4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
La construction de la réalité des apprentissages : entre implication du chercheur et attentes institutionnelles, l'exemple de la recherche sur les apprentissages « informels
Hélène Bezille  1@  , Bénédicte Pinot@
1 : LIRTES/UPEC
Université de Creteil

 

Sous ce titre, la communication proposée s'appuie sur les apports d'une recherche au long cours menée au sein du dispositif de formation des Ateliers de Pédagogie Personnalisée (APP, fédérés aujourd'hui au sein de l'Association pour la Promotion du label APP- APapp) pour mettre en réflexion des questions d'ordre épistémologique et méthodologique posées plus largement par les recherches sur les apprentissages dits « informels ».

 

La recherche sur les apprentissages invisibles du quotidien, apprentissages produits dans des contextes divers, aussi bien dans les interstices des institutions de l'éducation et de la formation et de leurs dispositifs, que dans les collectifs de travail, et bien sûr dans les loisirs et le temps libre, gagne en visibilité et légitimité aujourd'hui mais échappe encore largement à la commande et au financement institutionnels. Une autre particularité de ce domaine de recherche tient aux problèmes méthodologiques particuliers posés, liés notamment à une double difficulté : la difficulté d'accéder à l'univers de production de ces savoirs non contrôlés (sphère du « privé », de « l'entre-soi », à l'abri du regard des institutions), mais également la difficulté d'identifier de façon rigoureuse (ce terme étant préféré à celui de « scientifique ») des apprentissages tacites, non formalisés par les acteurs (Schugurensky, 2007).

 

Dans le prolongement de cette réflexion et en s'appuyant également sur d'autres exemples de recherche, la communication proposera des hypothèses en réponse aux questions suivantes :

- en quoi, sur quel plan l'usage courant de la recherche commanditée contribue–t-elle à la construction de la réalité de ce qu'est « apprendre » et « se former » et des processus d'apprentissage en jeu ?

- en quoi, sur quel plan une forme de recherche « impliquée » et non commanditée (une recherche menée par exemple dans le cadre d'une thèse par un praticien sur son propre terrain professionnel) peut-elle contribuer, et dans quelles limites, à produire un autre regard sur les apprentissages informels et leur mobilisation en contexte professionnel et au-delà (Elias, 1993)?

- en quoi interroge-t-elle les indicateurs de « scientificité » mobilisés dans l'évaluation des travaux des professionnels de la recherche et des doctorants ?

- dans le prolongement de la question précédente, en quoi interroge-t-elle les formes légitimes (d'un point de vue académique) de l'engagement du chercheur (la « neutralité ») quand les exigences éthiques se conjuguent aux exigences épistémologiques (Feldman & Köhn 2000.) ?

 

ELIAS N., 1993. Engagement et distanciation. Paris, Fayard.

FELDMAN, J. & KOHN, R. (Coords.), 2000. L'éthique dans la pratique des sciences humaines: dilemmes. Paris, L'Harmattan

SCHUGURENSKY, D., 2007. Vingt mille lieux sous les mers, Revue française de pédagogie, n°160, p.13-27.

 


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