Conformément à la position de Villette (2004), nous considèrerons que la finalité du stage est d'apprendre sur le terrain et par une attitude réflexive ce qui ne peut être appris ailleurs. Mais qu'y a-t-il à apprendre ? De façon schématique, on peut dire que le stagiaire est confronté à deux questionnements : l'un sur le monde du travail en général et l'autre, plus technique, en rapport avec ce qui constitue la spécificité de sa formation. Ici, nous nous intéresserons surtout aux connaissances sur le monde du travail en général. Notre démarche empirique consistera à comparer l'apprentissage qui ressort de deux dispositifs différents : le stage et les séances de travaux dirigés.

Une étude empirique antérieure, basée sur l'analyse de rapports de stage ouvrier dans une école d'ingénieurs, a fait ressortir qu'avant l'expérience en entreprise, les aspects techniques du travail seraient peu connus et les aspects collectifs et systémiques seraient sous-estimés. Une nouvelle étude empirique est réalisée auprès d'étudiants en école d'ingénieurs. Les étudiants ont indiqué par écrit ce qui, selon eux, peut être appris en stage, ils ont répondu à cette question avant puis après leur stage ouvrier.

Une étude empirique est aussi réalisée auprès d'étudiants en gestion en IUT. Dans l'esprit d'une didactique basée sur les écrits scolaires (Cariou, 2010), il a été demandé à ces étudiants de faire une synthèse écrite de ce qui les avait étonnés durant des travaux dirigés d'initiation au management suivis en début de cursus, donc avant tout stage, ces séances ayant elles-mêmes été interactives (place importante accordée au débat et aux questionnements). Cette étude fait ressortir qu'une compréhension nuancée du monde du travail peut être acquise à travers ce dispositif, rejoignant en partie les acquisitions constatées chez les élèves-ingénieurs à l'issue du stage ouvrier : l'affirmation d'une prise en compte des aspects collectifs du travail et des phénomènes de régulation.

Ces résultats laissent penser que certaines connaissances présentées habituellement comme ne pouvant être acquises que sur le terrain peuvent en réalité l'être en classe. La confusion sur ce qui peut être appris durant le stage proviendrait de la tendance à attribuer au stage des objectifs autres que l'apprentissage, ce qui ferait perdre de vue que le stage et l'enseignement en classe ont une finalité commune. La singularité du stage étant d'aller sur le terrain, la finalité de ce dispositif serait avant tout de compléter et d'enrichir l'apprentissage qui peut déjà être effectué dans le cadre d'un enseignement plus traditionnel mais interactif, encore faudrait-il avoir une vision claire de ce qui peut être appris en classe. Autrement dit, la réflexion sur les stages ne peut pas être dissociée de celle sur l'enseignement dispensé en classe. Ainsi, une didactique des stages pourrait être articulée au développement des didactiques disciplinaires (ici, l'enseignement du management) en cohérence avec les avancées en didactique professionnelle (Pastré, 2011).

Bibliographie

Cariou D. (2012), Écrire l'histoire scolaire : quand les élèves écrivent en classe pour apprendre l'histoire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Collection Paideia

Pastré P. (2011), La didactique professionnelle : approche anthropologique du développement chez les adultes, Paris, Presses Universitaires de France, Collection Formation et pratiques professionnelles

Villette M. (2004), Guide du stage en entreprise, De la recherche du stage à la rédaction du mémoire, Paris La Découverte, Collection Guides Repères, 3e édition.