L'usage de cas ou d'exemples dans l'enseignement de la géographie à l'université semble être une pratique courante à l'université. Auréolés d'une évidente vertu pédagogique, le cas et l'exemple ne sont pas des dispositifs propres à l'enseignement de la géographie, ni même à la discipline en tant que tel. L'enseignement et la recherche en droit ou de la médecine s'appuie largement sur l'usage de cas alors qu'en sciences en mathématiques, ce sont des exemples qui sont déployés. Les pratiques d'enseignement peuvent s'appuyer sur l'épistémologie d'une discipline et sur des pratiques de recherche mais elles peuvent aussi être un héritage de pratiques pédagogiques antérieures. C'est qui nous a conduits à questionner comment les géographes prenaient en charge les cas et les exemples dans l'enseignement de leur discipline à l'université.

Deux hypothèses structurent ce questionnement :

• Hypothèse un : l'exemple et l'étude de cas font l'objet de pratiques disparates et l'usage des termes n'est pas fixe.
• Hypothèse deux : les usages de l'exemple et du cas sont une manière de convoquer certaines dimensions épistémologiques propres à la discipline à savoir le terrain pour l'enseignement de la géographie et le projet pour celui de l'aménagement.

Méthodologie :

Pour valider ces hypothèses, nous nous appuierons sur deux corpus. Le premier est constitué par l'ensemble des articles publiés dans une série de revues de géographie (l'Information géographique, l'Espace géographique, Cybergéo, Physiogéo et les Annales de géographie), dont le titre contenait le terme de cas et/ou d'exemple (en français ou en anglais). La recherche de ces articles a été réalisée par le biais des modes de recherche inclus dans les bases Cairn et Persée. Un second corpus est constitué de dix entretiens semi-directifs menés auprès de collègues enseignant-chercheur en géographie ou en urbanisme. Les collègues interrogés ne sont pas représentatifs de l'ensemble des enseignant-chercheurs de géographie en France. Le dispositif d'enquête est exploratoire. En revanche, nous avons essayé de prendre en compte la diversité des profils existants au sein de la profession : parité, diversité d'expérience, variété des spécificités disciplinaires. Les cinq questions posées sont :

_ Comment s'intègrent les exemples ou les cas dans vos enseignements ?

_ Pourquoi utilisez-vous les exemples ou les cas?

_ Pourriez-vous faire un cours sans exemple ou sans cas ? Pourquoi ?

_ Quand utilisez-vous les exemples ou les cas ?

_ Les exemples que vous utilisez sont-ils différents selon le niveau de l'enseignement ?

Les résultats :

L'analyse de ces deux corpus montre que l'étude de cas est une pratique de recherche qui semble en essor au sein de la géographie et de l'aménagement. Si en recherche, la pratique semble relativement bien définie (Passeron, Revel, & Collectif, 2005), l'étude de cas est une démarche pédagogique qui comme l'exemple, renvoie à des pratiques diverses (Poumay, 2001). Néanmoins, ces pratiques, telles qu'elles sont exprimés par les enseignants, sont en prise avec leur spécialité de recherche. C'est ce qui nous amènera à démontrer que dans l'enseignement de l'aménagement et de l'urbanisme, l'étude de cas peut être abordée comme une pratique sociale de référence (Martinand, 1986).

Martinand, J.-L. (1986). Connaître et transformer la matière. Berne: Peter Lang.

Passeron, J.-C., Revel, J., & Collectif. (2005). Penser par cas. Paris: Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

Poumay, M. (2001). L'utilisation de cas concrets en pédagogie. Modèles pour décrire et analyser des cas et leurs usages didactiques. Université de Liège, Belgique. Retrieved from http://orbi.ulg.ac.be/handle/2268/23374