Communication insérée dans le symposium intitulé
« Développement des « éducations à » et acculturation scientifique ».
Résumé
Cette communication s'inscrit dans un ensemble de recherches qui visent à interroger les conditions pour qu'un enseignement scientifique soit formateur et contribue au développement des élèves. C'est plus particulièrement la signification épistémologique et didactique des liens entre cet enseignement et les questions d'éducation à la santé qu'elle questionne.
En effet la mise en avant des « éducations à » dans les programmes scolaires (français et européens) fournit aux enseignements de biologie de nouvelles formes de justification. Les apports de ces enseignements aux éducations à la santé et au développement durable, par exemple, semblent en effet aller de soi parce qu'ils répondent à une demande sociétale et sont en lien avec la vie des élèves. Nous voulons questionner cette évidence et notamment la compatibilité, dans le domaine de la nutrition, entre un enseignement porteur de savoir, tel qu'Astolfi (2008) le réclame, et les visées des éducations à la santé.
Le cadre didactique et épistémologique de cette analyse est celui de l'apprentissage par problématisation (voir par exemple, Orange Ravachol & Beorchia, 2011) qui pose, en référence à Bachelard et à Canguilhem, que les savoirs scientifiques scolaires, pour être formateurs et émancipateurs, doivent se construire en lien étroit avec des problèmes scientifiques. Qu'en est-il des enseignements qui relèvent des éducations à la santé ?
Dans l'espace restreint de cette communication, nous voulons d'une part étudier des savoirs enseignés scientifiques et d'autre part des enseignements concernant l'éducation à la santé de manière comparative et à l'aune de ce critère. Pour cela nous limiterons à l'étude de quelques manuels scolaires du primaire et du secondaire en ce qu'ils se réfèrent aux programmes et qu'ils représentent une mise en forme de l'enseignement qui recueille nécessairement, pour les plus courants, un certain accord des enseignants (par sélection pourrait-on dire).
Dans ces manuels organisés en double page « d'activités » (documents et questions) et en bilans (texte et schémas), nous étudierons les argumentations explicites ou implicites convoquées par les « activités » pour arriver à ces bilans, dans le but de dégager la signification des savoirs sur la nutrition qu'ils dénotent, les liens de ces savoirs avec des problèmes scientifiques et de discuter les relations entre les savoirs et les aspects d'éducation à la santé.
Bibliographie
Astolfi, J.-P. (2008). La saveur des savoirs. Paris : ESF.
Buty, C. & Plantin, C. (2008). Argumenter en classe de sciences. Lyon : INRP.
Orange Ravachol, D. & Beorchia, F. (2011) Principes structurants et construction de savoirs en sciences de la vie et de la Terre. Education & didactique. 5, 1, 7-28.