Outils de recherche > Chercher une contribution par auteur > Buhot Eric

L'injonction à inscrire le travail des enseignants et à définir leurs missions élargies dans un cadre toujours plus collectif, est l'un des traits les plus marquants et récurrents des politiques éducatives de ces dernières décennies. Six items du questionnaire construit à partir du référentiel de compétences métier sont associés à cette dimension. Alors que la première enquête réalisée en 2007 montrait une forte adhésion à cette conception du métier, les scores observés lors d'une seconde passation en 2012 attestaient d'un net recul, que nous avions largement imputé à la mastérisation de la formation initiale. L'enquête de 2015 révèle des tendances contrastées, qui confirment le décrochage concernant l'importance accordée à l'implication dans des collectifs formels, alors que les scores relatifs aux collaborations plus informelles entre enseignants repartent nettement à la hausse. Le rang occupé par les items de ce domaine sur les 30 du questionnaire, remarquablement stable entre 2007 et 2012 est remis en question en 2015 dans un sens qui confirme ce clivage. L'Analyse Statistique Implicative met cependant en évidence le rôle particulier que continuent à jouer certains de ces items, les moins plébiscités du panel, dans les réseaux structurés de réponses.

Ces résultats posent question quant à l'impact de la formation initiale sur la transformation des représentations relatives à ces dimensions nouvelles du métier et sur la construction des compétences qui y sont associées. Au-delà de l'hypothèse d'un décalage entre discours tenu au sein des ESPE sur la nécessaire dimension collective du travail enseignant et des pratiques de formation intégrant insuffisamment cette dimension, nous sommes conduits à nous interroger sur l'impact des stages en responsabilité, en postulant cette fois un décalage entre discours institutionnel relayé au sein des ESPE et pratiques réelles observées et vécues sur le terrain. Les scores contrastés observés révèleraient alors tant la difficulté des stagiaires à s'intégrer dans les établissements dans le cadre de l'alternance, que les difficultés du terrain à faire fonctionner les collectifs formels de façon satisfaisante.

Regard réflexif sur la question de recherche : comprendre pour proposer

Centrée initialement sur l'observation des effets des réformes successives de la formation initiale, l'analyse des résultats de cette catégorie d'items nous incite à interroger les pratiques des formateurs. L'enjeu est alors de susciter une prise de conscience visant, au delà des discours tenus, une intensification des pratiques collectives des futurs enseignants à travers les différents dispositifs de la formation initiale.

Références bibliographiques :

Barrère, A. (2002). Les enseignants au travail. Routines incertaines. Paris : L'Harmattan.

Lessard, C. (2000). Evolution du métier d'enseignant et nouvelle régulation de l'éducation. Recherche et Formation, 35, 91-116.

Dupriez, V. (2010). Le travail collectif des enseignants : au-delà du mythe. Travail et formation en éducation, n°7, disponible en ligne http://tfe.revues.org/1492

Marcel, J.-F. (2006). Le collectif d'enseignants : explorations théoriques et empiriques d'un nouvel acteur des systèmes éducatifs. Formation et pratiques d'enseignement en questions, 5, 85-99.

Marcel, J.-F., Dupriez, V., Périsset Bagnoud, D. & Tardif, M. (2007). Coordonner, collaborer, coopérer : de nouvelles pratiques enseignantes. Bruxelles : De Boeck.