4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
la formation des tuteurs de stage: une nécessité pour un travail réellement partagé dans le cadre d'une formation professionnelle par alternance.
Thierry Piot  1, *@  
1 : CERSE EA 965  (CERSE)
Université de Caen-Normandie
* : Auteur correspondant

En France, la formation professionnelle est désormais le plus souvent une formation par alternance, sous-tendue par une logique de construction de compétences (Le Boterf, 2002). Ces dernières, identifiées et organisées dans des référentiels « métiers » qui structurent ces formations professionnelles, se construisent à l'interface d'une dynamique intégrative entre deux espaces : l'école professionnelle d'une part et les lieux de stage au sein des organisations de travail d'autre part. Le fait que cette dynamique intégrative soit effectivement à l'œuvre suppose des formes de collaboration entre les formateurs des écoles professionnelles et les tuteurs de stage, investis d'une fonction de formation.

A partir de l'exemple de la formation professionnelle en soins infirmiers, réingénierisée depuis la réforme de 2009, nous analysons les espaces de travail partagés, symboliques et réels, entre ces deux catégories de formateurs, à partir de l'usage respectif et commun d'un instrument (Rabardel, 1995) pensé pour articuler les deux pôles de la formation : un portfolio propre à la formation infirmière qui sert de go between entre les formateurs et l'étudiant en soins infirmier.

Le cadre théorique est celui de l'analyse de l'activité (Pastré, Mayen et Vergnaud, 2006), complété par la notion d'instrument (Rabardel (1995) qui empruntent tous les deux à l'approche historico-culturelle de Vygotski.

Une enquête par entretien a été réalisée d'une part auprès de formateurs d'IFSI (institut de formation en soins infirmiers) et d'autre part de deux groupes distincts de tuteurs de stage : un groupe témoin et un groupe ayant reçu une formation spécifique d'adaptation à la fonction de tuteur.

Les principaux résultats qui seront présentés montrent une différence dans la qualité du travail partagé en fonction de deux groupes de tuteurs : pour le groupe témoin, la collaboration est asymétrique, au bénéfice des formatrices de l'école qui adoptent une position dominante due à leur expertise relative au portfolio, avec des espaces persistants d'incompréhension sur les finalités et les modalités de la formation en soins infirmiers que révèle l'usage du portfolio. Pour le groupe des tuteurs de stage formés, on constate une relation de travail plus équilibrée, une collaboration plus riche, notamment étayée par des savoirs professionnels partagés et discutés qui permettent de construire un cadre de référence partagé et cohérent, à partir de l'analyse clinique des situations soin qui sert d'interface entre les logiques plus scolaires, propres à l'IFSI et les logiques plus pragmatiques qui sont celles des services de soin.

Regard réflexif : La question que je me pose dans ce texte mais qui est aussi un fil rouge plus général de mes recherches concerne des traits invariants et spécifiques de la genèse des compétences et le développement professionnel dans les métiers adressés à autrui : quelles ressources sont combinées dans l'activité qui consiste à former, enseigner, prendre soin... en tension entre rationalité forte et rationalité faible.



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