4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)

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La mise en récit de l'expérience scolaire comme outil de prévention des discriminations
Massouma Sylla  1@  
1 : Docteur en Sciences de l'éducation - Laboratoire ÉMA EA 4507, Université de Cergy-Pontoise
Université de Cergy-Pontoise

Cette communication s'intéressera aux enfants qui sont catégorisés par les étiquettes sociales et scientifiques comme membres d'une minorité ethnique. Différents travaux montrent que les enfants français d'origine africaine subsaharienne sont d'abord perçus dans les différents espaces de socialisation et notamment l'école, à travers l'extranéité de leurs parents, c'est-à-dire comme étant les enfants des immigrés venus d'Afrique subsaharienne (Sayad, 2014). Étant donné que leur expérience scolaire est intrinsèquement liée aux conditions sociales et au caractère immigré de leurs parents, ils sont plutôt perçus comme les enfants français d'origine africaine subsaharienne que comme des élèves français d'origine africaine subsaharienne (Sylla, 2015).

L'étude a privilégié comme population cible les descendants des africains originaires de la vallée du fleuve Sénégal (Mali, Sénégal, Mauritanie) car il s'agit de l'une des premières immigrations d'Afrique noire en France et il existe des liens historiques avec le pays d'accueil. Par ailleurs, l'échantillon est composé de familles supposées être éloignées du capital culturel scolaire en raison de leurs origines sociales et culturelles. La méthodologie s'appuie sur la méthode biographique (Ferrarotti, 1990 ; Delory-Momberger, 2003) et approche le vécu scolaire des enfants d'immigrés afin de comprendre leur scolarisation de l'intérieur. Le corpus est composé d'entretiens non directifs menés pendant trois ans auprès de deux garçons et trois filles, français d'origine africaine subsaharienne âgés de 20 à 27 ans étant issus d'un milieu populaire et vivant dans la banlieue parisienne. Bien que nous nous intéressons à la réussite scolaire nous avons également voulu entendre des jeunes ayant été ou étant en échec scolaire pour pouvoir comparer les différents parcours. La mise en récit de leur expérience a permis de reconstruire leur cursus scolaire et de prendre en compte les influences qui se sont exercées à des moments déterminants. L'analyse a permis d'identifier un élément particulier qui permet d'aborder la scolarité des enfants français d'origine africaine subsaharienne sous un angle original, l'apport du capital ethnique (Juteau, 1999, p. 98). En effet, les expériences scolaires de réussite ou d'échec de nos témoins, mettent à jour un capital social ethnique favorisant ou non la réussite scolaire. Ainsi, nous avons pu repérer les éléments du capital social ethnique qui constituent un atout pour lutter contre les facteurs sociaux et économiques qui inscrivent les enfants issus de l'immigration africaine subsaharienne disposent dans un destin d'échec. Les analyses des parcours scolaires de ces jeunes constituent de véritables analyses sociétales permettant à la compréhension de la forme scolaire dans une société pluriethnique.

Cette communication vise donc à montrer le rôle préventif dans les discriminations ethnoraciales de la mise en récit des représentations subjectives de leurs parcours scolaires par les enfants français d'origine africaine subsaharienne. 

Mots-clés : français d'origine africaine subsaharienne, capital social ethnique, minorité ethnique, réussite scolaire

Références bibliographiques 

  • Delory-Momberger, C. (2003). Biographie et Éducation. Figure de l'individu-projet. Paris : Anthropos.
  • Ferrarotti, F. (1990). Histoire et histoires de vie. La méthode biographique dans les sciences sociales. Paris : Méridiens Klincksieck.
  • Delory-Momberger, C. (2003). Biographie et Éducation. Figure de l'individu-projet. Paris : Anthropos.
  • Juteau, D. (1999). L'ethnicité et ses frontières. Montréal : Presses de l'Université de Montréal.
  • Sayad, A. (2014). L'école et les enfants de l'immigration. Essais critiques. Paris : Seuil.
  • Sylla, M. (2015). La scolarité des enfants français d'origine africaine subsaharienne : entre facteurs de réussites atypiques et échecs scolaires massifs. Thèse de doctorat soutenue le 5 novembre 2015, sous la direction de Béatrice Mabilon-Bonfils.
  • Sylla, M. (2015). À l'école de l'ethnicité : la réussite atypique des enfants français d'origine africaine subsaharienne, Le sujet dans la cité- Être à l'école aujourd'hui. Citoyenneté, pluralité, mondialisation. N°6/2015.

Sayad, A. (2014). L'école et les enfants de l'immigration. Essais critiques. Paris, France : Seuil. 



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