4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Enseignement de la compréhension en lecture et inégalités scolaires : une étude au cours préparatoire
Marie-France Bishop  1, *@  , Jacques Crinon * @
1 : EMA
Université Cergy Pontoise
* : Auteur correspondant

À partir de données tirées de la recherche « L'influence des pratiques d'enseignement de la lecture et de l'écriture sur la qualité des apprentissages au cours préparatoire », dont les buts, la méthodologie et quelques résultats marquants seront présentés dans ce symposium par une autre communication, nous nous intéresserons ici plus spécifiquement à l'enseignement de la compréhension en première année de l'école élémentaire et à ses effets.

Cette communication décrira les tâches de compréhension proposées aux élèves dans les 131 classes de cours préparatoire observées, présentera les « budgets temps » consacrés à ces tâches, qui se révèlent très hétérogènes d'une classe à l'autre, mais généralement limités, et mettra en évidence l'augmentation du temps accordé à ces tâches au cours de l'année. Elle soulignera également l'importance accordée précocement aux tâches écrites dans ce domaine.

Elle mettra ensuite en rapport le temps consacré à ces tâches et les progrès des élèves, évalués à partir des épreuves auxquelles nous les avons soumis en début de CP (prétest) en fin de CP (post-test) et en fin de CE1 (post-test différé), et montrera leur faible lien statistique. Contrairement par exemple à ce que nous avons observé pour l'écriture, le poids du facteur scolaire est ici très faible, alors que le poids du facteur origine sociofamiliale est particulièrement important.

Elle s'attachera enfin, par une analyse qualitative, à décrire les caractéristiques des classes qui réussissent à faire progresser les élèves en compréhension, et en particulier les élèves les plus en difficulté en début de CP et les élèves d'origine populaire.

Il s'agira donc d'une part de décrire à nouveau frais, à propos de la compréhension en lecture, question très sensible pour la suite du parcours scolaire des élèves, et sur le cas du cours préparatoire, les mécanismes par lesquels l'école, loin de réduire les inégalités sociales de réussite, contribue à les aggraver (Bautier & Goigoux, 2004 ; Lahire, 2008), d'autre part d'identifier des pratiques, certes minoritaires, susceptibles au contraire de faire progresser tous les élèves, et de confronter celles-ci aux résultats de la recherche internationale sur le sujet (Duke & Martin, 2015 ; Elleman et al., 2009).

 

Cette communication permettra d'introduire une réflexion sur le rapport entre les exigences épistémologiques de la recherche et les demandes sociales des terrains et des politiques, soucieux l'un comme l'autre que la recherche puisse déboucher rapidement sur des recommandations.

 

Références

 

Bautier, É. & Goigoux, R. (2004). Difficultés d'apprentissage, processus de secondarisation et pratiques enseignantes : une hypothèse relationnelle. Revue Française de Pédagogie, 148, 89-100.

 

Duke, N. K. & Martin, N. M. (2015). Best practices for comprehension instruction in the elementary classroom. In S. R. Parris & K. Headley (eds.), Comprehension instruction (pp. 211-223). New York-London: The Guilford Press.

 

Elleman, A. M., Lindo, E. J., Morphy, P. & Compton, D. L. (2009). The impact of vocabulary instruction on passage-level comprehension of school-age children: A meta-analysis. Journal of Research on Educational Effectiveness, 2, 1-44.

 

Lahire, B. (2008). La raison scolaire. Rennes : PUR.

 

 

 

 


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