fairclough, S-J., Bois, J., Davis, K-L., & Cogérino, G. (2007). Teacher feed-back and interaction in physical education: effects of student gender and physical activities. European physical education review, 13 (3), 319-337.
Terret, T., Cogérino, G., & Rogowski, I. (2006). Pratiques et représentations de la mixité en EPS, Éditions de la Revue EPS, Paris
Trottin, B., & Cogérino, G. (2009). Filles et garçons en EPS : approche descriptive des interactions verbales entre enseignant-e et élèves », STAPS, 83(1), 69-85.
Vigneron, C. (2006). Les inégalités de réussite en EPS entre filles et garçons : déterminisme biologique ou
Auteur : Hakim HARITI ; Moustapha BOUDJEMIA ; Salah BESSA. Laboratoire SPAPSA, Université d'Alger 3
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