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A l'université, l'autonomie des étudiants est un prérequis pour réussir. Mais cette autonomie requiert des compétences qui n'ont pas nécessairement été incorporées par tous. Son sens s'apparente alors à une capacité à se débrouiller (Linard, 2000). Ceux qui n'y ont pas été préparés se trouvent disqualifiés sans trouver de ressources institutionnelles d'accompagnement. Il peut en résulter des effets destructeurs : l'angoisse de devoir répondre à des attentes difficilement perçues et comprises, une diminution de l'estime de soi, etc. Les étudiants les moins intrinsèquement motivés par un projet de construction intellectuelle et personnelle sont tentés d'adopter des stratégies de contournement et la norme de travail la plus basse, car leur principal objectif est d'abord d'obtenir la moyenne, de survivre.

Le défaut d'accompagnement du travail universitaire est relevé par Paquelin (2015). Les principales difficultés des étudiants procèdent de leur inexpérience du travail universitaire, d'une charge de travail trop importante et d'une difficulté à comprendre les consignes et y répondre de façon efficiente. Nous avons également relevé une critique récurrente des étudiants à propos des évaluations. Ils déplorent généralement de ne pas avoir assez de commentaires sur leur travail qui pourraient leur être profitables. En contrôle continu, lorsqu'il y a un bilan, nous avons remarqué qu'il est le plus souvent synthétique et collectif, rarement individuel. En contrôle terminal, les étudiants expriment une grande difficulté à obtenir des commentaires formateurs sur ce qu'ils auraient pu faire de mieux.

Notre démarche s'inscrit dans un projet de recherche collective qui comprend des expérimentations de co-construction de cours en licence et master sciences de l'éducation. Avec notre participation et nos observations, nous mènerons des entretiens avec des étudiants et des enseignants pour comprendre l'expérience de chacun et dégager des propositions pour que le travail étudiant soit l'occasion d'un processus de subjectivation (Foucault, 2001).

Les questions pragmatiques qui orienteront notre recherche sont les suivantes :

Comment faire concorder, dans les cours et les modalités d'évaluation, le projet de société de l'université, les intentions des enseignants et le désir de chaque étudiant ? Comment leur donner la possibilité de faire preuve de ce dont ils sont capables ? Comment faire en sorte que les évaluations ne soient pas des obstacles à franchir, mais des conditions propices à la créativité, à se faire auteur du développement de soi de manière cohérente avec les trajectoires choisies de chaque étudiant ? Comment permettre aux étudiants d'adopter des stratégies d'apprentissage plutôt que des stratégies d'examen ? (Albero & Poteaux, 2010). Comment mettre en œuvre les conditions qui permettent aux étudiants de ne pas s'assujettir à une norme, mais d'entrer dans un processus de développement éthique, un souci de soi (Foucault, 2001) actif et créatif ?

Regard réflexif : Qu'est-ce qu'implique de se poser la question de la subjectivation à l'université ? Nous nous interrogerons sur les enjeux de cette question et sur le processus de subjectivation des chercheurs qui construisent coopérativement une démarche de recherche.

Références bibliographiques

Albero, B., & Poteaux, N. (Éd.). (2010). Enjeux et dilemmes de l'autonomie: une expérience d'autoformation à l'université : étude de cas. Paris: Éditions de la Maison des sciences de l'homme.

Foucault, M. (2001). L'Herméneutique du sujet : Cours au Collège de France. Paris: Gallimard, Seuil.

Linard M. (2000). L'autonomie de l'apprenant et les TIC. Dans Présence à distance : actes des Deuxièmes Rencontres Réseaux Humains / Réseaux Technologiques (pp. 41-49). Poitiers : Université de Poitiers, Maison des Sciences de l'Homme et de la Société, CRDP de Poitiers.

Paivandi, S. (2015). Apprendre à l'université. Louvain-la-Neuve: De Boeck supérieur.

Paquelin, D. (2015). Attentes et pratiques d'apprentissage des étudiants dans l'enseignement supérieur français. Bordeaux : université Bordeaux Montaigne [à paraître].