4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Confiance et entrée en relation
Hubert Vincent  1@  
1 : Centre interdisciplinaire de recherches sur les valeurs, les idées, les identités et les compétences en Éducation et en formation EA 2657  (CIVIIC)  -  Site web
Université de Rouen : EA1657
Université de Rouen -  France

Confiance et entrée en relation

 

Cette proposition collective est issue d'un groupe de travail interdisciplinaire (sciences de l'éducation, psychologie, philosophie et sociologie) mis en place à l'université de Rouen depuis une année. Il a pour objet d'étude, entre autres, la confiance dans le cadre des relations interpersonnelles, et en particulier dans le cadre des relations asymétriques. Le problème tient ici au fait que, s'il y a du sens à dire que la relation de confiance dépend de nous, en même temps elle semble bien irréductible à tout « faire », toute fabrication, et en un sens à toute intentionnalité. On dirait ainsi mieux en disant qu'elle est l'œuvre commune des deux partenaires, où interfèrent tant - les attitudes du corps et les manières d'être de chacun, - l'environnement matériel et spatial où chacun se situe, - les discours et les paroles de chacun autant que l'évolution de ces composantes. Et pas plus qu'elle peut être « faite », pas plus n'est elle donnée : elle doit être comprise comme l'effet d'une genèse elle-même métastable et évolutive.

Notre groupe de travail, au croisement de plusieurs recherches et disciplines, a pour objet ces modes d'articulation de ces trois composantes (le lieu, les attitudes, la parole) ainsi que la juste compréhension des raisons qui font que la confiance ne peut être « faite ».

 

Dans ce cadre ainsi dessiné, l'objet du symposium sera d'examiner ce qu'il en est de « l'entrée en relation ». Qu'est-ce donc, pour des professionnels du soin, de l'enseignement, de la formation, du travail social et de l'interaction clinique, qu'entrer en relation et pourquoi est-il important d'avoir une attention spécifique à ce moment ?

On prendra comme hypothèse l'idée que le souci qui doit sur ce point orienter l'activité, loin de se réduire à l'adaptation réciproque ou au souci d'apprivoiser l'autre, a pour sens d'instituer un espace et un temps où la différence, l'incertitude, les occasions de rencontre mais aussi les opacités et les différences puissent avoir lieu. Loin donc de viser la compréhension ou une adaptation générale, il s'agit d'instaurer un espace de différences où la relation comme telle puisse advenir, autant que ses aléas et par là même donner lieu à une confiance réciproque. C'est précisément en fonction d'un tel cadre non transparent et aléatoire, que quelque chose comme la confiance peut avoir lieu.

Les différentes contributions de ce symposium chercheront à formaliser de façon générale le problème ainsi posé, et à l'examiner plus spécifiquement selon la diversité des terrains envisagés autant que des acteurs qui s'y situent ou y sont situés.

 

La question à laquelle que ce symposium entend poser est la suivante : qu'est-ce que cet espace et ce temps ouvert fait proprement advenir et pourquoi ce seul souci de l'entrée en relation ainsi défini donne bien la mesure de toute entreprise éducative et formative ainsi que de toute confiance, tant dans le rapport au savoir que dans les rapports interpersonnels ? Pour dire autrement et plus positivement cette question, on dira la chose suivante : la confiance n'est que et ne s'institue que comme un certain espace de jeu ou de différences, d'initiatives et de reprises d'initiatives où entrent en rapport tant des individus que des savoirs ou des savoirs-faire : comment ce jeu s'ouvre-t-il, qu'est-ce qui menace son ouverture, quelles relations sont-elles rendues possibles par cette différence ? C'est dire que la confiance n'est ni une relation strictement personnelle, ni une relation relevant de la présence ou de l'absence : l'expérience de l'incertitude et de la différence lui est essentielle. C'est à ce point que l'on peut situer l'enjeu éducatif.

 

Hubert Vincent, dans une tradition philosophique, propose une analyse conceptuelle de la notion de confiance et le développement de problème de l'entrée en relation. Emmanuelle Brossais s'appuie sur une étude empirique auprès d'élèves de lycée professionnel pour comprendre la relation de confiance qui se noue entre élèves et enseignant. Pablo Buznic étudiera 1. Les figures de la responsabilité, telles qu'elles se manifestent chez des enseignants débutants en EPS qui entrent pour la première fois en relation avec des élèves ; 2. Les filtres de la rencontre, tels qu'ils peuvent se manifester dans l'entrée en relation de professeurs des écoles et d'animateurs. Nicolas Guirimand étudiera La consultation d'annonce de cancer en ce qu'elle interroge plusieurs niveaux de confiance dans la relation soignant-soigné : la confiance interpersonnelle et la confiance intégrante (Lorenz, 2001) ainsi que la confiance par confidence (Luhmann, 2001).

 

Intervenants

- Emmanuelle BROSSAIS, (Toulouse)

- Pablo BUZNIC – BOURGEAC (Caen)

- Nicolas GUIRIMAND (Rouen)

- Hubert VINCENT (Rouen)


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