4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Evaluer les évaluations en milieux scolaires ?
Marc Vantourout  1@  , Rémi Goasdoué  1, *@  , Christophe Blanc  1, *@  , Sabine Rodriguez-Smith  1, *@  
1 : Education Discours Apprentissages  (EDA)  -  Site web
Université Paris V - Paris Descartes : EA4071
45, rue des Saints Pères 75270 Paris Cedex 06 -  France
* : Auteur correspondant

L'évaluation représente une part importante du travail des enseignants. Plus généralement, elle occupe une place majeure en milieux scolaires où ses modalités sont diverses, évaluations quotidiennes, internes, externes, à grande échelle, etc. A l'instar de l'évaluation dans d'autres milieux, elle n'échappe ni aux débats, ni aux critiques, en quelque sorte à sa propre évaluation. Depuis plus d'un siècle, une grande partie des travaux consacrés successivement aux examens, à l'évaluation « dans » l'Ecole puis « de » l'Ecole (ou des systèmes éducatifs et de leurs niveaux) s'inscrivent dans une orientation critique. Les docimologies (critique puis expérimentale), en mettant en avant la thématique de la fidélité inter et intra-notateurs, peuvent être considérées comme une première entreprise d'évaluation des évaluations. Depuis quelques temps, il peut arriver qu'un regard critique soit porté sur des évaluations à large échelle (internationales et parfois nationales) : sont alors concernés la diffusion ou l'utilisation des résultats et des classements, d'une part, les modèles statistiques impliqués, d'autre part. Dans tout ce qui vient d'être brièvement évoqué, les questionnements et les enjeux sont essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, méthodologiques.

Les participants au symposium partagent un regard critique sur l'évaluation qui se démarque des précédents : ils s'intéressent aux tâches et à l'activité des évaluateurs et des évalués. Ils défendent que la validité ne peut être rabattue sur la fidélité des épreuves et plus largement sur des questions de choix méthodologiques indépendamment des contenus et des contextes d'évaluation. La validité est alors qualitative et concerne les items, exercices, tâches, épreuves d'une part, les jugements d'autre part. S'assurer de la validité d'un point de vue « psycho-didactique » (celui adopté par les participants), implique de se centrer sur les contenus à évaluer, d'en proposer une définition a priori, et « une entrée par l'activité » permettant de décrire les processus cognitifs en jeu. Cette façon d'appréhender l'évaluation et de traiter la validité fera l'objet d'un exposé introductif en deux parties : la première portera sur les approches psycho-didactiques des évaluations (APDE), la seconde sur le raisonnement évaluatif (inspiré du raisonnement sociologique de Passeron) et sur une série de vigilances épistémologiques qui y sont attachées. Bref, il s'agira de mieux déterminer « ce que juger veut dire ».

Les trois communications, dont deux présentées par des doctorants en fin de thèse, feront état de recherches, fondées empiriquement, qui illustreront de façon complémentaire les apports d'un regard psycho-didactique sur des évaluations et sur l'activité d'évaluateurs et d'évalués.

Deux communications porteront sur la validité des épreuves, et s'intéresseront aux concepteurs et aux évalués. Différents supports d'évaluations seront impliqués, des évaluations internes de CP (1ère primaire), des épreuves de lecture-compréhension externes de fin de primaire (5e grade). L'autre communication, qui fait appel à l'analyse de l'activité de correction de dissertation, portera sur la validité de jugement et sur le raisonnement évaluatif.

À quelles questions cherchons-nous réponse ? En première approche, la réponse est contenue dans le titre du symposium et renvoie à l'évaluation des évaluations (des épreuves, des évaluateurs et des évalués) tout en dépassant ce qui ne pourrait constituer qu'un pirouette langagière : est-ce pertinent ? comment procéder ? En seconde approche, aux fondements de nos préoccupations de chercheurs, figure le projet d'articuler évaluations et didactiques (et/ou psychologie cognitive des apprentissages impliqués). Nous remettons en cause les cadres, courants et paradigmes actuellement dominants – méthodologiques, psychométriques et statistiques –, qui structurent la quasi-totalité des réflexions et débats sur les évaluations, leurs caractéristiques, leurs résultats et les usages qui en sont faits.


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