4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)

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Modèles de stage en Espagne: du travail gratuit et précaire à l'apprentissage pour l'employabilité.
Arturo Lahera Sanchez  1@  , Carlos De Castro, Maria Arnal, Juan Carlos Revilla@
1 : Facultad de Sciencias Politicas y Socilogia - Universidad Complutense - Madrid

Une question importante émerge dans les débats sur l'insertion professionnelle des jeunes, celle de l'interrelation entre la formation et le travail. Les stages proposés aux jeunes diplômés par différentes organisations sont envisagés comme une solution pour faciliter l'intégration de ces deux champs, habituellement écartés l'un de l'autre. Cependant, la gestion de ces dispositifs tend à faciliter l'utilisation de jeunes étudiants comme main d'œuvre à bas coût par les compagnies, qui ne respectent pas les conditions de formation.

En Espagne, le chômage des jeunes est resté très élevé pendant plus de trente ans ; il atteignait 55,8% en 2014. Au cours de cette période, l'insertion des jeunes dans l'emploi a reposé sur le développement de dispositifs de recrutement atypiques, non encadrés par des contrats de travail et échappant donc à la législation du travail. Dans ce contexte, l'offre de stages a augmenté, depuis 2008, sous plusieurs modalités.

La recherche présentée ici1 a évalué les conditions d'emploi et de travail des stagiaires dans quatre secteurs d'activités: hôtels, ingénierie, journalisme digital et bénévolat. Vingt cinq entretiens approfondis ont été conduits avec des stagiaires de ces secteurs et des responsables de ressources humaines. Des entretiens collectifs ont été organisés avec des syndicalistes, des responsables de formations universitaires, des associations professionnelles, des juges du travail et des représentants de mouvements sociaux.

Les résultats de l'analyse en Espagne ont permis de définir trois modèles de stages :

  • Modèle « exploitation sans formation » : stages non rétribués, sans protection sociale et aucun apprentissage pratique : leur fonction est la substitution du travail gratuit à l'emploi salarié et la réalisation de tâches non-qualifiées.

  • Modèle de « formation faible » : stages avec un faible salaire (servant notamment à couvrir les frais de transport et d'alimentation, même une toute petite rétribution), pas de formation pour améliorer ses compétences, mais un apprentissage informel à partir de la réalisation de tâches à qualification faible d'une façon autonome (secteur de l'hôtellerie).

  • Modèle « d'insertion-formation avancée » : intégration dans les entreprises avec des rétributions acceptables, à des postes de qualification adéquate et avec une formation pratique systématique de spécialisation (compagnies d'ingénierie).

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    Finalement, cette recherche confirme l'augmentation de l'usage des stages au cours de la dernière période de crise et sa contribution à la dégradation des conditions de vie de la jeunesse, qui se trouve massivement confrontée à un nouveau « précariat ».

    1 Cette recherche a été menée dans le cadre d'un projet européen.

    Bibliographie

    - European Commision (2012): Study on a comprehensive overview on traineeship arrangements in Member States. Directorate-General for Employment, Social Affairs and Inclusion.

    - European Youth Forum (2013): European Quality Charter on Internships and Apprenticeships.

    - Perlin, R. (2011): Intern Nation: How to Earn Nothing and Learn Little in the Brave New economy,

    New York: Verso.

     

     


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