4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)
Penser les questions identitaires des jeunes accueillis en protection de l'enfance : quelles ressources pour les professionnels ?
Sarra Chaieb  1, *@  
1 : Maison Interuniversitaire des Sciences de l'Homme - Alsace  (MISHA)  -  Site web
université de Strasbourg
5 allée du Général Rouvillois CS 50008 67083 Strasbourg Cedex -  France
* : Auteur correspondant

Dans le cadre de notre recherche doctorale en sociologie, nous cherchons à comprendre la manière dont se construisent les modes d'identification des enfants placés majoritairement issus de minorités –principalement religieuses et ethniques– et de saisir comment ces questions sont pensées dans deux associations de protection de l'enfance qui ont un fondement religieux, l'une juive et l'autre catholique. La question plus spécifique de la diversité des appartenances parmi les enfants placés n'a été que très succinctement abordée dans les études françaises (Gheorghiu, 2002) en comparaison avec d'autres pays (Thoburn, Chand, Procter, 2005), illustrant là le contexte français relativement frileux à cet égard. Notre objectif est double puisque nous nous intéressons autant à la dimension institutionnelle qu'à la dimension individuelle de ces questions ; pour ce faire, nous avons recueilli environ 25 récits de vie de personnes anciennement placées et mené 25 entretiens avec des professionnels dans les deux associations, en plus d'observations menées dans les deux lieux.

En nous intéressant d'abord à comprendre ce qui fait sens pour les individus dans leur expérience de placement au regard de leurs modes d'identification, nous nous demandons sur quelles dimensions identitaires les individus mettent l'accent dans la mise en récit de leur parcours de placement, comment ils sont identifiés par d'autres et comment ils s'auto-identifient –pour reprendre la double dimension contenue dans la notion d'identification définie par Rogers Brubaker–. Ensuite, en interrogeant les professionnels, nous avons souhaité comprendre sur quoi se basent les deux associations pour pouvoir proposer un espace d'identification à partir duquel les jeunes placés peuvent se construire.

Les résultats de recherche dont nous disposons aujourd'hui ainsi que ceux attendus nous permettent déjà d'aller plus loin dans la compréhension de ce qui peut faire monde autour de l'enfant placé, au-delà de la seule question de la stabilité du placement. C'est l'imbrication entre l'espace d'identification proposé par les lieux de placement, les modes de relations développés avec les parents et avec des autruis significatifs en placement, imbrication qu'il faut penser comme venant s'ajouter à la question de la stabilité du placement. Il nous semble que ces éléments et leurs déclinaisons dans les différents parcours, peuvent amener des savoirs pour l'action intéressants à mobiliser.

Bibliographie sélective

BARN R., ANDREW L., MANTOVANI N. (2005). Life after care. The experiences of young people from different ethnic groups. York : Joseph Rowntree Foundation.

BRUBAKER, R. (2001). Au-delà de l'identité. Actes de la recherche en sciences sociales, 139 (4), 66-85.

GHEORGHIU M., LABACHE L., LEGRAND L. et al. (2002). Rapport final de la recherche longitudinale sur le devenir des personnes sorties de l'ASE en Seine-Saint-Denis entre 1980 et 2000, Bobigny.

RAMOS, E. (2012). Les "racines" : une territorialisation de l'identité qui fragmente. Dans MOREL-BROCHET, A., ORTAR N. (dir.), La fabrique des modes d'habiter. Homme, lieux et milieux de vie, Paris : L'Harmattan, pp.57-68.

THOBURN J., CHAND A., PROCTER J. (2005). Child welfare services for minority ethnic families, London : Jessica Kingsley Publishers.


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