4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Qu'est-ce que ce que l'on cherche en faisant de la recherche ? Esquisse sur les mobilisations identitaires et transformatrices de chercheurs en sciences de l'éducation
Geneviève Mottet  1@  
1 : Université de Genève  (FPSE, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation)
Unimail, Bvd du Pont d'Arve 6, 1205, Genève -  Suisse

Résumé

Cette communication se propose de mettre en évidence les axes de recherche des chercheurs et chercheuses en sciences de l'éducation en Suisse, ainsi que la manière dont des experts expriment leurs mobilisations à investiguer sur les questions éducatives. Nous nous intéressons aux enjeux de mobilisations et aux choix effectués dans les manières d'opérer en tant que chercheur-e-s dans le domaine de l'éducation. Comment des acteurs – qui occupent des positions et fonctions différentes, partagent des préoccupations et centres d'intérêt divers – investissent-ils les enjeux liés à l'école? L'intention sous-jacente de ceux-ci est-elle d'accompagner les politiques et tout acteur-clef dans leurs réflexions sur les changements effectifs à opérer au sein du système ? Qu'est-ce qui motive le choix de l'enquête ? Qu'est-ce qui occasionne l'inscription militante ou la mobilisation politique ? S'agit-il pour les chercheurs et chercheuses de « prescrire » ou de « décrire » (Bourdieu, 1981) ?

Ces différentes questions sont le fil rouge de notre présentation. Nous tenterons d'y répondre à partir de résultats de deux enquêtes empiriques que nous avons menées.

D'une part, nous développerons notre présentation à partir des investigations menées par des postdoctorants en sciences de l'éducation (thématiques, publics observés, méthodologies employées, etc.). En ce sens, nous verrons ce sur quoi les chercheurs et chercheuses en éducation en Suisse ont travaillé dans le cadre de leur thèse, et sur quels objets ils travaillent actuellement. Notre propos se fonde sur l'analyse d'une centaine de questionnaires remplis par des postdoctorant-e-s en sciences de l'éducation ayant effectués leur thèse en Suisse entre les années 2009 et 2014 (Mottet, 2016).

D'autre part, nous questionnerons les mobilisations de chercheurs en éducation sur la manière dont ils réfléchissent à leur rôle et à leurs mobilisations à agir sur le système politique. Nos propos s'appuient ici sur une analyse documentaire effectuée dans le cadre de notre recherche doctorale portant sur le travail d'acteurs (notamment le "couple" chercheurs et politiques) engagés dans la fabrique d'une école de la diversité (Mottet, 2013).

Références bibliographiques

Bourdieu, P. (1981). Décrire et prescrire. Actes de la recherche en sciences sociales, 38, 69-73.

Duru-Bellat, M. (1999). La sociologie des inégalités sociales à l'école, entre « engagement et distanciation ». In Meuret Denis (Éd.), La justice du système éducatif (pp. 21-36). Bruxelles : De Boeck.

Hofstetter, R. & Schneuwly, B. (2001). Les sciences de l'éducation en Suisse. Analyse de l'évolution d'une discipline et définition de prospectives. Conseil Suisse de la Science et de la Technologie.

Isambert-Jamati, V. (2003). Note critique sur Poupeau F. 2003 « Une sociologie d'État. L'école et ses experts en France ». Revue française de pédagogie, 145, 137-140.

Kaluszynski, M. & Payre, R. (dir.) (2013). Savoirs de gouvernement, circulations, traductions, réceptions. Paris : Economica,

Leclercq, V. (2008). Docteur-e-s et doctorants en sciences de l'éducation : entre trajectoires professionnelles et préoccupations scientifiques. Recherches & éducations [en ligne].

Malet, R. (2009). Former, réformer, transformer la main-d'œuvre enseignante ? Politiques comparées et expériences croisées anglo-américaines. Éducation et Sociétés, 23, 91-122.

Mottet G. (2016). Les postdoctorant-e-s en sciences de l'éducation en Suisse. Enquête sur des trajectoires professionnelles et des (in)satisfactions personnelles. Recherche réalisée sur mandat de l'Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH/SAGW), de la Société suisse pour la recherche en éducation (SSRE), de la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation (FPSE), et de l'Institut universitaire de formation des enseignants (IUFE), Genève : FPSE.

Mottet, G. (2013). A l' "Ecole de la diversité". Enquête sur la fabrique d'une politique éducative. Thèse en sciences de l'éducation, Université de Genève.

Plaisance, E. & Vergnaud, G. (2012). Les sciences de l'éducation. Ed. La Découverte.

Poupeau, F. (2003). Une sociologie d'État. L'école et ses experts en France. Paris : Éd. Raisons d'agir.

Sapiro, (G.), « Modèles d'intervention politique des intellectuels. Le cas français », Actes de la recherche en sciences sociales, 1(176-177), 2009, p. 8-31.

Topalov, C. (Dir.). (1999). Laboratoires du nouveau siècle : la nébuleuse réformatrice et ses réseaux en France (1880-1914). Paris : EHESS.

Van Zanten, A. (2008). Régulation et rôle de la connaissance dans le champ éducatif en France : du monopole à l'externalisation de l'expertise ? Sociologie et sociétés, 40(1), 69-92.

Liens avec le thème du colloque :

Cette communication s'inscrit pleinement dans la thématique centrale du congrès de l'AREF ; soit à quelles questions cherchons-nous réponses ? Nous nous situons peut-être plus spécifiquement dans la démarche visant à comprendre les démarches des chercheur-e-s de mettre en contexte leurs mobilisations en questionnant le contexte sociétal et les conditions de travail des chercheur-e-s en sciences de l'éducation (disciplines, réseaux d'interactions, publications, etc.).


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