4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Les freins à la préscolarisation des enfants d'immigrés
Sylvie Condette  1@  , Francine Nyambek Kanga@
1 : Centre Interuniversitaire de Recherche en Education de Lille  (CIREL)  -  Site web
Université Lille III - Sciences humaines et sociales : EA4354
Domaine universitaire du pont de Bois 59650 Villeneuve d'Ascq - France -  France

Alors même qu'ils constituent la catégorie d'élèves pour laquelle les effets sur les résultats et l'intégration scolaires sont le plus tangible et attestés, -eu égard notamment à leurs plus faibles performances en compréhension de l'écrit et en mathématiques dans les enquêtes PISA (OCDE, 2015)- la politique de préscolarisation bénéficierait paradoxalement le moins aux couches sociales défavorisées et plus particulièrement encore aux « enfants d'immigrés » (OCDE, 2014). Ce constat conduit à questionner les freins spécifiques de la préscolarisation des enfants d'immigrés. En France, l'objectif d'un taux de préscolarisation à 30% en zones d'éducation prioritaire (MEN, 2013) pour pallier les disparités persistantes entre zones urbaines favorisées d'un côté et zones urbaines défavorisées et rurales pourrait réduire considérablement ces inégalités et favoriser indirectement un plus grand accès de cette catégorie aux services d'accueils de la petite enfance.

Regard réflexif sur la question de recherche

Considérant que cette territorialisation de la politique de préscolarisation permet objectivement d'intervenir là où leur proportion est précisément plus élevée, peut-on dès lors encore envisager la préscolarisation des enfants d'immigrés comme un problème à part ? Autrement dit, en quoi la préscolarisation des « enfants d'immigrés » constituerait-elle un objet de recherche pertinent d'une part et mériterait-elle une problématisation spécifique d'autre part?

Tel est le questionnement qui fonde cette communication au cours de laquelle nous nous proposons d'y réfléchir, en croisant la triple démarche de compréhension, d'évaluation et de proposition suggérée comme fil conducteur du colloque. Nous tenterons donc tout d'abord d'examiner et d'argumenter la singularité des enjeux de la préscolarisation des « enfants d'immigrés » défendue ici, tant d'un point de vue linguistique que sociopolitique, à travers la mise en évidence des rapports de pouvoir et processus d'ethnicisation à l'œuvre dans la relation entre l'école et les familles immigrées (Perroton, 2000). Nous interrogerons ensuite cet objet de recherche, non pas sur sa pertinence, mais plus précisément sur les enjeux épistémologiques que soulève dans le débat sociologique, l'usage de la catégorie « enfants d'immigrés » et plus largement « ethnique » ou de « l'origine » (Noiriel, 2001, Felouzis, 2008). Enfin, nous explorerons les voies pour sortir de la tension à laquelle est confrontée la politique de préscolarisation entre impératif (recherche) de qualité et d'efficience et risque de stigmatisation des populations qu'elle cible.

Références bibliographiques

Felouzis G., (2008). Les catégories ethniques en sociologie : éléments pour un débat, Revue Française de Sociologie, n° 1, p. 127-132.

Ministère de l'éducation Nationale (2013). Les élèves du premier degré à la rentrée 2013: un effort pour la scolarisation à deux ans dans l'éducation prioritaire, Note d'information n°13-33

Noiriel G. (2001). Etat, nation et immigration. Vers une histoire du pouvoir.Paris: Belin

OCDE (2014). Résultats du PISA 2012 : Savoirs et savoir-faire des élèves: Performance des élèves en mathématiques, en compréhension de l'écrit et en sciences, vol 1, PISA : ed. OCDE

OCDE (2014). La préscolarisation est-elle accessible à ceux qui en ont le plus besoin ? PISA à la loupe, n°6

OCDE (2015). Regards sur l'éducation 2015 : Les indicateurs de l'OCDE. Ed. OCDE

Perroton J. (2000). L'exemple des relations école-familles à travers la mise en place d'un dispositif de médiation. VEI enjeux, n° 121, p. 130-147.


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