4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Composantes imaginaires de l'exclusion ponctuelle de cours au collège
Danielle Hans  1@  
1 : Centre de recherche éducation et formation  (CREF)  -  Site web
Université Paris Ouest Nanterre La Défense : EA1589
Nanterre -  France

Mon projet de communication portera sur l'analyse d'une partie d'un corpus constitué au cours d'une intervention-recherche dont l'objet est l'exclusion ponctuelle de cours. Ce corpus est tiré de deux entretiens collectifs : le premier est mené avec 6 élèves de classes de 5ème et 6ème. Trois n'ont jamais été exclus de cours et sont donc témoins d'exclusions (deux filles et un garçon), les 3 autres le sont assez régulièrement (deux garçons et une fille). Le second entretien collectif rassemble 6 élèves de classes de 4ème et 3ème, (deux filles et quatre garçons), tous habitués à être exclus.

Ces deux temps d'entretien collectif sont co-animés de façon non directive. Nous invitons simplement les adolescents à nous parler de ce qu'ils ressentent dans la situation d'exclusion afin de saisir ce qui se joue pour eux sur le plan psychique et ce qui se prolonge dans la relation enseignant/groupe-classe. La règle est la libre association des paroles et des échanges. Dans cet espace d'intervention-recherche, les élèves ont la garantie d'un lieu protégé où leurs paroles ne seront pas évaluées ou reprises contre eux. Nous faisons ainsi l'hypothèse que ces deux moments de rencontre entre les deux groupes d'élèves et les deux intervenants-chercheurs co-animateurs se présentent comme un espace-temps déplacé d'une réalité instituée où ce qui nous est donné à voir révèle en partie ce qui se joue dans un groupe-classe et plus loin dans l'institution de l'établissement autour du phénomène de l'exclusion ponctuelle de cours. Nous pensons que notre dispositif offre aux adolescents interviewés la possibilité de déposer ce qui se transfère de leur relation à l'enseignant lorsque ce dernier prend la décision d'exclure un des leurs de son cours.

 

L'analyse de quelques passages tirés des deux entretiens collectifs (enregistrés), nous donnent à penser que le phénomène de l'exclusion favorise d'une part, la construction d'un « imaginaire collectif » (Giust-Desprairies, 2003) dont les signifiants apparaissent différents selon l'âge des adolescents et d'autre part la formation de « fantasmes originaires » (Freud, 1915/1973, p. 215), notamment ceux qui accompagnent la menace de punition et qui touchent à la culpabilité. Nous tenterons d'en démêler les fils.

Ces analyses, mises en relation avec mes propres élaborations contre-transférentielles, me conduiront à formuler des hypothèses d'interprétation quant aux affects en jeu dans le groupe classe lors de la situation d'exclusion. Nous chercherons également comment articuler ce niveau d'une « groupalité psychique inconsciente » (Kaës, 2006) avec le niveau institutionnel de l'établissement.

 

Cette communication s'inscrit dans l'axe « comprendre » du thème transversal du congrès. Nos questions étaient les suivantes : Quel sont le sens et l'importance que les élèves attribuent à l'expérience de l'exclusion de cours par un enseignant ? Quelles sont les constructions imaginaires et symboliques vécues par l'élève au moment d'une exclusion ponctuelle de classe que cet élève en soit la victime ou le spectateur ? Quels sont les processus psychiques groupaux suscités par cette situation ?

 

Références bibliographiques

Assoun, P.L. (2007). Leçons psychanalytiques sur le fantasme. Paris : Économica.

Freud, S. (1973). Névrose, psychose et perversion. Paris : PUF. (Première éducation : 1915).

Gaillard, G. (2008). « Se prêter à la déliaison. » Narcissisme groupal et tolérance au féminin dans les institutions. Connexions, 90, 107-121.

Giust-Desprairies, F. (2003). L'imaginaire collectif. Paris : Erès.

Kaës, R. (2006). Groupes internes et groupalité psychique : genèse et enjeux d'un concept. Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 45, 9-30.


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