4-7 juil. 2016 Mons (Belgique)

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Le contre-transfert du chercheur : une source de connaissance sur l'objet de recherche
Marc Guignard  1@  
1 : Education Discours Apprentissages  (EDA)  -  Site web
Université Paris V - Paris Descartes : EA4071
45, rue des Saints Pères 75270 Paris Cedex 06 -  France

Cette communication se propose de rendre compte d'une recherche en cours dans le cadre d'une thèse en sciences de l'éducation. Celle-ci s'inscrit dans le courant des sciences de l'éducation soutenant une approche clinique d'orientation psychanalytique en sciences de l'éducation (Blanchard-Laville, C., Chaussecourte, P., Hatchuel, F., & Pechberty, B., 2005), et se propose d'analyser le transfert didactique d'enseignants de mathématiques débutants.

Après avoir resituer le cadre théorique de ma recherche et la notion de transfert didactique, je me propose de communiquer comment, lors du travail d'un entretien clinique de recherche faisant partie de mon corpus, mes questions de recherche et ma méthodologie ont été amenées à évoluer suite aux élaborations de mes mouvements transféro-contre-transférentiels de chercheur.

 

Dans le cadre d'une approche clinique d'orientation psychanalytique en sciences de l'éducation, il est fait l'hypothèse que les phénomènes psychiques inconscients (au sens freudien) existent et agissent dans la situation d'enseignement. La notion de transfert didactique, a été proposée par Claudine Blanchard-Laville (1997), pour caractériser la façon dont un enseignant modèle l'espace psychique de la classe. Comme nous l'indique C. Blanchard-Laville, s'intéresser au transfert didactique d'un enseignant nécessite de prendre en compte deux types de liens que l'enseignant établit dans une séance de cours. D'une part, son lien aux élèves et d'autre part, son propre rapport au savoir enseigné. Comme le suggère Philippe Chaussecourte (2014b) les pratiques déclarées de l'enseignant, telles celles qui résulteraient d'un entretien, seraient insuffisantes pour appréhender ce transfert didactique. J'ai donc mis en place, en plus d'entretiens cliniques, des observations de séances de cours de mathématiques afin d'avoir accès aux pratiques effectives et à des éléments non-verbaux.

D'autre part dans le cadre d'une telle approche clinique d'orientation psychanalytique en sciences de l'éducation, le contre-transfert du chercheur (Devereux, 1980) est explicitement pris en considération à la fois comme manière de travailler la subjectivité du chercheur mais également comme outil de connaissance.

 

Cette communication prendra appui sur deux extraits du corpus de recherche : un extrait d'entretien clinique de recherche (Yelnik, 2005) et une vignette évoquant une observation « ultra-clinique » d'un enseignant de mathématiques (au sens de Chaussecourte (2014a))

Dans un premier temps, je souhaiterai indiquer comment, à travers l'analyse d'un extrait du corpus de la thèse (un extrait d'entretien clinique de recherche), le travail d'élaboration autour d'éléments transféro-contre-transférentiels, a conduit l'auteur de la communication à revisiter sa méthodologie et à modifier l'objet même de sa recherche celui-ci évoluant des enseignants débutants aux débuts de carrière des enseignants.

D'autre part l'élaboration des affects qui m'ont traversé lors des observations de cours, notamment autour de la place et de la solitude, me semble m'avoir permis d'accéder à une dimension du début de carrière des enseignants débutants, que j'avais jusqu'alors ignorée.

 

Ainsi puisque l'appel à contribution invite les communicants à s'interroger sur les questions auxquelles nous cherchons réponse, je souhaite décliner cette interrogation de manière clinique en une série de deux autres qui me semble lui être liées : « à quelles réponses cherchons nous une question ? » mais aussi « à quelles questions ne voulons nous pas répondre ? ». Il s'agit d'indiquer en quoi, dans le cadre d'une recherche s'inscrivant dans une démarche clinique en sciences de l'éducation, l'élaboration du contre-transfert du chercheur peut se révéler être un processus conduisant non seulement à se ressaisir des questions de recherches mais également à amener à en formuler de nouvelles.

 

Blanchard-Laville, C., Chaussecourte, P., Hatchuel, F., & Pechberty, B. (2005). Recherches cliniques d'orientation psychanalytique dans le champ de l'éducation et de la formation. Revue française de pédagogie, 151(1), 111-162.

Blanchard-Laville, C. (1997). L'enseignant et la transmission dans l'espace psychique de la classe. Recherches en Didactique des Mathématiques, 17(3), 151-176.

Chaussecourte, P. (2003). Observation clinique en sciences de l'éducation : microanalyses et observations directes de pratiques d'enseignant(e)s de mathématiques (thèse de doctorat en sciences de l'éducation). Université paris x.

Chaussecourte, P. (2014a). Une observation clinique d'orientation psychanalytique des pratiques enseignantes, dans L. Numa-Bocage, J-F Marcel et P. Chaussecourte (coord.), De l'observation des pratiques enseignantes. Recherches en Éducation, 19, 63-81.

Devereux, G. (1980). De l'angoisse à la méthode dans les sciences du comportement. Paris : Flammarion

Yelnik, C. (2005). L'entretien clinique de recherche en sciences de l'éducation. Recherche et formation, 50, 133-146


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