La recherche en cours propose une analyse synchronique et transversale des actions du Programme de Réussite Éducative, selon une approche qualitative, à l'échelle d'une ville. L'étude interroge les choix locaux, les moyens et actions mobilisés sur des territoires relevant de la politique de la ville en fonction d'un cadre national en constante évolution depuis plus d'une décennie. Elle vise également à repérer et apprécier à travers la production documentaire mais aussi les actions menées, les démarches partenariales visant à répondre aux besoins spécifiques des bénéficiaires. Ce faisant, selon une démarche de type ethnographique, l'étude de situations permet d'approcher et d'envisager l'évolution des conceptions éducatives des acteurs, y compris des familles, mais aussi leur participation, les retraits ou les antagonismes. Il s'agit d'interroger les points de rapprochements et les écarts entre la commande prescrite nationalement et sa réalisation locale. La pertinence de cette dimension s'inscrit dans l'hypothèse où l'instrumentalisation politique du local crée des conflits d'intérêt et de pouvoir entre les acteurs (BEN AYED 2009) peu ou mal formés à travailler ensemble. Les données ainsi recueillies permettent de cibler des parcours d'enfants spécifiques qui constituent des analyseurs pertinents pour identifier tous les acteurs qui y interviennent et la manière dont ces interactions peuvent influencer la réussite ou non des parcours envisagés.

Les travaux préparatoires à cette recherche ont montré que le PRE était en réalité jonché de « bricolages du quotidien » (De CERTEAU 1990), de réponses aux urgences aux dépens d'actions en direction des besoins propres des bénéficiaires et créait des relations de pouvoir desservant l'approche globale des enfants. L'intérêt de cette nouvelle étude se situe dans l'analyse des échanges entre acteurs de tous niveaux, de leurs intentions, de leurs actions ainsi que de la circulation des informations, afin de mesurer leur influence pour la réussite éducative des enfants mais aussi pour les acteurs qui y contribuent.

Afin de poursuivre les recherches, un nouveau terrain a dû être négocié. Dans une logique de don-contre-don, les acteurs ont accepté ma présence à condition que des analyses sur l'organisation du dispositif soient apportées, en vue de projets à venir. Comment dans ce contexte, conjuguer l'analyse et le recueil de données simultanément sans trahir la confiance des enquêtés et sans porter atteinte à la recherche ? Pour les acteurs, quel est la part d'intérêt pratique de ce travail et comment leur permettre de mobiliser les connaissances produites ? Dans quelle mesure les acteurs peuvent-ils être envisagés à la fois comme des enquêtés et des destinataires des résultats ?

Bibliographie

Ben Ayed, C. (2009). Le nouvel ordre éducatif local. Mixité, disparités, luttes locales. Paris. PUF.

de Certeau, M. (1990) L'invention du quotidien. Gallimard.

Martineaud, S. (2007). L'éthique en recherche qualitative : Quelques pistes de réflexion.

Recherches qualitative, Hors-série n°5, p-p.70-81.

Martucelli, D. (2002). La production des connaissances sociologiques et leur appropriation par les acteurs. Éducation et sociétés, n°9/1 p-p.27-38.

Payet J.-P. (1997). Le « sale boulot » : Division morale du travail dans un collège en banlieue. Les Annales de la recherche urbaine, n°75, p-p.19-31.

Rayou P. (2002). À quoi sert la sociologie de l'éducation ? : La circulation des savoirs entre sociologie de l'éducation et société. Éducation et sociétés, n°9/1, p-p.5-11.