Cette communication rend compte de premiers résultats obtenus dans le cadre d'une recherche pilotée par l'ESPE Lille Nord de France et intitulée : "Professionnalisation : Formation et accompagnement à l'entrée dans les métiers de l'enseignement et de l'éducation : enjeux, modalités et effets des dispositifs de professionnalisation par alternance". Elle aborde ici plus spécifiquement la formation des Professeurs d'Ecole (PE) à l'enseignement de l'éducation physique et sportive (EPS).
La formation des enseignants et des PE en particulier tente depuis 2012, après la mise en place de la réforme dite de Mastérisation en 2008, de renouer avec une alternance formation théorique à l'ESPE et formation pratique en classe encadrée par des maîtres de stage, des conseillers pédagogiques, dans le cadre d'une conception intégrative de la formation professionnelle.
Ainsi, les PE stagiaires, reçus au concours à la fin de première année de Master sont, au cours de leur seconde année, dans l'académie de Lille, pour moitié du temps enseignant dans une classe, et pour l'autre moitié en formation professionnelle théorique à l'ESPE. Ils sont ainsi confrontés aux premières expériences de prise en charge d'une classe en responsabilité complète. A ce titre, parmi l'ensemble des matières scolaires, l'éducation physique et sportive (EPS) leur apparaît comme une discipline difficile à enseigner du fait même de son contexte (un enseignement hors la classe, avec des élèves qui peuvent pour une fois parler, se déplacer librement ...) et des contenus et modalités d'évaluation difficile à saisir (Cordoba 2002, Durand 2004).
Nous proposons à partir de l'étude de quelques cas significatifs, approchés dans les compte-rendus de pratique réalisés au cours des enseignements disciplinaires à l'ESPE, de saisir les façons dont ils abordent ces premières expériences et en particulier comment ils se construisent professionnellement dans l'alternative préoccupation d'enseigner et logique de gestion de la classe (Daguzon & Goigoux 2012).
Nous essaierons en particulier de repérer si la résolution des premières difficultés rencontrées a été un frein ou au contraire un facilitateur de l'entrée dans le métier, si les premières expériences et apprentissages en enseignement de l'EPS ont des répercutions sur l'ensemble de l'acte d'enseigner et si oui, dans quelle mesure.
Cette proposition de communication s'inscrit dans la visée compréhensive du thème transversal proposé pour ce congrès. En effet, cette étude menée, en tentant de répondre à la question posée : en quoi les apprentissages professionnels réalisés dans une discipline peuvent-ils avoir des incidences sur les apprentissages dans d'autres disciplines vise à évaluer les incidences des transformations opérés dans la formation des PE par la réforme de la masterisation. Celle-ci se caractérise entre autre par une diminution objective du temps de formation (de 3 ans à 2 années dont la seconde est largement occupée par la période de stage en responsabilité, avec en particulier une réduction des horaires alloués à l'EPS de 40 à 50 heures dans certains cas, à 12 heures maximum). Aussi ces évolutions sont considérées soit comme un appauvrissement de la formation professionnelle initiale soit comme une redistribution différente des horaires alloués supposant une conception différente de la professionnalisation et un rapport nouveaux des apprentissages liant expériences professionnelles in situ et connaissances pour et sur enseigner.
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