Comme dans beaucoup de pays subsahariens, l'apprentissage revêt une spécificité particulière au Niger, comparativement à l'offre européenne de formation diversifiée dont les plus significatives sont : l‘apprentissage par ou en alternance dans le système français ou système dual allemand et Suisse qu'on retrouve également dans les pays anglo-saxons. En effet, au Niger, tant en milieu urbain que rural, l'apprentissage d'un métier, notamment dans le secteur informel, se fait "sur le tas" et se déroule encore dans une tradition ancestrale et coutumière. Ainsi, l'apprenti est confié au maître d'apprentissage par une tierce personne ou son parent sur la base de la simple confiance mutuelle. Il apprend le métier par observation et l'apprenti écoute en reproduisant de manière mécanique les gestes de son patron censé disposé de moyens techniques, de compétences professionnelles et pédagogiques spécifiques même si elles sont souvent limitées. Lorsqu'il s'agit d'un métier dit de caste, et cela est valable encore de nos jours, seuls les jeunes issus du clan « casté » sont autorisés à rentrer en apprentissage dans le métier (exemple, la forge, la maroquinerie, le tissage, etc.). D'autres métiers introduits lors de la colonisation accueillent les jeunes de toutes les familles qui négocient une place d'apprentissage chez un patron, (maçonnerie, électricité, mécanique, etc.). Généralement analphabète, l'apprenti nigérien commence son itinéraire d'apprentissage à un âge se situant entre 7 à 8 ans auprès de son parent artisan ou un patron et évolue quasiment dans le secteur informel de production de biens et de services. Ce type de formation traditionnelle ne peut guère intégrer les exigences de la modernité industrielle et technologique ; dans notre ère nouvelle de techniques numérisées et de technologies multiples autant que diversifiées, la formation est un atout et un défi pour les pays en voie de développment mais pas seulement pour eux, comme le montrent les intérêts croissants des pays occidentaux pour la formation professionnelle, et spécialement dans l'Université. En raison de la situation ci-dessus décrite relative aux formations dispensées à travers les ateliers et sur les chantiers, et au regard de la forte contribution de l'artisanat au PIB du Niger, qui est de plus de 24%, deuxième contribution à l'économie nationale nigérienne, après celle de l'agriculture, qui apporte de 41% à 43% au PIB du Niger, selon les années de bonne pluviométrie (indications mentionnées dans le Plan de Développement Économique et Social, 2012-2015), une forte attention est donnée au secteur de la formation professionnelle par alternance. Les pouvoirs publics ont donc décidé depuis 1999 d'amorcer un développement du secteur à travers la modernisation de l'apprentissage par le biais d'un apprentissage mieux structuré et pris en charge de manière spécifique et adaptée. Ainsi, le gouvernement a jeté les bases juridiques nouvelles dnas le monde du travail, de la formation et de la professionnalisation par l'apprentissage par alternance afin de faciliter l'accès faciliter les financements du secteur pour favoriser davantage la création des PME et PMI au Niger. Contribuer à la modernisation de l'apprentissage des métiers par le biais d'un choix de type d'apprentissage adapté au contexte nigérien, produire et développer l'apprentissage par des choix judicieux de supports didactiques, la production d'outils d'accompagnement spécifiques, la diffusion de méthodes et de techniques pédagogiques appropriées et valider des processus de certifications spécifiques en vue d'une reconnaissance sociale des artisans, tels sont les attendus de notre recherche et les réponses pratiques que nous visons à travers nos démarches théoriques, nos enquêtes de terrain et la prise en compte des avancées pédagogiques et didactiques dans le champ de la formation professionnelle et technique. Nous essaierons de répondre à la problématique suivante :
Comment, et avec les moyens dont dispose le Niger et ses partenaires, peut-on amener l'apprentissage traditionnel à se moderniser selon les standards des sociétés industrielles globalisées? Et nous nous demanderons alors quel type de partenariat doit être mis en place dans le cadre de notre expérimentation en matière de formation professionnelle? Pour cela, nous ferons une revue de la littérature dans le secteur et établirons les modèles discutés par les experts du champ. Cette partie traitera, des types d'apprentissage dispensés en Europe et nous les comparerons au modèle nigérien, en analysant les forces, faiblesses et atouts de chacun des systèmes afin de présenter les résultats provisoires de nos enquêtes sur le terrain. Le modèle nigérien peut-il s'appeler « formation par alternance » par rapport aux standards internationaux actuels? Quels sont les effets induits par cette expérimentation dans le secteur, notamment, les acteurs et les bénéficiaires (une enquête de terrain est en cours d'exploitation) ? Nous présenterons alors le film sur l'apprentissage au Niger en vue de bien faire comprendre le contexte local, national, régional, tant culturel que politique, au sens large, et afin de mettre en perspective les hypothèses de recherche et les solutions qui seront émises.
ARTS << TOURISTIQUES >> en AFRIQUE et CONSOMMATEURS OCCIDENTAUX, le cas de l'Artisanat d'Arts du Niger, AUDREY BOUCKSON, 2009.
L'éducation permanente, "L 'alternance , au-delà du discours", parution n°190-2012-1
Ibid., "L' alternance :du discours à l'épreuve", parution n°193-2012-4
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