4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Réfléchir à l'encadrement aux cycles supérieurs : oui, mais par quel chemin?
Constance Denis  1@  , Christelle Lison  1@  
1 : Université de Sherbrooke  (UdeS)
2500 boul. de l'Université, Sherbrooke, Québec, Canada J1K 2R1 -  Canada

Encadrer des étudiants au doctorat ou être soi-même doctorant nous amène forcément à questionner cette sphère occulte qu'est l'encadrement. Comment savoir si l'on encadre bien ou si l'on est bien encadré? Comment aborder ces questions sans donner l'impression que l'on n'est pas capable de le faire ou que l'on doute de la qualité de notre équipe de direction? Si ces questions sont délicates, elles sont néanmoins essentielles pour toute personne qui entame et poursuit des recherches doctorales ainsi que pour toute société qui investit financièrement dans un tel parcours. En effet, plusieurs auteurs soulignent que l'encadrement à la recherche constitue la condition sine qua non pour un doctorat réussi, et ce, dans des délais raisonnables (Gemme & Gingras, 2006; Gérard, 2010; Halse & Malfroy, 2010; Hammond, Ryland, Tennant, & Boud, 2010). Toutefois, les rôles du directeur de recherche et celui des autres membres de l'équipe de direction demeurent ambigus, plus encore lorsque ces questions n'ont pas été abordées dès le début... Par ailleurs, force est de reconnaître que la relation d'encadrement se développe et évolue au fil du temps, mais aussi au gré des gens qui la constituent, laissant place à l'interprétation et l'initiative. Or, si pour certains, la tâche d'encadrement paraît facile, pour d'autres, elle semble constituer la tâche la plus complexe dans laquelle puisse s'engager un professeur (Conell & Manathunga, 2012; Prégent, 2001), et ce, sans formation spécifique préalable. Si ces questionnements nous semblent légitimes, ils commencent toutefois à peine à être réellement explorés sur la scène mondiale (Turner, 2015). Par ailleurs, le contexte dans lequel s'inscrivent ces recherches rapporte principalement des expériences d'encadrement individuelles. Pourtant, différentes modalités s'offrent aux étudiants et aux professeurs : individuelle, dyadique, triadique, voire même groupale. Si certains bénéfices peuvent découler d'une modalité autre qu'individuelle – plus de commentaires de différentes sources, partage des responsabilités, mentorat, etc. –, il ne faut pas perdre de vue les inconvénients potentiel – délais, contradictions, difficultés à planifier les rencontres ou la vision commune (McAlpine & McKinnon, 2012; van Biljon & de Villiers, 2013; van Biljon, 2011). Or, il apparaît qu'étudiants et directeurs se posent relativement peu de questions à cet égard, reproduisant ce qu'ils ont vécu par le passé. Ceci ne nous paraît pas surprenant dans la mesure où d'une part, il existe un certain malaise à aborder la question de la relation d'encadrement, qui s'inscrit d'une certaine manière, dans une sphère privée, et d'autre part, les chercheurs qui s'y intéressent se retrouvent face à une forme de vide conceptuel, sans cadre établi et reconnu. Considérant cela, l'un des objectifs de notre recherche est de mieux comprendre l'encadrement afin de l'améliorer par l'établissement des prémisses d'un cadre de recherche. Si pour ce faire, l'étude de cas, accompagnée d'entrevues et de questionnaires qualitatifs, semble appropriée, nous nous devons d'avouer que la formulation même de la question de recherche s'avère plus complexe. Comment atteindre le cœur d'une problématique jugée délicate tant par les étudiants que par les professeurs afin de faire avancer les connaissances, tant du point de vue de la recherche que de la pratique effective d'encadrement aux cycles supérieurs? Malgré les difficultés, nous croyons que les résultats de notre recherche permettront de favoriser le développement et l'amélioration des formations en encadrement aux cycles supérieurs qui s'avèrent, pour le moment, absentes ou ancrées dans la dimension administrative ou institutionnelle, laissant ainsi de côté les dimensions scientifique et relationnelle, intellectuelle (Gérard, 2009; Jutras, Ntebutse, & Louis, 2010). Or, ces dimensions nous paraissent d'autant plus essentielles que l'engagement, la persévérance et l'abandon aux cycles supérieurs sont des questions préoccupantes pour les établissements d'enseignement supérieur et la formation de la relève académique de ces mêmes institutions.



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