4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)

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Le récit de vie comme moyen de mesurer les effets d'une scolarité différente sur le devenir des anciens élèves : Un choix sociétal ?
Isabelle Pawlotsky  1@  
1 : Centre de recherche éducation et formation  (CREF)  -  Site web
Université Paris X - Paris Ouest Nanterre La Défense : EA1589
200 avenue de la république 92001 nanterre cedex -  France

L'objet de cette communication s'appuie sur une étude réalisée sur le devenir des anciens élèves de l'école nouvelle La Source, de Meudon. Créée en 1946 par Roger Cousinet et François Châtelain, l'Ecole Nouvelle La Source est un établissement privé non confessionnel qui propose un cursus scolaire complet, de la grande section de maternelle jusqu'au baccalauréat. S'affirmant comme l'héritier du Mouvement d'Education nouvelle, l'établissement a pour principe de mobiliser l'activité de l'élève tout en favorisant son épanouissement individuel et social, et privilégie dans cette perspective un certain nombre de compétences telles l'acquisition de l'autonomie, la responsabilisation, l'ouverture vers l'extérieur et le développement de l'expression et de la créativité.

La recherche, menée dans le cadre d'une thèse en sciences de l'éducation soutenue en juin 2015, visait à saisir ce que deviennent des enfants exposés pendant plusieurs années à une pédagogie différente. Ce travail de recherche s'appuie sur les travaux de Henri Peyronie[1] : Il s'agit d'identifier, sur le long terme, les traces d'une scolarité différente laissées dans la mémoire des individus, et de comprendre les liens éventuels entre ces traces et le devenir ultérieur des anciens élèves.

Notre choix de l'histoire orale, définie comme « une méthode, celle de l'enquête orale, fondée sur la collecte de témoignages parlés et enregistrés »[2], et plus particulièrement du récit de vie, s'est imposé comme moyen privilégié pour recueillir de la part des anciens élèves le récit de leur vécu dans l'établissement puis de leur itinéraire scolaire et professionnel. Nous nous sommes appuyés dans notre démarche sur la définition du récit de vie donnée par Daniel Bertaux[3], « un discours improvisé au sein d'une relation dialogique avec un chercheur qui l'a d'emblée orienté vers la description d'expériences pertinentes pour l'étude de son objet d'étude ».

L'objectif de l'enquête menée était de mettre en lumière, à travers l'étude et l'analyse croisée de trente-trois récits de vie recueillis auprès d'anciens élèves ayant accompli toute ou partie de leur scolarité à La Source entre 1978 et 1995, la singularité des parcours de vie, et d'identifier des processus communs, mais aussi des valeurs, des représentations constitutives d'une culture et d'une identité propres à la population interviewée.

Les principaux résultats de l'enquête ont montré que les anciens élèves de la Source ont développé un sentiment de confiance en soi, une autonomie et une conception de la réussite qui ont favorisé d'une part des parcours jalonnés de réorientations fréquentes et d'autre part l'esprit d'entreprise, le goût des responsabilités et la recherche de l'indépendance dans le travail.

Si il existe des études portant sur le devenir des anciens élèves issus d'écoles nouvelles, celles-ci s'intéressent essentiellement aux effets des pédagogies nouvelles en termes de performances scolaires ou professionnelle[4], ou à l'insertion des anciens élèves dans l'enseignement supérieur[5], et sont surtout de nature quantitative. Les travaux traitant cette question en privilégiant le récit de vie sont peu nombreux en France et relativement récents[6].

En partant de ce constat, cette communication se propose de développer une réflexion sur les facteurs externes qui nous ont conduit à faire le choix méthodologique de l'histoire orale et plus particulièrement du récit de vie comme moyen de mesurer les effets d'une scolarité différente sur le devenir des anciens élèves. Nous nous interrogerons sur les points suivants :

Comment expliquer que le récit de vie soit un mode d'investigation encore peu utilisé dans les études sur le devenir des anciens élèves issus d'établissements différents ? Quels sont les effets du contexte sociétal sur l'évolution de la production scientifique récente dans ce domaine et dans quelle mesure notre choix du récit de vie pour mesurer les effets d'une scolarité différente s'inscrit-il dans cette évolution ? A quels enjeux ce choix est-il lié ?


[1] Peyronie H. (1998) : Quelles traces de leur scolarité chez d'anciens élèves de classes Freinet ? Freinet 70 ans après, Presses universitaires de Caen.

[2] Frank M.T (1992). : Pour une histoire orale de l'éducation en France depuis 1945, Histoire de l'éducation n°53, janvier 1992, INRP.

[3] Bertaux D. (2010) : Le récit de vie. Paris : Armand Colin.

[4] Bosse F. (1989) : Étude statistique auprès des anciens élèves des lycées expérimentaux, Mémoire de DEA de sociologie. Université de Nantes.

[5] Shankland R (2007) : Adaptation des jeunes à l'enseignement supérieur - Les pédagogies nouvelles : Aide à l'adaptation ou facteur de marginalisation ?, Thèse de Doctorat de Psychologie clinique et de Psychopathologie sous la direction de M. Ionescu, Université Paris VIII.

[6] Bergeron P. (2013). Ancien - nes élèves du Lycée Pilote Innovant : trajectoires et constructions identitaires. Thèse de Doctorat sous la direction de MA. Hugon, Université Paris-Ouest Nanterre.

 

Références bibiliographiques :

- Bertaux D. (2010) : Le récit de vie. Paris : Armand Colin.

- Houlon J. et Cibois P. (2007) : La Source, école de la confiance. Paris : Fabert.

- Peyronie H. (1998) : Quelles traces de leur scolarité chez d'anciens élèves de classes Freinet ? Freinet 70 ans après : Presses universitaires de Caen.


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