4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
La notion de culture dans l'enseignement de l'histoire : outil ou solution explicative ?
Sylvain Doussot  1, 2, *@  
1 : Centre de recherche en éducation de Nantes
Université de Nantes : EA2661
2 : Université de Nantes
Université de Nantes
ESPE, 4 Chemin de Launay Violette, 44000 Nantes -  France
* : Auteur correspondant

Cette communication vise à questionner la notion de culture comme facteur explicatif en histoire, en histoire scolaire et en didactique de l'histoire. Elle s'inscrit dans le domaine des recherches socio-historiques sur les sciences (ici les sciences sociales plus particulièrement) issues des travaux fondateurs de Kuhn en vue de tenir ensemble enjeux épistémologiques et enjeux sociologiques des disciplines. Nous spécifions cette problématique générale par le biais du cadre théorique de la problématisation en science et dans les apprentissages (Orange, 2012).

Cet objectif s'inscrit dans le contexte de diversité culturelle et migratoire de nos sociétés qui interroge les conditions d'enseignement et d'apprentissage de l'histoire à l'école, et par là celles de la formation des enseignants. Ce contexte se double d'un contexte intellectuel et médiatique qui tend à donner aux catégories liées à la notion de culture une place déterminante dans les explications sur le monde tel qu'il est et tel qu'il va. La classe d'histoire est bien entendu imprégnée de ces catégories qui tendent à faire des différences culturelles des facteurs explicatifs (l'ethnie ayant remplacé la race, la culture la nature) mais peinent à questionner l'origine et la production même de ces différenciations, ce qui risque de conduire à cristalliser l'altérité au lieu d'ouvrir aux différences (Bazin, 2008). Or ces catégories concernent aussi bien les élèves que les événements et phénomènes traités par les programmes d'histoire, que les représentations des enseignants sur la culture scolaire de leurs élèves.

Il s'agit, sur cette base, de développer et de traiter la question de recherche suivante : en quoi la remise en cause épistémologique de la notion de culture comme facteur explicatif dans les sciences sociales et historiques peut-elle nous aider à mieux appréhender les conditions de possibilité d'un enseignement de l'histoire dans un contexte de diversité culturelle qui met à mal la légitimité immédiate des savoirs scientifiques et scolaires ?

Cette étude théorique se fonde sur des travaux empiriques en didactique de l'histoire et sur la formation des enseignants afin de déployer une problématique autour de la dualité entre dimension empirique et dimension normative de l'histoire et de la didactique, en particulier sur la base des constats et questions posées par le sociologue Abbott (2015). Cette dualité sera abordée pour le cas des catégories culturelles en jeu dans ces deux domaines (histoire et didactique), entre empirique des catégories observables (groupes culturels dans le passé et dans la classe) et normatif des catégories d'analyse de ce qui est observé.

Il ressort de l'étude qu'une des conditions principales à une éducation historique dans le contexte actuel réside dans la mise au travail des catégories spontanées des élèves et des enseignants à travers un rééquilibrage en faveur de la dimension théorique de tout savoir sur le monde social.

Mots-clés : diversité ; enseignement de l'histoire ; culture ; épistémologie



références bibliographiques

Abbott A. (2015). L'avenir des sciences sociales, 37ème conférence Marc Bloch. Paris, Sorbonne, 18 juin 2015.

Bazin J. (2008). Des clous dans la Joconde. L'anthropologie autrement. Toulouse : Anacharsis.

Orange C. (2005). Problématisation et conceptualisation en sciences et dans les apprentissages scientifiques. Les sciences de l'éducation – Pour l'ère nouvelle, 38(3), 69-93.


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