Proposition de symposium
Dans le congrès de l'AREF en 2016, le symposium qui fait suite aux discussions à la Biennale de l'Education s'inscrit dans le cadre "Proposer des recherches fondamentales "apparait comme une occasion de re-signification de la normalisation des discours d'une époque sur la norme de santé à transmettre par l'éducation et la formation (Canguilhem, 2015) pour saisir ce que nous cherchons.
L'accent sera d'abord mis sur le dispositif de recherches qui sera travaillé comme un système ou une construction de savoir qui reflète (Kremer-Marietti, 1974) une mise en scène des schèmes pré-conceptuels selon laquelle se forment les concepts ; puis sur la généalogie des savoirs positivistes , des pratiques discursives (Foucault, 1969) et de la réflexivité critique sur le corps normal dans les dispositifs d'éducation et de formation dans le champ de la santé.
À partir de ce qui a toutes les allures d'un paradoxe, le symposium se propose donc d'étudier les relations complexes entre l'épistémé des sciences médicales positivistes qui induisent des formes de pratiques éducatives et de formation, et de la recherche et le développement de la pensée réflexive et critique en sciences humaines et sociales, tant dans l'exploration des réalités philosophiques et historiques des sciences, que dans les sciences de la nature au sein desquelles elles ont pénétré, au premier rang desquelles la biologie fait œuvre de normativité sociale.
Jacqueline Descarpentries ouvrira les débats autour du « comment proposer » des recherches fondamentales en sciences de l'éducation dans le champ de la santé à partir de l'hypothèse selon laquelle l'éducation et la formation dans le champ de la santé, sont étudiées comme un dispositif au sens foucaldien (Foucault, 1975), une technologique de savoirs et de pouvoirs (Foucault, 1975) au carrefour de plusieurs disciplines autant de la médecine que des disciplines plurielles des sciences humaines et sociales. Elle précisera comment ces disciplines participent activement à une relation symbolique entre savoirs-pouvoirs et des pouvoirs-savoirs tels que précisée par Bidet en 2014 dans le champ de la recherche en éducation et la formation dans le champ de la santé.
C'est ainsi que Franck Vialle, en posant la question de la vérité-vérification et à la vérité-participation dans la recherche en sciences de l'éducation, introduira la discussion en mettant en dialogue la recherche en SHS comme un dispositif des pouvoirs, au sens foucaldien du terme, couplé à la disciplinarisation, l'un et l'autre conduisant l'auteur à poser la normalisation de la recherche scientifique en sciences sociales.
Rémi Gagnayre et Olivia Cross s'interrogeront sur la neutralité de la recherche en tant qu'instrument ayant le pouvoir de légitimer des revendications sociales. En demandant si la recherche, contribue dans le même mouvement à fabriquer les acteurs sociaux et à les légitimer dans le cas précis qui altèrerait l'une des qualités qui sous-tend l'engagement des patients, à savoir la « force rebelle de la passion » (Roux, 2009). Telle sera la question fil rouge qui sous-tendra l'analyse de cette expérience.
En complément, Elisabeth Noël-Hureaux précisera son regard réflexif qui s'inscrit dans notre implication de chercheur à se demander : comment être au plus près de ce que vit l'autre, tout en restant distancié? Quels enjeux de connaissances suggèrent le corps abimé/habité par la maladie? Quelles ressources sont mobilisées pour apprendre un savoir qui n'est pas enseigné mais qui s'expérimente dans le contexte de la maladie?
Ainsi, Alix Garnier viendra développer un ensemble de questions sur les modèles de pensées qui fabriquent les corps des boucs – émissaires à partir des principes de gouvernance imposés par la biopolitique pouvant se renverser en thanatopolitique, les condamnant à leur facticité et à leur ustensilité.
Les valeurs guidées par les normes des pratiques discursives de la recherche seront aussi observées par un mouvement constructif, dynamique et collaboratif qui va de l'éducation thérapeutique à la littératie en santé, Maryvette Balcou-Debussche présentera de nouvelles possibilités de mise en dialogue d'épistémologies et de praxéologies a priori irréductibles, ce qui devrait inviter à revisiter encore plus loin les cadres théoriques mobilisés, les méthodologies, les résultats et leur contextualisation scientifique, ainsi que leur potentiel d'intégration sociale et éthique.
Il s'agira ainsi d'explorer, dans le symposium un certain nombre d'expressions diverses de la normativité humaine en s'interrogeant sur leurs sources, qu'il s'agisse des méthodes de l'histoire pour appréhender l'éducation à la santé à l'école avec les travaux de Séverine Parayre qui présentera la genèse de nouvelles pratiques en santé des instituteurs ruraux au XIXe siècle depuis le recueil d'un corpus de mémoires de ces instituteurs (Jacquet-Francillon, 1999). Elle mettra en correspondance ces résultats avec les recherches actuelles et les fondements de l'éducation à la santé en milieu scolaire.
En complément Loic Le Son approfondira l'étude de la genèse du marché et de la culture du développement personnel qui pose la question des fonctions sociales de l'éducation en tant que technologie de façonnement des comportements et des destins sociaux à partir de l'analyse de contenu des archives de l'institut Pelman qui s'inscrit au carrefour de plusieurs problématiques
On comprendra alors, combien les valeurs accordées à la normativité sociale de la recherche croisent les valeurs de la normativité biologique et sociale dans la formation des kinésithérapeutes, à travers la thèse en cours de Vilma Bouratroff. Le corps normal étant entendu comme une technologie politique de la normativité sociale. Ses questions méthodologiques sur la normativité extra-discursive, qui mettent en jeu les systèmes de savoir et pouvoir dans les dispositifs de formation (programmes, référentiels professionnels) par la normalisation des savoirs du corps normal et pathologique seront complétées par celles autour de la normativité intra-discursive qui met en jeu l'articulation entre les savoirs et les expériences cliniques des étudiants. Cette normativité sociale sera reprise dans la présentation d Emmanuel Triby dans l'étude des dispositifs de formation des soignants qui interroge à la fois les savoirs de référence et les formes du pouvoir d'agir, et par Frank Pizon dans les recherches sur les représentations.