Outils de recherche > Chercher une contribution par auteur > Gaulot Céline

Le traitement du handicap et la place des personnes handicapées a varié selon les époques (Stiker 1982 ; Ebersold 1992). Actuellement, dans la lignée des droits de l'homme, les politiques nationales et internationales tendent à promouvoir l'égalité pour tous les hommes et la lutte contre les discriminations se concrétise par des politiques publiques actives, dans la plupart des pays.

Dans le domaine de l'éducation, le concept d'inclusion est avalisé à la Conférence de Salamanque (UNESCO 1994), et sa mise en œuvre est décrite comme « une réforme qui appuie et accueille favorablement la diversité de tous les apprenants » (UNESCO 2001) mais de par la diversité des différents pays, la concrétisation est différente. La définition même de ce qu'est l'inclusion est sujette à de multiples interprétations, qui vont traduire par des mises en œuvre différentes selon les pays, (Ainscow et Miles 2008), engendrant quelquefois une discrimination ou produisant de l'exclusion (Barry 2014).

Le collège est un lieu essentiel dans la construction identitaire des élèves adolescents, en particulier de par les interactions sociales qui s'y produisent. Elles permettent aux adolescents de se construire, dans une identité personnelle (marquée par l'estime de soi, l'empathie etc.) dans un projet .Les enseignants participent à ce processus en général et par l'inclusion avec les élèves en situation de handicap. Les représentations du handicap et de l'inclusion des enseignants (influencées peut être par les politiques ASH) mais aussi leur pratique vont influer sur cette construction identitaire en favorisant ou non l'émergence et/ ou la concrétisation d'un projet dans lequel l'adolescent va pouvoir s'engager, à travers des pratiques. Nous faisons l'hypothèse que ces pratiques seront différentes selon que le handicap de l'élève est visible ou invisible.

Afin d'étudier ces différents aspects (représentations du handicap, pratiques d'inclusion, construction individuelle et interactionnelle des adolescents en situation de handicap) et les mettre en relation, nous nous appuyons sur une analyse systémique, qui comprendra les niveaux d'analyse suivants : le macro-système (traduction des instructions officielles dans la politique et la pratique d'inclusion prônée par l'établissement) ; le contexte (réalité des pratiques et des représentations enseignantes quant à la scolarisation des élèves handicapés) ; le niveau des pairs (par une approche sociométrique, évaluer la place accordée par les pairs aux élèves handicapés), et enfin, le niveau individuel (par l'étude de cas de plusieurs adolescents handicapés). Ainsi, la méthodologie de base est systémique, l'approche est comparative (comparaison Handicap visible/Handicap Invisible), les niveaux d'analyse seront quantitatifs d'une part (Pratiques d'inclusion, représentations du handicap ), et qualitative d'autre part (Construction individuelle et interactionnelle des élèves en situation de handicap, 2 élèves en situation de handicap à dominante visible, 2 élèves en situation de handicap à dominante invisible, scolarisés en 5ème et 4ème ).

Dans un premier temps, nous cherchons à définir précisément ce que recouvre la distinction Visible ou Invisible, en proposant à des experts de se prononcer sur les caractéristiques des handicaps définis par les classifications internationales. Cette démarche nous a alors permis de sélectionner des élèves correspondant aux critères révélés.

 Dans l'état actuel de notre recherche apparaissent des éléments prégnants qui vont dans le sens de nos hypothèses. Ainsi, les observations et entretiens avec les enseignants montrent que l'aspect visible ou invisible du handicap peut influencer les pratiques d'inclusion des élèves en situation de handicap. La dimension du développement des adolescents reste à approfondir.

 Néanmoins, la variation des approches pédagogiques et des représentations du handicap des enseignants selon la dominance visible ou invisible du handicap nous renvoie à des zones archaïques de la perception de l'autre dans son altérité qui semblent irréductibles sans une formation spécifique et spécialisée.