Le développement des formations en alternance dans les universités renvoie à la problématique de l'apprentissage orienté vers l'agir professionnel versus l'analyse de cet agir. Comment apprendre du et au travail ? Qu'apprendre de l'expérience ? A quelles conditions la remobilisation de celle-ci dans le cadre de dispositifs de formation constitue-t-elle le gage d'un véritable développement professionnel ? En soutien à ce développement, les dispositifs de formation universitaire sollicitent l'écriture réflexive à des fins de professionnalisation, souvent envisagée comme un processus permettant aux individus de construire dans la durée une identité et une compétence professionnelle.

Au-delà des divergences des théories, réflexions et pratiques en matière d'apprentissage en contexte d'alternance, bien des considérations sur les activités d'écriture professionnalisante, dans la littérature que nous avons explorée, se situent dans une approche subjectiviste. L'alternant, dûment accompagné, soutenu par des formes d'évaluation régulatrice et formatrice, est supposé se transformer progressivement en auteur ou en acteur, autonome et réflexif, capable de s'engager dans l'élaboration de ses savoirs en lien avec son action professionnelle. Les fonctions d'accompagnement tant à l'université qu'en entreprise (ou autres organisations) sont alors souvent envisagées sous l'angle rogérien et diverses métaphores sont souvent de mise à leur propos : compagnonnage, tutorat, parrainage, etc.

Si la plupart des études abordant la pédagogie de l'alternance soulignent la fonction formative de l'accompagnement pour aider l'apprenant à développer les dimensions réflexives, nous constatons cependant avec Oudart et Leclercq (2016) que les points de vue des enseignants à son égard restent souvent contrastés. Dans cette perspective, nous proposons dans notre contribution de mieux cibler le rôle de l'accompagnement de l'alternance à l'université, à partir de la mise en place d'un dispositif de recueils de données susceptible de fournir des clés de compréhension sur l'activité d'accompagnement.

Les propositions que nous ferons s'appuieront sur un matériau empirique constitué de six études de cas. Il s'agit de portfolios de développement professionnel réalisés par des étudiants suivant un Master en Formation des Adultes en alternance à l'université de Genève, au terme d'un stage de six mois. Nous nous centrerons notamment sur le dispositif d'accompagnement universitaire du stage, en montrant à quelles conditions il contribue, en interaction avec l'expérience de stage, à l'engagement des sujets dans leur apprentissage.