4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
L'autonomie des adolescent-e-s/collégien-ne-s au sein de leurs différents contextes de vie
Virginie Avezou-Boutry  1, *@  , Geneviève Bergonnier-Dupuy  1, *@  
1 : Centre de Recherche Education et Formation  (CREF EA 1589)  -  Site web
Université Paris Ouest Nanterre La Défense
200 avenue de la République 92001 Nanterre Cedex -  France
* : Auteur correspondant

L'adolescent-e est aujourd'hui davantage écouté, accueilli, protégé qu'auparavant et l'on se préoccupe de ses droits et de son épanouissement personnel. Mais, en même temps, dans notre société de plus en plus compétitive et dans un contexte d'augmentation de la précarisation d'une partie de la population, il/elle peut subir une injonction forte à « être autonome » ; celle-ci pouvant prendre des formes différentes selon les caractéristiques individuelles du jeune et le milieu social de sa famille.

L'examen de la littérature internationale laisse apparaître un regain d'intérêt certain pour l'autonomie des adolescent-e-s, considérés comme acteurs de leur propre développement ; de même, pour les travaux portant sur la « promotion » ou le support à l'autonomie par les adultes (enseignants, parents) ou les pairs. Les chercheurs proposent aujourd'hui des définitions et des mesures complexes de l'autonomie (Beyers, Goosens, Vansant & Moors, 2003; Van Petegem, Vansteenkiste & Beyers, 2013) issues de modèles théoriques différents (modèles invoquant le processus de séparation-individuation mais aussi, modèles invoquant l'autodétermination). Les premiers sont plutôt utilisés pour envisager l'autonomie dans la famille (Steinberg & Silverberg, 1986) alors que les seconds le sont souvent dans les recherches portant sur l'autonomie scolaire (Gnambs & Hanfstingl, 2014 ; Ryan & Connell, 1989). Notre objectif est d'explorer le point de vue de l'adolescent-e-collégien-ne sur son autonomie dans sa vie quotidienne.

Dans le cadre d'un programme de recherche alliant perspectives qualitative et quantitative, nous avons notamment effectué des entretiens semi-directifs auprès de 30 adolescent-e-s/élèves français de collège (filles et garçons, de la 6ème à la 3ème , de milieux sociaux différents). Nous les avons interrogés à propos de leur vie au sein de leurs différents contextes de vie (famille, collège, quartier et transversalement, groupe d'amis/pairs). Nous nous sommes centrés sur ce qu'ils avaient à nous dire à propos de leur autonomie/sation: éléments « objectifs » (pratiques : que fait-il/elle seul, qui décide...), expérience subjective (ce qu'il/elle en pense, ce qu'il/elle ressent, quels sont ses désirs en matière d'autonomie, pressions ressenties...). Concrètement, il s'agissait de leur permettre de s'exprimer le plus largement possible sur le champ qui nous intéresse de façon à avoir accès à leurs propres catégories d'adolescent et être ouverts à leurs façons d'envisager leur monde.

Lors de cette communication, nous présenterons nos premiers résultats, issus d'une analyse de discours avec le logiciel ALCESTE. Nous nous attendons à des différences selon le sexe, l'âge de l'adolescent et le milieu social de sa famille.

 

Regard réflexif

Le point de départ de la réalisation du projet de recherche dans lequel s'insère ce travail a été le discours récurrent des chercheurs sur l'injonction sociétale faite à l'individu de s'épanouir, d'être performant et d'être autonome. Nous avons produit une recherche empirique alliant les trois types d'injonction dont celle à s'autonomiser (à trois temps : recherche exploratoire, recherche quantitative, recherche longitudinale). Nous avons investi la littérature internationale (en anglais, psychologie, modèles de variables complexes, posant la question de la transférabilité des paradigmes et résultats) et la littérature française (sociologie, approches qualitatives). De fait, cela impose une équipe pluridisciplinaire, la maîtrise de démarches et d'outils variés et oppose (voire empêche) le temps long d'élaboration du projet par l'équipe de chercheurs (recension de la littérature, réalisation des différentes phases du recueil de données...) aux exigences de rapidité (réponse aux financeurs, autorisations de recueil, concurrence entre chercheurs) et de rendement imposé (évaluation, publications).

 

Références bibliographiques

Beyers, W., Goosens, L., Vansant, I., & Moors, E. (2003). A structural Model of Autonomy in Middle and Late Adolescence: Connectedness, Separation, Detachment, and Agency. Journal of Youth and Adolescence, 32(5), 351-365. doi:10.1023/A:1024922031510

Gnambs, T., & Hanfstingl, B. (2014). A Differential Item Functioning Analysis of the German Academic Self-Regulation Questionnaire for Adolescents. European Journal of Psychological Assessment, 30 (4), 251-260. doi: 10.1027/1015-5759/a000185

Ryan, R.M., & Connell, J.P. (1989). Perceived Locus of Causality and Internalization: Examining Reasons for Acting in Two Domains. Journal of Personality and Social Psychology, 57 (5), 749-761. doi: 10.1037/0022-3514.57.5.749

Steinberg, L., & Silverberg, S.B. (1986). The Vicissitude of Autonomy in Early Adolescence. Child Development, 57(4), 841-851. doi: 10.1111/1467-8624.ep7250248

Van Petegem, S., Vansteenkiste, M., & Beyers, W. (2013). The Jingle-Jangle Fallacy in Adolescent Autonomy in the Family: In Search of an Underlying Structure. Journal of Youth and Adolescence. 42(7), 994-1014. doi: 10.1007/s10964-012-9847-7


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