En prenant comme objet d'étude un projet partenarial mis en œuvre entre des écoles primaires et une association sportive, cette recherche vise à analyser les facteurs susceptibles de favoriser chez les élèves l'acquisition de compétences sociales et civiques conduisant vers un comportement autonome.

Le projet intitulé « Enfant USEP aujourd'hui, citoyen de demain » (USEP : Union scolaire de l'Enseignement du Premier degré) constitue le support d'une étude longitudinale que nous avons conduite de juin 2013 à juin 2014. En initiant et en impliquant les enfants dans la vie associative et en les conduisant à la prise en charge de la préparation et de la mise en œuvre d'une activité sportive, ce projet éducatif (Figari, 2011) avait pour finalité de leur faire acquérir un ensemble de compétences sociales et civiques telles que l'autonomie et l'esprit d'initiative définies dans le Socle Commun (Ministère de l'Éducation nationale, 2006).

Dès lors que l'association USEP, conceptrice du projet et les classes concernées sont en partenariat pour « résoudre un problème reconnu comme commun, dans un ensemble de synergies et d'intérêts organisés » (Mérini, De Peretti, 2002), il s'agit d'analyser, d'une part la place de la coopération, c'est-à-dire en quoi « les enseignants agissent ensemble, opèrent ensemble et ajustent en situation leur activité professionnelle » (Marcel, 2007, p.11), d'autre part comment la dévolution (Brousseau, 1990) à l'élève d'un problème dont la résolution vise à développer chez l'élève l'acquisition de l'esprit d'initiative et d'autonomie a été opérationnalisée par les différents acteurs.

En mobilisant ce cadre théorique composite, nous nous demandons en quoi ce partenariat écoles-association peut favoriser chez les élèves l'acquisition de compétences sociales et civiques, les conduisant vers un comportement autonome. 

 Cette étude longitudinale a concerné trois classes situées dans trois communes différentes. Soixante élèves et quatre acteurs adultes étaient impliqués : les trois enseignants des trois classes et le président du Comité Départemental de l'USEP.

Pour cette étude de cas, nous avons choisi d'adopter une pluralité de méthodes de recueil de données renvoyant pour certaines, à un recueil d'éléments factuels observés, pour d'autres, au discours des différents acteurs impliqués.

Trois techniques ont été employées :

• L'observation qui s'est appuyée :
• d'une part sur un recueil documentaire constitué d'artefacts (Rabardel, 1995) produits par le partenaire USEP, initiateur du projet, ainsi que de documents réalisés par les enseignants et les élèves au cours de ce projet.
• d'autre part sur une observation in situ le jour de la rencontre sportive finale entre les différentes classes impliquées.
• Le questionnaire composé de questions ouvertes administré au début et à la fin du projet pour recueillir les représentations initiales et finales des élèves relatives à huit concepts en lien avec la vie associative.
• Les entretiens semi-directifs conduits par nos soins dans les écoles, après la rencontre, auprès des enseignants et du président de l'USEP. Ces entretiens cherchaient à mettre en évidence les ajustements apportés par les enseignants au projet initial ainsi que les freins, les limites et les contraintes inhérents à sa mise en œuvre. Ils visaient aussi à faire émerger chez ces acteurs adultes, les représentations du concept de coopération dans ses différentes dimensions.

Cette étude bien que limitée à trois classes a permis de montrer en quoi un partenariat entre une association sportive et des classes de l'école primaire de niveaux différents a pu favoriser chez les élèves l'acquisition de compétences sociales et civiques.

En premier lieu, il ressort que le cadrage initial du projet par le partenaire a pu jouer un rôle déterminant dans l'acquisition par les élèves des compétences visées. Toutefois, ce cadre sécurisant doit ménager des espaces de liberté que l'enseignant et les élèves sont susceptibles d'investir.

En second lieu, la dévolution aux élèves d'un problème à résoudre et l'acceptation par l'enseignant de cette nécessité constituent un élément central du projet. Cette dévolution a pu être favorisée par la coopération entre les acteurs impliqués dans le projet ainsi que par la présence d'un expert extérieur à la classe, présence qui a permis à l'enseignant de confier le pouvoir de décision aux élèves. Les négociations relatives à ces prises de décisions ont alors été menées avec l'expert. La nature virtuelle de ces échanges et la nécessité de rédiger questions et réponses ont conduit à une meilleure réflexion et à une meilleure argumentation de la part des élèves.

À quelles questions cherchons-nous réponse ?

Nous porterons un regard réflexif sur les enjeux et les destinataires des résultats de cette recherche, en analysant le contexte sociétal où prévaut très souvent l'individualisme, le contexte scolaire dans lequel le secteur associatif est partie intégrante de la communauté éducative et notre contexte professionnel de formation des futurs enseignants qui auront ainsi à tisser des liens avec les partenaires de l'école pour conduire l'élève vers l'acquisition de compétences sociales et civiques.

Références :

Marcel J.-F., Dupriez V., Périsset-Bagnoud D., Tardif M. (dir.). (2007). Coordonner, collaborer, coopérer : de nouvelles pratiques enseignantes. Bruxelles : De Boeck

Mérini C. (1995). Entre savoir scolaire et pratiques sociales : le partenariat à l'école. Spirale, 16, p. 169-184.

Zay D. (dir.). (1999). Enseignants et partenaires de l'école : démarches et instruments pour travailler ensemble. Bruxelles : De Boeck