Dans le cadre de l'approche socio-anthropologique (Charlot 1997), le rapport au savoir de Professeurs des Ecoles (PE) en France est exploré pour deux disciplines différentes, les mathématiques et la physique selon une même méthodologie, des entretiens semi-directifs. L'objectif est de déterminer en quoi l'étude du rapport au savoir de ces enseignants permet de comprendre leur engagement à enseigner les mathématiques et la physique. Alors que l'approche de Charlot est centrée sur l'élève, la focalisation sur l'enseignant conduit à ajouter une autre perspective, le rapport à « l'enseigner » (Maizières 2011). L'analyse des entretiens permet de caractériser la dimension épistémique et la dimension identitaire du rapport au savoir en mathématiques et en physique, modulées par la dimension sociale (Mornata 2015). La dimension épistémique concerne l'action engagée lors de l'appropriation du savoir scolaire en jeu mais aussi lors de l'enseignement de ce savoir (Maizière 2011). La dimension identitaire représente le sens et la valeur que l'enseignant accorde au savoir (Mornata 2015, Maizière 2011).
Nous cherchons à caractériser la mobilisation à enseigner les mathématiques et la physique, de Professeurs des Ecoles qui sont des enseignants polyvalents. Quel lien y a t-il entre le rapport aux savoirs en sciences et les démarches pédagogiques ? Y a-t-il des points de comparaison ? Ceux-ci peuvent-ils constituer une aide à la conception de formations ?
Deux études séparées, l'une sur le rapport au savoir en physique (Decroix&Kermen 2016), l'autre sur le rapport au savoir en mathématiques, qui font l'objet des deux premières communications du symposium, nous ont permis de dégager des points communs. Nous avons relevé la préoccupation de faire construire aux élèves des compétences transversales qui ne leur soient pas utiles qu'en mathématiques ou en physique ; une stratégie « d'évitement » (Maizière 2011) qui conduit les enseignants à déléguer ce qu'ils ne veulent pas enseigner ou à hiérarchiser les contenus à enseigner. Quelques enseignants sont conscients des liens qu'ils pourraient faire entre les différentes disciplines mais ils ne cherchent pas nécessairement à les expliciter aux élèves. Certains se préoccupent de trouver des activités qui permettent aux élèves de rattacher le thème enseigné à la vie quotidienne.
Quelques études de cas significatives portant sur l'analyse des rapports au savoir en mathématique et en physique d'un même enseignant seront décrites et discutées lors de la présentation. La recherche est en cours mais permettra de proposer des éléments de réponse pour interpréter la pratique des Professeurs des Ecoles (phénomène complexe) à partir de deux angles disciplinaires différents selon l'approche socio-anthropologique du rapport au savoir.
Charlot, B. (1997). Du rapport au savoir, éléments pour une théorie. Paris : Anthropos.
Decroix, A.-A. & Kermen, I. (2016). Rapport au savoir en physique-technologie des Professeurs des écoles. Neuvièmes rencontres scientifiques de l'ARDIST, Lens 30,31 /03 et 1/04 2016.
Maizières, F. (2011). Rapport au savoir musical des professeurs des écoles et pratiques d'enseignement : un transfert parfois complexe. Éducation et didactique, 5(2), 53-64.
Mornata, C. (2015). Le rapport au savoir des enseignants : complémentarité des dimensions épistémiques, identitaires et sociales. In V. Vincent & M.-F. Carnus, Le rapport au(x) savoir(s) au cœur de l'enseignement. Enjeux, richesse et pluralité. (pp.75-86). Bruxelles : De Boeck.