Parmi les nombreux dispositifs d'aide à la réussite proposés aux étudiants qui entrent à l'université, le projet « Passeports pour le bac », mis en œuvre depuis plusieurs années au sein de trois universités en Fédération Wallonie-Bruxelles (Belgique), poursuit un triple objectif :

• évaluer la maîtrise des principaux prérequis des formations universitaires par les étudiants entrants (via des tests de connaissance et compétences) ;

• proposer des séances de renforcement des prérequis à destination des étudiants pour lesquels des lacunes ont été détectées ;

• informer les enseignants sur le niveau de maîtrise des prérequis par les étudiants entrants afin de leur permettre d'adapter, le cas échéant, leurs enseignements.

Des entretiens ont été menés avec 13 étudiants de première année issus d'une faculté de sciences économiques, sociales et de gestion, visant à recueillir des informations sur la manière dont ils reçoivent et traitent les feed-back fournis par l'institution. Le feed-back est ici défini comme une information que le récepteur (enseignant) envoie en retour à l'émetteur (l'étudiant) à propos d'une production (orale ou écrite) ou d'un comportement (Parmentier, 1994 ; Wiggins, 2012). Parmi les feed-back identifiés par ces étudiants lors des entretiens, leurs résultats aux Passeports pour le bac sont évoqués à de nombreuses reprises. Les étudiants de cette faculté ont en effet la possibilité de présenter en début d'année deux Passeports : Mathématiques et Compréhension en profondeur d'un texte universitaire.

Le matériel recueilli dans le cadre de cette recherche constitue une opportunité pour analyser en profondeur les perceptions de quelques étudiants relatives à ces Passeports, à la communication des résultats et aux séances de renforcements qui les prolongent. Comment adapter un feed-back précoce pour qu'il soit porteur de sens aux yeux de son bénéficiaire et débouche sur sa mise en action effective (régulation de ses comportements) ? Et que peuvent apporter comme éléments de réponses des données issues de ces entretiens ?

Ces questions sont pertinentes pour plusieurs groupes d'acteurs avec des enjeux différents :

• les étudiants qui ne répondent pas toujours aux feed-back universitaires de la manière « attendue » par ses émetteurs ;

• les chercheurs qui ont développé ce dispositif d'aide à la réussite et qui visent à améliorer son efficacité ainsi qu'à assurer sa pérennité (via notamment des financements institutionnels) ;

• les autorités institutionnelles et les facultés qui sont soumises à des évaluations externes qui leur demandent de justifier qu'elles prennent des actions efficaces pour promouvoir la réussite des étudiants.

Nous référant aux théories motivationnelles bien connues dans le champ de la pédagogie universitaire (Ecclès et Wigfield, 2002 ; Bandura, 2003 ; Boudrenghien, Frenay et Bourgeois, 2011), l'analyse a porté sur l'engagement des étudiants (participation aux corrections et aux séances de renforcement notamment) et leurs perceptions, plus particulièrement par rapport à la notion de prérequis.

Les résultats de cette analyse permettent de formuler des pistes d'amélioration du dispositif. Ces pistes convergent essentiellement vers l'amélioration de la communication sur la notion-même de prérequis, d'une part, et, d'autre part, sur les modes de présentation des résultats aux Passeports afin qu'ils soient davantage déclencheurs de participation aux dispositifs de renforcement des prérequis, permettant ainsi d'améliorer les chances de réussite des étudiants.

La communication visera à décrire le contexte de la recherche dans le cadre de laquelle le matériel analysé a été recueilli, la problématique relative au projet Passeport pour le bac ainsi que les référents théoriques qui le soutiennent. Il s'agira ensuite de présenter la méthodologie utilisée pour analyser les extraits des entretiens et les résultats en termes de pistes d'amélioration du dispositif pédagogique.

Regard réflexif sur les questions de recherche :

D'un point de vue épistémologique, la question est de savoir comment et à quelles conditions il est possible d'utiliser des données issues d'une recherche, qui n'a pas été spécifiquement construite à cet effet, pour améliorer un dispositif existant ? On touche ici à des questions de validité de la méthodologie, mais également à des questions des transfert des résultats de recherche ainsi que, plus prosaïquement , à des enseignements en termes de collaboration pour des questions de recherche distinctes sur un même matériel parfois difficile à récolter.

Bibliographie

Bandura, A. (2003). Auto-efficacité. Le sentiment d'efficacité personnelle. Bruxelles : Editions De Boeck

Boudrenghien, G., Frenay, M. & Bourgeois, E. (2011). La transition de l'enseignement secondaire vers l'enseignement supérieur : rôle des représentations et motivations à l'égard de son projet de formation. L'Orientation scolaire et professionnelle, 40 (2), 125-155.

Ecclès, J.S. & Wigfield, A. (2002). Motivational Beliefs, values and goals. Annual Review of Psychology, 53, 109-132.   

Parmentier, P. (1994). La réussite des études universitaires. Facteurs structurels et processuels de la performance académique en première année en médecine. Thèse de doctorat en psychopédagogie, Université catholique de Louvain, Louvain-La-Neuve, Belgique

Wiggins, G. (2012). Seven Keys to effective feed-back. Feed-back for learning, 70 (1), 10-16.