4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Des processus scolaires de différenciation de la maternelle au lycée
Julien Netter  1@  , Ariane Richard-Bossez  2@  , Stéphane Vaquero  3@  
1 : Equipe Circeft-Escol
Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis
2, rue de la liberté 93526 Saint-Denis Cedex -  France
2 : Laboratoire méditerranéen de sociologie  (LAMES)  -  Site web
CNRS : UMR7305, Aix Marseille Université
LAMES - M.M.S.H. 5 Rue du Château de l'Horloge - BP BP647 13094 AIX EN PROVENCE CEDEX 2 -  France
3 : Groupe de Recherches et d'Etudes Sociologiques du Centre-Ouest  (GRESCO)  -  Site web
Université de Poitiers, Université de Limoges : EA3815, Institut Sciences de l'Homme et de la Société

Les trois communications rassemblées dans ce symposium posent la question fondamentale de l'appropriation socialement différenciée des savoirs, et s'inscrivent dans la lignée des travaux qui explorent les processus permettant d'expliquer une telle différenciation (Vincent, Lahire et Thin, 1994 ; Bernstein, 2007 ; Bautier et Rayou, 2009 ; Rochex et Crinon, 2011). A partir de ce questionnement commun, chacune d'entre elles interroge un des échelons du système éducatif français.

Ariane Richard-Bossez, se centrant sur l'école maternelle, montre comment la conjugaison de dimensions internes et externes à la situation d'apprentissage tend, le plus souvent, à maintenir les élèves qui en sont déjà les moins familiers dans des registres éloignés des attentes scolaires. Julien Netter, analysant les effets de la réforme des rythmes scolaires à l'école élémentaire, souligne l'importance que les opérations de traduction d'une logique thématique en une logique disciplinaire revêtent désormais dans le curriculum. Il montre cependant que la nécessité de leur mise en œuvre demeure peu explicitée et que certains enfants, faute de la percevoir, peinent à articuler les différents apports. Enfin, Stéphane Vaquero s'intéresse aux Travaux Personnels Encadrés au lycée et insiste sur la manière dont ce type de dispositif, par son faible cadrage et l'insistance sur le ludique, peut creuser des inégalités antérieures en ne permettant pas à tous les élèves de saisir les cadres cognitifs scolairement légitimes requis pour dire et appréhender les objets non-scolaires.

Ce faisant, les auteurs dressent le tableau d'une école qui ne parvient que difficilement à accompagner la scolarité des élèves dont la socialisation extra-scolaire est éloignée des réquisits de l'école. Si ce constat a été pointé dès les années 1960, l'analyse qui en est faite a évolué depuis. Les trois communications témoignent ainsi de l'heuristicité d'interroger les processus qui, dans les classes, participent à la reproduction d'inégalités socio-scolaires persistantes malgré les transformations majeures intervenues dans les systèmes éducatifs français ou plus largement occidentaux au cours des cinquante dernières années.

A partir de la présentation de ces travaux, le symposium propose d'initier une réflexion transversale sur l'intérêt pour les sciences de l'éducation de prendre en compte les différenciations sociales à l'œuvre aux différents échelons du système scolaire en ne les considérant pas uniquement comme un élément de contexte, mais comme une dimension constitutive essentielle du rapport pédagogique et de ses effets. La manière dont les trois auteurs se saisissent de cette question montrera les points communs qui unissent leurs travaux : une expérience de l'enseignement dans les niveaux qu'ils étudient en tant que chercheurs et une sensibilité aux rapports sociaux qu'ils y ont observés, des références scientifiques partagées, notamment les travaux sur la sociologie de la pédagogie de B. Bernstein (2007) ainsi qu'une centration sur l'observation d'activités scolaires. Mais, la discussion mettra également en évidence, au-delà de ces questionnements communs, des différences d'approches méthodologiques et théoriques liées, notamment, aux disciplines de rattachement de chacun des auteurs (sociologie pour deux d'entre eux, sciences de l'éducation pour le troisième) et aux traditions de recherches propres aux trois laboratoires dans lesquels leurs travaux s'inscrivent. Au final, cela permettra d'approfondir la réflexion sur les questions que se posent les chercheurs autour des inégalités scolaires mais aussi sur les réponses qu'ils y apportent.

Cette réflexion transversale sera amorcée au cours de chacune des interventions, puis les auteurs proposeront collectivement une synthèse de la question avant d'ouvrir le débat avec la salle.

 

Bibliographie :

Bautier É. et Rayou P. (2009), Les inégalités d'apprentissage: programmes, pratiques et malentendus scolaires, Paris, PUF.

Bernstein B. (2007), Pédagogie, contrôle symbolique et identité : théorie, recherche, critique, Laval [Québec], PUL.

Rochex, J.-Y. et Crinon, J. (dir.) (2011), La construction des inégalités scolaires : au cœur des pratiques et des dispositifs d'enseignement, Rennes, PUR.

Vincent G., Lahire B. et Thin D. (1994), « Sur l'histoire et la théorie de la forme scolaire », in Guy Vincent (dir.), L'éducation prisonnière de la forme scolaire? Scolarisation et socialisation dans les sociétés industrielles, Lyon, PUL, pp. 11‑48.

 


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