4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)

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La solitude, un sentiment enveloppant pour penser l'étrange. Les coordonnateur/trices d'Ulis parlent de leur expérience auprès des collégiens en situation de handicap mental
Konstatinos Markakis  1, *@  
1 : Centre de recherches éducation et formation - équipe savoir, rapport au savoir et processus de transmission.  (CREF - équipe SRSPT)  -  Site web
Université Paris X - Paris Ouest Nanterre La Défense
200 av de la République 92001 Nanterre Cedex -  France
* : Auteur correspondant

Se sentir seul dans un groupe peut, entre autres, signifier se sentir sujet distinct dans un groupe ; il s'agira de cette dimension de la solitude, relevée de l'analyse du discours portant sur la situation pédagogique auprès des élèves en situation de handicap mental, que nous allons tenter d'associer au concept de l'enveloppe psychique.

Dans une approche clinique d'orientation psychanalytique, telle qu'elle a été défendue par C. Blanchard Laville, P. Chaussecourte, F. Hatchuel et B. Pecheberty, (2005) je m'intéresse à une des missions des coordonnateurs/trices d'Ulis (Unité localisée pour l'inclusion scolaire) qui consiste en l'accueil et l'accompagnement personnalisé des élèves, atteints de troubles des fonctions cognitives et/ou mentales, au sein du collège. Dans ce cadre, les coordonnateurs/trices, issu-e-s le plus souvent de l'enseignement du premier degré, se trouvent dans une situation pédagogique avec un groupe très diversifié ; ils/elles sont censé-e-s explorer les problématiques dans les apprentissages qui sont plus ou moins inconnues ; aussi semble-t-il qu'ils/elles oscillent entre plaisir et souffrance – pour reprendre l'expression de C. Blanchard Laville (2001).

 A partir de la méthode de l'entretien clinique de recherche en sciences de l'éducation (C. Yelnik : 2005), je recueille et j'analyse le discours des coordonnateurs/trices sur leur expérience. Afin de pouvoir approcher cette situation pédagogique, j'ai pris à la fois appui sur les éléments de mon contre-transfert de chercheur (G. Devereux : 1980) – en élaborant entre autres ma posture d'étranger à l'école française – et sur la notion du rapport au savoir, tel que J. Beillerot (1996) l'a défini. Ainsi, j'ai proposé la notion du « rapport à l'étrange », c'est-à-dire une situation dans laquelle le sujet ne sait pas comment faire, mais où il aimerait bien savoir (ou pense qu'il devrait savoir) ; une situation où le sujet peut trouver à la fois du plaisir et du déplaisir et qui réveille à la fois le désir d'explorer et la peur d'y rester. Dans cette perspective, j'ai fait le lien entre la situation étrange et le concept freudien de l'inquiétante étrangeté (S. Freud : 1919), l'inconnu qui réveille des angoisses familières, en me demandant ce qui soutient finalement le sujet dans cette situation.

 En partant alors d'un matériel issu du dispositif de l'entretien clinique, je voudrais ici proposer une hypothèse selon laquelle le sentiment de solitude peut concerner des moments ou des périodes de discontinuité avec le monde entourant qui permettent au sujet de vivre et de penser l'étrange de façon à ce qu'un remaniement des étayages internes, au sens de F. Hatchuel (2012), puisse soutenir le professionnel dans sa situation. Par ce bais, on peut envisager un lien entre le concept d'enveloppe psychique (D. Houzel : 2005) et la littérature scientifique, appuyée sur le célèbre texte de D. W. Winnicott (1969), portant sur la solitude.

Mots clefs : approche clinique d'orientation psychanalytique, élèves en situation de handicap, sentiment de solitude, enveloppe psychique, coordonnateurs/trices d'Ulis.

Bibliographie

Beillerot J. (1996). Note sur le modus operandi du rapport au savoir. In Beillerot J., Blanchard Laville C., Mosconi N. (dir.). Pour une clinique du rapport au savoir. Paris : L'Harmattan, p. 145-158

Blanchard Laville C. (2001). Les enseignants entre plaisir et souffrance. Paris : PUF

Blanchard Laville C., Chaussecourte P., Hatchuel F., Pechberty B. (2005). Note de synthèse : Recherches cliniques d'orientation psychanalytique dans le champ de l'éducation et de la formation. Revue française de pédagogie, v. 151, p. 111-162

Devereux G. (1980). De l'angoisse à la méthode dans les sciences du comportement. Paris : Flammarion

Freud, S. (1919). L'inquiétante étrangeté et autres essais. Traduit de l'allemand par Bertrand Féron. Paris : Gallimard, 1985.

Hatchuel F. (2012). Soutenir le travail : une posture psychique face au chaos. Connexions, n. 97, p. 119-135

Houzel D. (2005). Le concept d'enveloppe psychique. In Press : Paris

Yelnik C. (2005). L'entretien clinique de recherche en sciences de l'éducation. Recherche et Formation, n. 50, p. 133-146

Winnicott D.-W. (1969). La capacité d'être seul. In De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris : Payot, p. 325-333

 Thème transversal

En cohérence avec la démarche clinique d'orientation psychanalytique dans laquelle s'inscrit mon travail, je considère que nos questions de recherche son au moins en partie issues de notre histoire personnelle. Un travail d'alboration est donc nécessaire pour conscientiser ces liens (voir Devereux 1980). Je 'efforcerai d'en rendre compte en montrant notamment comment la question de la solitude résonne dans mon histoire personnelle.


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