4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Comment augmenter la part des femmes dans les études supérieures d'informatique : analyse comparative de deux stratégies d'inclusion
Isabelle Collet  1@  , Chantal Morley  2, *@  
1 : Université de Genève - IUFE
Unimail - 40 bd du Pont d'Arve - CH 1211 Genève 4 -  Suisse
2 : Télécom Ecole de Management
Télécom Ecole de Management
* : Auteur correspondant

Depuis une trentaine d'années, la part des femmes dans les filières de formation en lien avec les technologies de l'information et de la communication est en nette régression. Cette situation est le résultat d'une exclusion massive (Abbate, 2012), due à la fois aux politiques de gestion des ressources humaines des années 1970-1980, à l'invisibilisation des femmes dans ce domaine académique et à l'irruption du micro-ordinateur dans la société, comme symbole de pouvoir alimentant les représentations de la masculinité hégémonique (Connell, 2014). L'exclusion des femmes du domaine informatique est donc historiquement construite.

Le marché du travail ayant un besoin important de spécialistes en informatique, les femmes sont maintenant perçues comme un vivier de compétences peu exploitées qui pourrait être la solution à une pénurie annoncée d'informaticien-ne en Europe. Parmi les différents programmes d'inclusion de femmes qui ont été mis en place au niveau de l'enseignement supérieur, deux ont attiré notre attention, en raison de leur succès manifeste : Women@SCS à la Carnegie Mellon University et Women in computer Initiative à la Norwegian University of Science and Technology (Berg, 2002 ; Margolis & Fischer, 2002). Dans les deux cas, ces universités sont partis d'un pourcentage de femmes dans leur filière informatique comparable aux moyennes nationales (environ 10%) pour atteindre l'année qui a suivi la mise en place des mesures plus de 30%.

Les comptes-rendus de ces initiatives constituent notre corpus de recherche. Nous avons cherché à comparer les prémices épistémologiques qui sous-tendent ces programmes, les moyens mis en œuvre pour attirer, recruter, socialiser les étudiantes, et les transformations que ces initiatives ont produites sur la culture des écoles.

 

Bibliographie

Abbate, Janet (2012). Recoding Gender. Women's changing participation in Computing. MIT Press.

Berg Vivian (2002). «Squares and Circles: Getting Women into Computer Science». STS Working Paper 9/02, NTNU.

Connell, Raewyn (2014). Masculinités, Paris : Amsterdam

Margolis Jane, Fisher Allan (2002). Unlocking the Clubhouse: Women in Computing. Cambridge, MIT Press.

 

Liens avec le thème transversal : à quelles questions cherchons-nous à répondre ?

Les politiques incitatives pour augmenter la part des femmes dans les sciences et techniques font l'objet de beaucoup de discours incantatoires et de projets éphémères. Si les démarches sont de bonne volonté, les fondements épistémologiques qui permettent de les produire sont parfois faibles. Dans certains cas, ils s'enracinent volontairement ou non dans une naturalisation des catégories de sexe, justifiant une approche essentialiste ou soumise aux déterminants sociaux. Pour autant, la pertinence épistémologique, critère fondamental pour les chercheur-e-s, se heurte parfois au critère de la performance à court terme de la mesure, largement pris en compte par les instances de pilotage des actions.

 


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