Dans le cadre d'une thèse de doctorat en Sciences de l'Education, financée par une bourse de la région Limousin, la recherche en cours interroge, au niveau local, la dimension territoriale des pratiques éducatives et pédagogiques autour des liaisons scolaires primaire-collège, collège-lycée et lycée-supérieur, avec une attention particulière aux parcours d'élèves dits « en difficultés ». L'objectif est de saisir la manière dont les acteurs issus de différentes institutions et à différentes échelles, pensent et agissent la notion de « fluidité des parcours » et les dispositifs qui y sont associés. Ainsi abordée de manière empirique, inductive et compréhensive, la recherche est basée sur des données issues d'observations, de recueil de traces écrites, d'entretiens, et discussions informelles réalisés au sein de plusieurs établissements scolaires (primaire, secondaire et supérieur) de l'académie de Limoges ainsi qu'à différentes échelles (établissement, secteur, département, académie)

La formulation du projet de thèse et l'attribution d'un financement, en juillet 2013, coïncident avec la promulgation de la loi du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'Ecole. Dans ce contexte de réforme éducative, visant la mise en œuvre de dispositifs de liaison entre les différents cycles et filières, l'objet de recherche entre en résonnance avec des questionnements professionnels. Ainsi, le travail de terrain est ponctué par des demandes, notamment de la part des cadres de l'Education Nationale : bilan des dossiers d'élèves entrants en 6ème, bilan des comptes-rendus des Conseil Ecole-Collège du département, demande de solutions et d'information. Il s'agit alors d'identifier ce que ces demandes produisent sur la question initiale de recherche. Dans quelle mesure les attentes des professionnels et les réponses qui y sont faites contribuent à la reformulation ou à l'affinement de la problématique de départ ? Qu'est ce que ces demandes produisent quant à la définition de l'objet de recherche, et sur le terrain, à l'évolution des dispositifs étudiés ?

Par l'analyse transversale du journal de terrain, des documents institutionnels, des entretiens et échanges de mail, les implications institutionnelles du chercheur d'une part et les dispositifs étudiés d'autre part, sont approchés de manière diachronique. Il apparait ainsi que le doctorant, par l'intérêt porté à un dispositif, peut parfois jouer un rôle de médiateur entre des acteurs et des institutions aux objectifs et logiques diverses. Sur le terrain, au-delà de sa participation à la circulation des savoirs entre différents acteurs, groupes, institution, il « incarne » son objet de recherche et les prescriptions qui y sont liées. Dans le même temps, le financement de la recherche interroge les liens entre une dynamique de professionnalisation de la recherche en éducation et l'instrumentalisation gestionnaire de ses résultats.

Bibliographie :

BOURDIEU P. (1994), Raisons pratiques. Sur la théorie de l'action, Paris, Seuil

JACQUES M-H. (dir.) (2016), Les transitions scolaires. Paliers, orientations, parcours, Rennes, PU Rennes, coll. « Des Sociétés »

LAMIHI A.; MONCEAU, G. (2002) Institution et implication : l'œuvre de René Lourau, Paris Syllepse.

MARTUCELLI D. (2002), « La production des connaissances sociologiques et leur appropriation par les acteurs », Education et sociétés, n°9/2002/1, p.27-38

OLIVIER DE SARDAN J-P. (1995), « La politique du terrain », Enquête 1 | 1995