4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
La sous-représentation des femmes parmi le corps enseignant des universités marocaines
Soundoss Sabri  1, 2@  
1 : Equipe de Rechercheet d' Etudes sur le Genre  (EREG)
Université Hassan II -  Maroc
2 : Groupe Interdisciplinaire des Didactiques des Sciences  (GIDS)
Ecole Normale Supérieure Univesité HassanII -  Maroc

La sous-représentation des femmes parmi le corps enseignant des universités marocaines

SABRI Soundoss1,a

1.Professeure agrégée, (GIDS), Ecole Normale Supérieure.

a..Dotorante, (EREG), Université HASSAN II, MAROC

 

Actuellement, les femmes ont investi tous les niveaux de l'enseignement supérieur marocain. Elles représentent presque la moitié des étudiants des universités publiques marocaines. Toutefois, ce pourcentage dissimule des inégalités entre les hommes et les femmes quant à l'accès aux hauts niveaux des hiérarchies académiques. Incontestablement, les données sont variables selon les universités et les disciplines considérées. Néanmoins, le constat de la disparité du genre est commun même dans les cursus universitaires où les étudiantes sont plus nombreuses. La sous-représentation des enseignantes parmi le corps enseignant universitaire est exhaustivement généralisée dans toutes les universités marocaines indépendamment du domaine d'enseignement. Elle s'accentue d'avantage dans les échelons supérieurs de la hiérarchie universitaire. L'explication de ce phénomène trouve ses approbations dans les registres historiques, sociologiques et politiques.

La présente recherche, exploratoire et descriptive, se veut une contribution à l'identification et l'analyse des inégalités de genre dans le corps enseignant des universités marocaines. Pour ce, nous nous sommes servis d'un questionnaire testé et validé. Nous avons mené des entrevues avec acteurs et responsables dans les universités marocaines. Lorsqu'il s'agit d'expliquer ce phénomène, la tendance est d'associer deux types de recherches : celles s'appuyant sur les théories centrées sur les dynamiques individuelles et l'auto-sélection des femmes ; et celles s'inspirant des thèses de Pierre Bourdieu, qui s'articulent autour des facteurs institutionnels en analysant les modes de recrutement, de promotion et la gestion sexuée du personnel. Attendu que ces théories se complètent, elles sont utilisées de concert.

Les résultats obtenus révèlent que la période de l'exclusion des femmes de la scène universitaire a marqué un « retard historique » quant à leur accès puis à leur évolution dans cet espace. La métaphore du plafond de verre universitaire est une représentation fatidique. Les rôles sexués traditionnels sont des obstacles auxquels se heurtent les enseignantes sur la voie de la promotion professionnelle. L'image des femmes manquant d'engagement n'est qu'une stigmatisation obsolète.

Les modes d'organisation et la répartition du travail dans les universités impliquent que les inégalités du genre perdurent tant que les hommes seront plus nombreux à décider des recrutements et des promotions professionnelles.

Les questions auxquelles nous cherchons à répondre sont à la fois : comprendre les mécanismes souvent subtiles et inaperçus de ces inégalités, évaluer l'impact des facteurs de cette sous-représentation et enfin proposer des stratégies à même de remédier à ces disparités de genre. Aujourd'hui, mesurer, corriger et contrôler les inégalités constituent des problématiques éminentes. Sous le prisme du genre, cette étude au Maroc constitue une première.

Genre; enseignant; disparité; université marocaine.

Belghiti-Mahut Sophia, Lafont Anne-Laurence, Yousfi Ouidad, « Gender gap in innovation: a confused link?. », Journal of Innovation Economics & Management 1/2016 (n°19) , p. 159-177 

Élise Lemercier, « À l'université : les dessous d'un consensus apparent », Travail, genre et sociétés 2015/2 (n° 34), p. 175-180.

Sabri Soundoss, Khalid Ben Ajiba, « la disparité de genre dans le corps professoral marocain », Pax Academica, 3/2014, pp. 79-93

Clément Bosquet et al., « 8. Le monde universitaire, un laboratoire d'analyse des différences d'avancement de carrière des hommes et des femmes », Regards croisés sur l'économie 2014/2 (n° 15), p. 158-165.


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