Le surveillant général est un acteur scolaire des XIXe et XXe siècles qui faisait régner ordre et discipline dans les établissements secondaires français. Cet acteur scolaire marque encore l'imaginaire collectif français au travers de l'image d'un personnage rébarbatif et inflexible. Sur le terreau de l'évolution sociétale et de l'effervescence associative des années 1960, a éclos un nouvel éducateur, en 1970, le conseiller principal d'éducation (CPE) qui lui a succédé. Les CPE assument difficilement cet « ancêtre » et convoquent l'image mythifiée du surveillant général comme figure repoussoir. Nous analyserons, puis dépasserons, la figure stéréotypée du « surgé » pour appréhender le personnage historique méconnu du surveillant général.

Dans un premier temps, nous montrerons la pérennité du mythe du « surgé » au travers de la migration linguistique du terme dans la société et de l'invocation incantatoire récurrente du surveillant général face aux problèmes d'incivilités ou de désordres scolaires. De même, les partenaires du CPE, les enseignants en particulier, l'assignent parfois à endosser l'habit du surveillant général (Cadet et al. 2007). Cette assignation s'explique par la complexité croissante du métier d'enseignant (Barrère, 2012) et par la crispation identitaire des professeurs (Verneuil, 2013). Le poids de l'héritage de la scission originelle entre éducation et pédagogie, lors de la construction de l'enseignement secondaire français, continue à altérer la division du travail éducatif (Tardif et Levasseur, 2010).

Puis, nous analyserons les représentations littéraires, cinématographiques et iconographiques du surveillant général. Nous en dégagerons les invariants et montrerons que la figure fictionnelle de ce personnage scolaire s'inscrit dans un monde mortifère et castrateur, en opposition au monde supposé onirique de l'enfance. Le « surgé » cristallise une critique plus large d'un monde scolaire qui contraint élèves et personnels. Nous nous attarderons sur le personnage emblématique de M. Viot, « le terrible homme aux clefs » du Petit Chose d'Alphonse Daudet.

Enfin, nous mesurerons ces représentations à l'aune des données archivistiques. Un travail de prosopographie historique mené dans le cadre d'une thèse a permis de dégager les profils des surveillants généraux et les attentes institutionnelles vis-à-vis de ce « gardien de l'ordre aux ordres ». La recherche s'appuie sur l'étude qualitative et quantitative de 137 dossiers de carrière l'académie de Douai/Lille mais aussi sur le témoignage d'anciens surveillants généraux et sur l'analyse de leur presse professionnelle.

Le surveillant général se révèle comme un acteur scolaire aux missions et aux caractéristiques socio-professionnelles beaucoup plus riches que la seule caricature brossée par les écrivains, cinéastes et caricaturistes des XIXe et XXe siècles.

Regard réflexif sur la question de recherche:

La question transversale sera traitée autour de deux axes : D'une part, « la dialectique du reflet et du contraste avec lui-même » (Farge, 1989), pour la définition de l'objet de recherche par l'historien de l'éducation. Et d'autre part, la pertinence sociale de la recherche pour les acteurs de terrain, les CPE et leurs partenaires, et les formateurs 

Références bibliographiques :

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