Dans le cadre de l'Ecole comme dans celui des éducations non formelles, les « Educations à » se développent au point de prendre une place de plus en plus grande dans la formation et l'éducation scientifiques. Il ne s'agit plus seulement de faire que les élèves s'approprient des savoirs scientifiques. Il faut les conduire, selon les préconisations officielles, à devenir des citoyens éclairés, capables de prendre en charge des problèmes complexes et de faire des choix d'actions. Or ces problèmes font l'objet de débats au sein de la communauté scientifique, et ils ne se concrétisent pas totalement en des savoirs stabilisés (Fabre & al., 2014). De plus, s'ils concernent la société, ils y provoquent des débats et des confrontations d'opinions, en même temps que s'expriment de fortes attentes de solutions (Legardez & Simonneaux, 2006, 2011). Ainsi en est-il par exemple du problème du réchauffement climatique, de la prévention de l'obésité, de la gestion des déchets, etc.

Dans ce contexte, les liens entre « éducations à » et entrée dans une culture scientifique sont complexes et leur inscription dans des curriculums peut même conduire à des contradictions ou, à tout le moins, à des tensions. Nombreux sont les champs de recherche (Sciences de l'éducation, Philosophie de l'éducation, Didactiques, Information et Communication, etc.) qui, portant attention aux questions d'« éducation à » et/ou d'acculturation scientifique, peuvent contribuer au travail de ce problème (Fabre, 2011 ; Pagoni & Tutiaux Guillon, 2012). Comment chacun de ces champs s'empare-t-il de ces questions ? La tension entre « éducation à » et acculturation scientifique y est-elle également perceptible et prend-elle la même forme ? 

De façon à permettre au mieux les comparaisons et les discussions, les présentations et les échanges porteront sur le domaine de la nutrition : éducation à la santé et nutrition / problématisation scientifique des fonctions de nutrition. En privilégiant une approche plurielle (sciences de l'éducation : didactique des sciences, philosophie de l'éducation ; information et communication), ils permettront de questionner :

- les tensions dans lesquelles se trouve l'Ecole, entre « Educations à » et transmission de valeurs (communication 1) ;

- les formes de discours de l'éducation nutritionnelle et leurs liens avec la construction de savoirs tels qu'ils s'expriment au travers des manuels scolaires, actuellement et depuis plusieurs dizaines d'années (communications 2 et 3) ;

- des pratiques d'enseignants (école élémentaire) contraints de conjuguer construction de savoirs scientifiques, éducation au choix et appropriation de normes (communication 4) ;

- enfin les liens qui se tissent entre Ecole, politiques publiques de nutrition et discours marchand des entreprises agro-alimentaires (communication 5).

Communications du symposium

1. Les "éducations à" : sens et usages des valeurs dans les établissements du second degré

2. Qu'est-ce que s'y connaître en nutrition humaine ? En quoi est-ce formateur ?

3. Analyse didactique de manuels scolaires en sciences de 1938 à aujourd'hui : l'exemple de la nutrition

4. Education nutritionnelle, construction de savoirs et de normes : des pratiques enseignantes sous tensions

5. De la publicité à la communication pédagogique : enjeux publics et intérêts privés autour de l'alimentation en milieu scolaire

Bibliographie

Fabre, M. (2011). Eduquer pour un monde problématique. Paris : PUF.

Fabre, M., Weil-Barais, A. & Xypas, C. (dir.)(2014). Les problèmes complexes flous en éducation. Bruxelles : de Boeck.

Legardez, A. & Simonneaux, L. (coord.)(2011). Développement durable et autres questions d'actualité. Dijon : Educagri éditions.

Legardez, A. & Simonneaux, L. (coord.) (2006). L'école à l'épreuve de l'actualité. Paris : ESF éditeur.

Pagoni, M. & Tutiaux Guillon, N. (coord.)(2012). Les éducations à... Quelles recherches, quels questionnements ? Spirale, n°50.