Les pratiques d'enseignement (Marcel, Piot, Tardif, 2009), qu'elles se situent dans un établissement d'enseignement ou de formation et dans une ou plusieurs disciplines visent un certain partage des savoirs (Tardif & Lessard) car ces situations mobilisent des acteurs qui sont amenés à partager le travail dans différents espaces, avec différentes méthodes et avec des contraintes liées à des contextes institutionnels particuliers. Si le travail partagé recouvre l'idée qu'un ensemble de personnes agissent ensemble, collaborent à partir d'objectifs communs dans un système d'action collective, ceci implique que chacun renonce volontairement à une part de son autonomie développant ainsi une dimension essentielle d'une culture professionnelle : une culture de coopération (Gather Thurler, 1993) ou collaborative culture (Hargreaves, 1992). Pour collaborer face aux mêmes élèves, il faut donc élaborer cette culture commune ce qui suppose des rapports de confiance qui dépassent la simple coopération professionnelle. En effet, les espaces d'action et de décision vont au-delà des périmètres de chaque individu, entraînant des changements, des constructions symboliques, physiques et de groupe, une communication et des interactions basées sur de l'explicitation d'un certain nombre de savoir-faire implicites. Il s'agit d'agir collectivement pour surmonter les difficultés rencontrées à partir d'objectifs conjointement définis. L'analyse de l'apprentissage social et collaboratif permet de comprendre les modalités d'action et les décisions qui ont présidé à l'agencement des continuités/discontinuités de ce qui fonde le métier au travers des situations de travail (Mérini, 2005). Les enseignants ou formateurs s'engageant dans le travail partagé sont amenés à développer des capacités, à planifier l'évaluation et les régulations, à négocier les contenus, c'est-à-dire acquérir des compétences liées au travail partagé. Or, ce type de travail ne va pas de soi, l'interroger au regard de son objectif de partage des savoirs peut permettre d'amener un éclairage original en considérant les collaborations comme des espaces de médiation des savoirs (Gardiès, 2015). On peut ainsi se demander si le travail partagé peut contribuer au partage des savoirs professionnels ? Selon quelles modalités ? Le travail collectif peut-il aussi être entendu comme un espace formatif qui constitue une forme «d'organisation apprenante» (Pelletier & Solar, 2001) ? Quels sont alors les repères professionnels qui se construisent et se déconstruisent au contact de la réalité des pratiques et de «l'autre» ? L'exploration des modalités d'action peut-elle se faire à partir de propositions construites dans des modes de partage du travail entre enseignants et chercheurs pour éclairer la question globale du partage des savoirs dans les situations d'enseignement-apprentissage ?

Le symposium intégrera, à partir de chaque communication, une réflexion sur nos pratiques de recherche lorsqu'elles visent à « proposer » : comment articuler des recherches qui tentent de s'émanciper des contextes en généralisant des résultats et en isolant l'effet de quelques facteurs avec des pratiques nécessairement contextualisées et influencées par un nombre de variables bien plus grand que celles investiguées ? Comment articuler lignes traditionnelles de recherche et émergence de nouveaux enjeux et défis ?

L'objectif de ce symposium sera de réunir des chercheurs pouvant contribuer à éclairer la question de la mise en relation du travail et des savoirs en situation d'enseignement ou de formation dans un partage mettant à l'épreuve différentes collaborations.

Débat en table ronde après les communications à partir de la réaction d'un grand témoin autour des questions relatives au thème transversal et se situant plus particulièrement dans le sous thème « proposer ».