4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)

Outils de recherche > Chercher une contribution par auteur > El Boudamoussi Samira

Dans quelle mesure l'adoption d'une conception sécularisée de la science par des élèves musulmans de Belgique et du Maroc dépend-elle, plus largement, de leurs conceptions en matière de sécularisation ?
José-Luis Wolfs  1@  , Soumia Kharbouch  2, *@  , Manon Verloot  2, *@  , Coralie Delhaye  2, *@  , Samira El Boudamoussi  3, *@  
1 : Université libre de Bruxelles, Centre de recherche en sciences de l'éducation
2 : Universite Libre de Bruxelles
3 : Maison des Sciences de l'Homme Paris
Maison des Sciences de l'Homme de Bretagne, Maison des Sciences de l'Homme de Paris
* : Auteur correspondant

Sympoisum: Sciences, cultures, sociétés

 Résumé :

De nombreuses recherches montrent un rejet de la théorie de l'évolution, par des professeurs ou des élèves, au nom de motifs religieux (Clément, 2014), et plus largement aussi le rejet d'une conception « sécularisée » de la science, basée sur le principe de l'autonomie du registre explicatif scientifique à l'égard des croyances religieuses. Or, il s'agit là d'un des principes clés de la science dite « moderne », telle qu'elle s'est développée à partir du 17e s (Galilée...).

Ce constat soulève plusieurs questions : quels sont les facteurs qui influencent l'adoption ou non-adoption, notamment par des élèves, d'une conception sécularisée de la science ? Plusieurs facteurs peuvent intervenir : leurs convictions personnelles en matière de religion, le contexte sociétal et ses caractéristiques en matière de sécularisation, les conceptions de la science véhiculées à l'école, en particulier dans les matières scientifiques, etc. On peut aussi se demander dans quelle mesure l'adoption d'une conception sécularisée de la science ne serait-elle qu'un cas particulier d'un phénomène plus global d'adoption d'une conception sécularisée pouvant s'appliquer à d'autres champs (politique, sociologique, etc.). Pour prendre des exemples volontairement caricaturaux, pourrait-on adopter une conception sécularisée de la science et au même temps prôner des conceptions théocratiques en matière politique ? Ou au contraire, adhérer à l'idée d'une conception sécularisée du fonctionnement de la société, caractérisée notamment par une indépendance de l'Etat et des institutions publiques à l'égard du religieux, une « différenciation des sphères de l'existence » (Dasseto, 2014, p.57), une « privatisation » du religieux (Vincent, 2014) et au même temps avoir une conception non-sécularisée de la science ? Dans quelle mesure ces différents aspects relatifs à la sécularisation interagissent-ils ou au contraire sont-ils indépendants ?

Pour apporter quelques éléments de réponse à ces vastes questions, la présente recherche visera à déterminer auprès d'élèves musulmans de classes terminales, à la fois dans un pays largement sécularisé (la Belgique) et dans un pays moins sécularisé (le Maroc), quelles sont les relations entre le fait d'adopter ou non une conception sécularisée de la science et leurs opinions en matière de sécularisation de la société. Les deux échantillons comprendront chacun entre 50 et 100 élèves. Ces derniers répondront à deux questionnaires à questions fermées, l'un portant sur leurs conceptions sécularisées ou non-sécularisées de la science et l'autre sur leurs opinions en matière de sécularisation de la société. En outre, pour les élèves de l'échantillon belge, des entretiens qualitatifs plus approfondis seront également réalisés auprès d'une vingtaine d'élèves, dans une visée compréhensive. (La même démarche pourrait bien sûr être envisagée dans un second temps pour le Maroc.)

Regard réflexif sur les questions de recherche: Enjeux et contextes sociétaux. En référence en particulier à l'actualité (montée des fondamentalismes et des radicalismes), il s'agira de s'interroger sur le rôle que l'école, et l'enseignement des sciences plus particulièrement, pourraient jouer dans ce contexte.

Références :

Clément, P. (2014). Les conceptions créationnistes d'enseignants varient-elles en fonction de leur religion ? Education et société, 33, 113-136.

Dasseto, F. (2014). Religions, sociétés, Etats : un nouvel équilibre à trouver dans un contexte confus, in Cabiaux, D., Wibrin, F., Abedinaj, L., Blésin, L. Neutralité et fait religieux – Quelles interactions dans les services publics. Louvain-la-Neuve, Academia-L'Harmattan

Vincent, G. (2003), Le concept de sécularisation : perspectives historiques et critiques, Eduscol (Portail national des professionnels de l'éducation), http://eduscol.education.fr/cid46657/le concept de sécularisation, consulté le 09-09-2014.

 

 


Personnes connectées : 1