4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)

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Enseigner l'interculturel
Moira Laffranchini Ngoenha  1@  , Denis Gay  2, *@  
1 : Haute Ecole Pédagogique du Canton de Vaud, Lausanne, Suisse  (HEP-VD)  -  Site web
Av. de Cour 33 1014 Lausanne -  Suisse
2 : Ex Université de Lausanne  (UNIL)  -  Site web
Dorigny-Lausanne -  Suisse
* : Auteur correspondant

Introduction

L'hétérogénéité culturelle à l'école s'est accrue ces dernières décennies. La CDIP (Conférence Suisse des Directeurs Cantonaux de l'Instruction Publique) reconnaît l'importance de l'interculturalité dans la formation des enseignant.e.s et dans les pratiques professionnelles (Lanfranchi, Perregaux, Thommen, 2000, Dossier 60, CDIP). Ainsi la pédagogie interculturelle a été introduite dans les formations en Suisse et ses concepts ont été renouvelés (Dervin 2010, Gajardo, Dervin, Lavanchy 2011, Ogay, Edelmann 2011,...). Les enseignant.e.s de tous les niveaux de formation sont tenus de pratiquer un enseignement respectueux de la diversité culturelle et linguistique et à garantir une égalité des chances et une équité dans les apprentissages. C'est dans ce contexte que nous formons les futur.e.s enseignant.e.s en pédagogie interculturelle.

 

Contextualisation

Dans le cadre de la formation continue de la HEP-BEJUNE (Haute Ecole Pédagogique des Cantons de Berne, Jura et Neuchâtel) à Bienne en Suisse, nous avons donné un cours-séminaire d'une journée intitulé « Développer la gestion pédagogique d'une classe multiculturelle », lequel s'inscrivait dans le module « Enseigner en milieu interculturel ».

Afin d'instaurer un dialogue avec les enseignant.e.s participant au cours-séminaire, mais surtout de mieux cerner leur préoccupations et pouvoir y apporter des réponses ciblées, nous leur avons demandé de nous envoyer à l'avance « une situation scolaire concernant l'interculturel ». A dessein, notre consigne est restée allusive, en vue de ne pas induire de réponses. En tant que formateurs d'enseignants, nous étions justement intéressés par la manière dont les enseignant.e.s problématisent ces situations en terme d'interculturel.

Nous avons donc récolté une vingtaine de situations écrites qui ont été par la suite travaillées en groupes et puis discutées et analysées d'un point de vue anthropologique et spécifique à la pédagogie interculturelle.

 

 Objectifs de recherche

Au-delà ce travail de formation continue, notre recherche se focalise sur l'analyse des pratiques d'enseignement à deux niveaux : tout d'abord pour le maître ou la maîtresse, primaire ou secondaire, qui doit gérer une classe interculturelle, intégrer des élèves nouveaux arrivés, souvent allophones, issus de culture et de religion autre que celle de la région ou du pays d'accueil, au parcours migratoire parfois bien surprenant aux yeux des enseignant.e.s ; et ensuite, au niveau des formateurs que nous sommes, de pouvoir développer des contenus, des stratégies, voire des solutions pour que l'enseignant développe un enseignement juste et équitable dans le respect de la diversité culturelle et sociale favorisant les conditions indispensable à l'apprentissage de tous les élèves de la classe.

Dans un premier temps, nous avons donc analysé la problématisation, c'est-à-dire la manière, dont les enseignant.e.s donnent du sens à ces situations interculturelles. Les résultats vont être communiqués au colloque de la SSRE à Lausanne en juin 2016.

Dans un deuxième temps, nous avons analysé les réponses que nous avons donnés et que nous pouvons donner à l'avenir, à ces questions : ce sont ces résultats que nous proposons de développer dans ce colloque.

 

Démarche de recherche

Afin de répondre aux questions des enseignant.e.s, nous avons développé trois grands axes :

- relever la grande capacité des enseignant.e.s à construire une multitude d'hypothèses concernant la situation problématique et, par conséquent, leur grande capacité à prendre en compte la complexité des situations ;

- réflexion sur les catégorisations (ethniques, nationales, religieuses,...) mobilisées d'une part par les enseignant.e.s à l'égard des élèves, d'autre part par les élèves à l'égard des enseignant.e.s. L'utilisation de ces catégorisations « culturelles » était également questionnée dans la relation formateurs–enseignant.e.s. Ceci permet d'expliciter la tension entre l'universalisme et le relativisme culturel (Ogay et Edelmann 2011). De rappeler le danger de se servir des stéréotypes, de la culturalisation et de l'essentialisme ;

- mettre en place un enseignement non-discriminant et équitable dans le respect des principes de la pédagogie interculturelle et des directives suisses en éducation (PER (Plan d'Etude Romand), CDIP, etc.).

 

Choix du type d'interrogation dans le thème transversal

Notre questionnement s'insère donc parfaitement dans le volet « À quelles questions cherchons-nous réponse ? Proposer » du thème transversal. Notre regard réflexif sur la question de recherche se situe par conséquent au niveau de « Comment opérer le lien entre des questions et terrains très spécifiques et les questionnements plus transversaux des acteurs ? » proposé dans l'appel à contribution.

 

Bibliographie

Dervin, F. (2010). Pistes pour renouveler l'interculturel en éducation. In Recherches en Education . Novembre, 32-42.
Gajardo, A., Dervin, F.,Lavanchy, A. (2011). "United Colors Of... Interculturel"? Usages, pièges et perspectives d'un terme plurivoque. In Lavanchy, A., Gajardo, A. et Dervin, F. In Anthropologies de l'interculturalité, Paris: L'Harmattan, 7-43.
Ogay, T. et Eldelmann, D. (2011). Penser l'interculturalité dans la formation des professionnels: L'incontournable dialectique de la différence culturelle. In Lavanchy, A., Gajardo, A. et Dervin, F. Anthropologies de l'interculturalité. Paris: L'Harmattan, 47-71. 


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