4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Quand excellence rime avec performance, quelle place pour le genre dans les politiques éducatives ?
Nadine Plateau  1, 2, *@  
1 : Commission enseignement CFFB (Conseil des femmes francophones de Belgique)
*
2 : Commission enseignement du Conseil des femmes francophones de Belgique
* : Auteur correspondant

En 2014, le gouvernement de la Fédération-Wallonie-Bruxelles a décidé d'entamer un processus de réflexion participatif autour d'un «Pacte pour un enseignement d'excellence» avec un double objectif : améliorer les performances du système éducatif et réduire les inégalités qui impactent la réussite dans l'enseignement obligatoire.

Ma communication qui utilise le genre comme catégorie d'analyse portera sur les textes produits depuis 2015 par les groupes de travail participant à l'élaboration de cette réforme.

J'examinerai d'abord comment la dimension de genre est prise en compte dans ces textes : absente de la majorité des données statistiques et traitée à part dans un paragraphe ou un sous-chapitre.

Mon hypothèse est que les concepts d'excellence et de performance qui inspirent le Pacte ne permettent pas de repérer et de comprendre les mécanismes subtils de discriminations multiples et de les combattre.

La question des inégalités entre les élèves est en effet le plus souvent traitée sur base de l'indice socio-économique et liée à la performance depuis que les rapports PISA ont démontré le lien entre résultats scolaires et inégalités sociales. Je montrerai que cette approche occulte l'imbrication des discriminations liées au sexe, au milieu social, à l'appartenance ethnique ou culturelle, à la préférence sexuelle.

J'aborderai ensuite la prise en compte du genre dans la profession enseignante telle qu'elle apparaît dans les rapports des groupes de travail. Les données quantitatives ne sont pas ventilées par sexe et la question des inégalités entre femmes et hommes dans le système éducatif (ségrégation horizontale et verticale) pourtant bien documentée par des études récentes est absente des préoccupations alors même que les rapports du Pacte enregistrent l'évolution du système d'enseignement d'une logique bureaucratico-professionnelle vers une logique de pilotage et d'évaluation externe. Je tenterai d'établir que cette tendance qui accentue le clivage entre une élite administrative et techno-pédagogique d'une part et les travailleurs, majoritairement des travailleuses, de terrain sera défavorable aux enseignantes.

 

Lien avec le thème transversal :

Depuis une trentaine d'années, une réflexion et une pratique collectives au sein de l'associatif tente de mettre la question du genre à l'agenda de la communauté éducative, responsables politiques compris. Des savoirs ont été produits dans ce contexte avec pour objectif la transformation sociale tant de l'école que du discours sur l'école. L'intégration de la dimension de genre dans le système éducatif est en effet un enjeu essentiel pour celles et ceux qui refusent la compétition et la marchandisation actuelles et cherchent des alternatives.

Le point de vue engagé (féministe, antiraciste, anticapitaliste) revendiqué de l'analyse découle d'un constat (inégalités toujours présentes mais sous de nouvelles formes) et vise un changement.

Références bibliographiques

Delvaux, B., Albarello , L., Bouhon, M., (Eds) (2015,). Réfléchir l'école de demain. Louvain-la-Neuve : De Boeck. 

Estripeau-Bourjac. M., Sembel, N. (Eds). (2014). Femmes, travail, métiers de l'enseignement. Rapports de genre, rapports de classe. Presses universitaire de Rouen et du Havre.

Mosconi, N. (1994). Femmes et savoir : la société, l'école et la division sexuelle des savoirs. Paris : L'Harmattan.

 


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